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La France semble bénéficier d'un répit de la part des marchés financiers

Souvenez-vous, c'était il y a à peine quatre mois. Le sujet faisait la Une de tous les médias. La France perdait son AAA. Depuis, silence radio. Le pays ne serait-il plus menacé par les marchés ? Le spectre de la spéculation définitivement écarté ?
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Manifestation devant l'immeuble de Standard & Poor's, à Paris, le 14 janvier 2012. (AFP - Thomas Samson)

Souvenez-vous, c'était il y a à peine quatre mois. Le sujet faisait la Une de tous les médias. La France perdait son AAA. Depuis, silence radio. Le pays ne serait-il plus menacé par les marchés ? Le spectre de la spéculation définitivement écarté ?

A l'instar des élèves, les Etats sont notés par des agences de notation après que celles-ci aient évalué si un pays, ou une entreprise, a les moyens de rembourser sa dette.

Inconnues jusqu'il y a peu du grand public, les trois agences qui dominent le marché sont sorties de l'ombre en 2011, lorsqu'elles ont menacé d'abaisser la note de plusieurs pays européens.

Le 13 janvier dernier, à cent jours de la présidentielle, l'une d'entre elle, l'américaine "Standard & Poor's" (S&P) passait à l'acte et dégradait le AAA de la France.

Depuis, calme plat. On n'entend plus parler de S&P et ses deux principaux concurrents, l'agence Moody's et Fitch Ratings.

Qu'en conclure ?

"Ce n'est qu'un répit"
Pour nombre d'économistes, cette "disparition" n'est que momentanée.

"Face à l'inquiétude fin 2011, la Banque centrale européenne (BCE) a injecté près de 1.000 milliards d'euros. Cela a rassuré les marchés", explique une spécialiste de la finance qui ajoute aussitôt "mais ce n'est qu'un répit".

Plusieurs raisons à cette parenthèse. D'une part, les spéculateurs ont été occupés par la situation de la Grèce, de l'Italie et de l'Espagne. D'autre part, la dernière injection de liquidité (29 février, ndlr) est relativement récente".

Il n'empêche. La situation reste "très préoccupante". Pour au moins deux raisons.

La dette française, future cible
Beaucoup l'ignore, mais à partir du 16 avril, tout le monde pourra spéculer contre la dette Française.

A cette date en effet, le marché des dérivés, l'Eurex, va ouvrir un contrat à terme sur les emprunts d'Etat Français. En clair, tous les spéculateurs pourront vendre à découvert de la dette Française.

"Jusqu'à présent, si vous vouliez spéculer contre la dette Française, vous n'aviez que deux moyens : acheter des CDS, ces fameux contrats d'assurance contre la faillite, ou vendre à découvert des emprunts d'état Français", explique Marc Fiorentino, président directeur général d'Euroland-Finance.

"Avec l'ouverture de ce contrat, ce sera plus facile". "C'est l'arme idéale pour attaquer la France", affirme même cet ancien banquier d'affaires.

Fragilité de la zone euro
Les acteurs de la finance le répètent, les marchés ont toujours raison en premier. Les agences de notation ne font que suivre.

Or, si l'on s'en tient à la situation économique des pays du sud, l'horizon semble quelque peu obstrué. "L'Espagne est sous l'œil du cyclone", souligne la spécialiste des finances et les "pare-feux" de la zone euro ne sont pas bons".

De là à parier que, dans les prochaines semaines, "Standard & Poor's" et consorts vont faire reparler d'elles...

Que changera la présidentielle ?

Si l'un des deux favoris sondages l'emporte, le socialiste, François Hollande, ou le Président sortant, Nicolas Sarkozy, les conséquences seront identiques", estime Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économistes (OFCE).

Les deux candidats ont pris des engagements clairs en matière de finances publiques" et "globalement, l'économie française a plutôt bien résisté à la crise".

Mais, prudent, il ajoute : "on est jamais à l'abri de la spéculation" et admet que "l'éclatement de la zone euro n'est pas à écarter".

Le scénario catastrophe

Quid dans l'hypothèse d'une victoire de Marine Le Pen.

Ce serait "un cataclysme", affirme M. Plane qui rappelle la proposition de sortie de la zone euro de la candidate frontiste. "Les investisseurs retireraient immédiatement leurs capitaux. Il n'y aurait plus de confiance", analyse-t-il qualifiant par ailleurs son programme d'"irréaliste".

Sur Jean-Luc Mélenchon, l'économiste se montre plus nuancé. "Il ne souhaite pas sortir de la zone euro" ce qui est un point positif du point de vue des marchés.

Mais pour le candidat du Front de gauche, se posera la question de la tenue des comptes publics, de sa capacité à convaincre les autres pays européens à changer politique et à donner des gages aux acteurs financiers.

Autant dire que la France n'est pas sortie d'affaires.

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