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Accusé de harcèlement sexuel, Thomas Guénolé dénonce une "dérive autoritaire" au sein de La France insoumise

Le politologue a rédigé un communiqué pour dénoncer une "dangereuse dérive autoritaire" au sein du mouvement, qu'il avait rallié en 2017.

Article rédigé par franceinfo avec Reuters
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Publié Mis à jour
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Le politologue Thomas Guénolé lors d'un colloque au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), le 6 octobre 2015 à Paris. (MAXPPP)

La France insoumise (LFI) est en proie à une vive crise interne, après la publication d'un communiqué au vitriol de Thomas Guénolé, jeudi 18 avril. Ce dernier, 14e sur la liste de LFI aux élections européennes, reproche à Jean-Luc Mélenchon de se comporter en "autocrate" et qualifie la formation de "dictature", laquelle serait entièrement inféodée à un leader à "la personnalité imprévisiblement colérique". Il en a profité pour retirer "spontanément" sa candidature au prochain scrutin.

Mélenchon, "un risque élevé de condamnation"

Thomas Guénolé s'en prend également à Sophia Chikirou, conseillère en communication de Jean-Luc Mélenchon, et à Manuel Bompard, deuxième sur la liste au scrutin européen, qu'il qualifie de simple "homme de paille" et de "paratonnerre". Le politologue, par ailleurs, cible nommément Jean-Luc Mélenchon en évoquant les "enquêtes judiciaires sur les comptes de campagne présidentielle". Selon lui, le leader du mouvement fait l'objet d'"un risque judiciaire élevé de condamnation (…) à une peine d'inéligibilité".

Le maintenir comme notre 'candidat naturel' à la présidentielle est donc une prise de risque inconsidérée pour notre mouvement.

Thomas Guénolé, politologue

dans un communiqué

L'ex-"éditorialiste insoumis" précise avoir lancé plusieurs fois l'alerte en interne au sujet de cette "dangereuse dérive autoritaire" et se dit la cible, depuis lors, de "méthodes staliniennes", notamment d'accusations "sur la base de rumeurs".

Ce n'est pas la première fois que la conduite du mouvement est critiquée en interne. En novembre, un conseiller de Jean-Luc Mélenchon, Djordje Kuzmanovic, a quitté la formation après son exclusion de la liste pour les élections européennes, dénonçant lui aussi des méthodes autoritaires. Au même moment, le porte-parole François Cocq avait dit avoir été banni.

LFI évoque une enquête interne "en cours"

La France insoumise a immédiatement réagi en évoquant le "signalement d'une jeune femme dénonçant des faits pouvant s'apparenter à du harcèlement sexuel de la part de Thomas Guénolé". Ce dossier est "en cours d'instruction" au sein des instances du parti, précise encore le communiqué de LFI, qui sous-entend que les attaques formulées par le politologue sont liées à cette enquête.

Nous découvrons avec stupeur le communiqué de Thomas Guénolé qui instrumentalise des prétextes politiques pour sa défense.

La France insoumise

dans un communiqué

Le mouvement précise que son "pôle de vigilance et d'écoute contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes" a été saisie le 3 mars par une femme d'un signalement à l'encontre de Thomas Guénolé "d'actes pouvant s'apparenter à du harcèlement sexuel". Cette personne a été auditionnée le 14 mars dernier et a rendu un rapport au comité électoral le lendemain, "tout en respectant la confidentialité".

Une délégation a ensuite rencontré Thomas Guénolé mais "il n'a pas été possible d'avoir d'autres échanges", ce dernier "ayant choisi de judiciariser la procédure et de saisir son avocat". La procédure est toujours en cours et aucune décision n'a encore été prise.

Contacté par franceinfo, Thomas Guénolé nie farouchement ces accusations. Il a demandé à son avocat de prendre toutes les mesures "nécessaires" contre l'appareil central de la formation. "On est en plein soulèvement historique des 'gilets jaunes', soutenu d'ailleurs par La France insoumise (…) et pendant ce temps-là, Jean-Luc Mélenchon gouverne La France insoumise en autocrate."

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