"La discussion n'est pas fructueuse" : des députés craignent une nouvelle séquence chaotique à l'Assemblée nationale lors de l'examen du budget de la Sécurité sociale

Alors que l'Assemblée a entamé l'examen du budget de financement de la Sécurité sociale, des députés redoutent de produire de nouveaux débats confus, épuisants et non productifs.
Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'Assemblée nationale, le 28 octobre 2024, alors que débute l'examen du budget de financement de la Sécurité sociale. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Les députés examinent en séance publique le budget de la Sécurité sociale (PLFSS) depuis 16 heures lundi 28 octobre. Les discussions sur le budget, la semaine dernière, s'étaient déroulées dans des conditions difficiles, entre l'absence de nombreux élus du socle commun et des amendements votés avant que l'article global ne soit finalement rejeté. Conséquences : les débats sont devenus illisibles et durs à suivre. Et cette pagaille parlementaire risque de reprendre cette semaine.

Des débats redoutés

Les députés à l'Assemblée partagent la même crainte : une nouvelle séquence de débats brouillons et éreintants. Le macroniste Mathieu Lefèvre est un peu lassé. "L'Assemblée nationale est devenue illisible, elle est devenue un réceptacle de contraires", confie-t-il, tout en refusant de parler de crise parlementaire à ce stade. "Je ne sais pas si on est dans une crise parlementaire. En tout cas, on est dans un moment parlementaire où la discussion n'est objectivement pas fructueuse à la fin."

"J'ai connu des temps où l'Assemblée nationale pouvait vraiment agir sur les textes et avoir une plus-value, malheureusement aujourd'hui ce n'est plus le cas".

Mathieu Lefevre, député EPR

à franceinfo

Alors à qui la faute ? La députée macroniste Prisca Thevenot estime que les difficultés viennent de la configuration inédite de l'Assemblée. "L'Assemblée nationale aujourd'hui est tripartite. Quand le NFP et le RN se serrent la main, ils écrasent le débat. Sur le concours du buzz et de l'ego, les extrêmes, quand ils s'allient, ont le dernier mot."

L'ombre du 49.3

Le socle commun accuse les oppositions de tromper les Français en communiquant à outrance sur des votes d'amendements au projet de loi de finances ou au budget de la Sécurité sociale, qui de toute façon ne survivront pas à un inévitable recours au 49 3. Une position assumée par le RN Phillipe Ballard. "C'est le jeu parlementaire. Effectivement, on a beaucoup communiqué sur la suppression de la hausse des taxes sur l'électricité. Mais effectivement s'il y a un 49.3 ou s'il y a après la navette avec le Sénat le rétablissement de toutes ces mesures, ce sera peine perdue".

Pas question pour autant de partir battu d'avance, estime la socialiste Christine Pires Beaune : "C'est aussi un moyen de mettre la pression au gouvernement pour qu'il garde l'amendement dans le 49.3. On se bat avec les armes qu'on a". La députée s'inquiète en revanche de l'effet de ces débats confus sur l'opinion publique.

"Ça ne peut qu'être néfaste, à mon avis, et ça peut produire deux choses : une abstention massive la prochaine fois, ou alors un vote encore plus prononcé pour l'extrême droite qui sortirait gagnante de ces débats."

Christine Pires Beaune, députée PS

à franceinfo

Hors micro, de nombreux députés du socle commun jugent que Michel Barnier devrait assumer d'utiliser le 49.3. La pilule passe mal en effet chez les macronistes. "Il nous écrase pour préserver son image d'homme du dialogue", analyse une députée. "Résultat", enrage cette élue, "ça abîme les députés, mais surtout, ça abîme l'Assemblée nationale".

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.