La mobilisation contre les retraites a-t-elle bénéficié au PS ?
Le PS a retrouvé "toute sa place dans le mouvement social". Le député Claude Bartolone se dit "frappé" par le bon accueil réservé aux socialistes dans les manifestations. "Souvenez-vous qu’il y a un temps, pas si lointain, où on avait du mal à participer à une manifestation sans être un peu secoués."
Effectivement, la mobilisation contre la réforme des retraites marque un tournant pour les socialistes. "Depuis longtemps, le PS voulait se réinstaller dans la gauche syndicale. De
ce point de vue là, c'est une opération réussie" analyse le politologue Gérard Grunberg. "Il est apparu comme le grand
parti de gauche, qui plus est dans un mouvement social largement soutenu par
l'opinion". Le PS n’a d’ailleurs pas baissé les armes, annonçant il y a quelques jours qu’il allait demander au Conseil Constitutionnel d’examiner la nouvelle loi sur les retraites.
Cela va-t-il pour autant se traduire par un gain politique, notamment à l’horizon 2012 ? Rien n’est moins sûr… "Un parti politique d'opposition ne recueille pas systématiquement les
fruits d'un mouvement social mettant en difficulté le gouvernement", souligne
Frédéric Dabi (Ifop), en citant l'exemple du CPE. En 2006, les socialistes avaient en effet accompagné la contestation contre la Contrat Première Embauche, ce qui n’avait pas empêché Nicolas Sarkozy d’être élu un an plus tard…
Pierre Moscovici en est cependant convaincu : "La crédibilité des socialistes sort renforcée" assurait le député ce matin sur l’antenne de France Info. "Vraiment, le Parti socialiste a répondu aux attentes des Français dans cette affaire".
Mais les sondages montrent que ce sont les syndicats qui récoltent les fruits de la contestation, bien plus que le PS. D’autant que les socialistes ont du mal à avoir un discours uni sur la question. "Oui, nous sommes pour la retraite à 60 ans et nous la rétablirons" assure Pierre Moscovici, quand Manuel Valls prévient pour sa part : "Nous ne reviendrons pas tous aux 60 ans". Dans une interview à La Tribune aujourd’hui, le député-maire d'Evry estime que l'augmentation des annuités de cotisation "est inévitable pour des raisons démographiques et financières".
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