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La lettre de Montebourg, arbitre de la primaire, à Aubry et Hollande

Sur son blog, l'homme aux 17,2% des voix, a mis à disposition des internautes la missive en trois points - le "contrôle financier", la "démondialisation" et la VI République - qu'il a envoyée aux deux candidats finalistes de la primaire.
Article rédigé par Catherine Rougerie, Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Arnaud Montebourg le 2 octobre 2011 à Paris (AFP - Johanna LEGUERRE)

Sur son blog, l'homme aux 17,2% des voix, a mis à disposition des internautes la missive en trois points - le "contrôle financier", la "démondialisation" et la VI République - qu'il a envoyée aux deux candidats finalistes de la primaire.

"Chère Martine, cher François" écrit le député de Saône-et-Loire, cette lettre a pour objectif d'éclairer avant dimanche l'opinion finale des 450.000 Françaises et Français qui m'ont fait l'honneur de leur confiance. Ces femmes et ces hommes sont libres et feront leur choix en conscience".

Pour les y aider, Arnaud Montebourg met les point sur les i. "Un Président de la République issu de nos rangs devra s'engager solennellement devant les Français à mettre à contribution le système financier et bancaire européen et national par une taxation européenne et nationale sur les transactions financières" écrit-il, précisant "la politique doit redevenir plus forte que l'économie et que la finance".

Concernant son thème fétiche de "démondialisation", le "troisième homme" pose la question fermement : "Je souhaiterais donc connaître quelles mesures précises et concrètes vous envisagez de prendre pour protéger notre industrie, nos savoir-faire, nos emplois (...)".

"Les propositions que je formule sont majoritaires chez nos concitoyens"
"Ce programme que je vous soumets", affirme celui qui est arrivé troisième à la primaire socialiste dimanche avec plus de 17% des voix, "est ambitieux, mais parfaitement réaliste et réalisable. Il ne coûterait pas un euro aux Français : mieux, il générerait des ressources financières nouvelles et permettrait un essor industriel et productif.

Sans lui, j'en suis convaincu, aucune victoire de la gauche face à Nicolas Sarkozy n'est envisageable. Pire, c'est Nicolas Sarkozy, lui-même qui, si nous n'avons pas le courage de l'assumer, le proposerait alors aux Français, dans une ultime contorsion politique".

"Les propositions que je formule sont majoritaires chez nos concitoyens. Elles correspondent à une remise en ordre de notre pays et à un retour à la sagesse dont nous nous sommes beaucoup trop éloignés depuis 25 ans. C'est donc confiant dans votre intelligence politique et dans votre volonté de l'emporter demain face à la droite que je vous ai écrit. Beaucoup de Français, avec moi, attendent votre réponse".

"Nous avons décidé d'adresser une lettre à ces deux impétrants..."
Fort des 17,2% des voix à la primaire PS, Arnaud Montebourg s'est montré très critique sur les deux qualifiés. Rien ne dit qu'il tranchera. "C'est à eux de me mettre dans la situation de pouvoir les soutenir", juge-t-il. "Avec mes amis, nous avons décidé d'adresser une lettre à ces deux impétrants (...). Nous allons les interroger sur le contrôle financier, le protectionnisme industriel, la VIe République et la lutte contre la corruption", a déclaré Arnaud Montebourg dans une longue interview à Libération mardi

Depuis dimanche soir, le député de Saône-et-Loire fait monter la pression via médias interposés sur les deux aspirants à l'investiture socialiste, prenant même les Français à témoin : les réponses "écrites et précises" seront publiées "pour que les électeurs puissent faire leur choix!", promet-il. Martine aubry a promis mercredi matin qu'Arnaud Montebourg aurait une lettre écrite de sa main "dès demain".

Lui l'assure, "sur la foi de ces réponses et après le débat télévisé de mercredi soir, je réunirai mes amis pour décider de notre position".

Aubry comme Hollande "fermés aux idées nouvelles"
Depuis le début de la campagne de la primaire, hormis lors de débats publics, Arnaud Montebourg n'a pas ménagé ses "deux amis socialistes".

"Martine Aubry dit que la démondialisation, c'est infaisable, or c'est ce que font déjà tous les pays du monde ! Les amis de Martine Aubry ont décidé de m'évacuer... Ils veulent mes électeurs en me tapant dessus. Ils prennent les électeurs pour des mouches et prétendent les attraper avec du vinaigre.", a-t-il artelé après le premier tour en rappelant au passage que s'il y a Benoît Hamon dans le camp d'Aubry, réputé à la gauche du PS, il y a aussi Dominique Straus-Kahn, qui a voté pour elle.

Et ce n'est pas le seul sujet de divergence. M. Montebourg reproche aussi à maire de Lille sa gestion du dossier Guérini, sur le fond comme sur la forme. "J'ai attendu de sa part quelques gestes équivalents après les paroles désobligeantes qu'elle a prononcées lors de la remise de mon rapport sur la fédération des Bouches-du-Rhône. En vain ! Même après la mise en examen de Jean-Noël Guérini, qui me donnait totalement raison, j'ai attendu les excuses qui m'étaient dues !".

Vis-vis du député de Corrèze, l'ardent défenseur d'une modernisation de la vie politique n'a rien oublié. "François Hollande, par deux fois - au congrès de Dijon et à celui du Mans -, m'a refusé la VIe République", souligne Arnaud Montebourg.

Et d'enchaîner. "Ce sont des dirigeants fermés aux idées nouvelles. Ils risquent de faire perdre la gauche ! Je n'ai pas l'intention de leur épargner mon intransigeance. Je pense que je porte une des clés de la victoire. C'est à eux d'avoir l'intelligence, la plasticité pour la prendre en compte". Il es formel, c'est lui qui a "sorti le PS du formol" (Libération du 11 octobre 2011).

Quant à son avenir personnel, et à la question d'une éventuel poste de Premier ministre, Arnaud Montebourg l'assure : "Je ne suis pas candidat à un tel poste. J'ai été candidat au leadership de la gauche. Je désapprouve la politique que portent pour l'instant Martine et François Hollande".

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