"La politique de civilisation" de Sarkozy fait débat
"Dans l'époque où nous sommes, nous avons besoin de ce que j'appelle une politique de civilisation." Dans un discours sans annonce, c'est cette petite phrase qui a fait mouche. La "politique de civilisation", dans la bouche du chef de l'Etat, c'est une "politique qui touche davantage encore à l'essentiel, à notre façon d'être dans la société et dans le monde, à notre
culture, à notre identité, à nos valeurs."
Mais si l'expression fait débat, c'est que le concept est loin d'être nouveau : "la politique de civilisation", avec sa volonté de "remettre l'homme au centre de la politique", est née de la plume du sociologue de gauche Edgar Morin dans les années 90.
Pourquoi donc le chef de l'Etat, ou plutôt son "écrivain" Henri Guaino a-t-il décidé de se référer au penseur, sans le nommer ?
A gauche, l'expression est loin en tout cas d'avoir fait l'unanimité... Le député socialiste Vincent Peillon se dit lui "perplexe". Aurélie Filipetti, porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée, est plus abrupte : "Le 1er janvier, c'est l'interdiction de fumer mais pas celle des discours fumeux... Ce n'est pas de politique de civilisation dont la France a besoin mais de pragmatisme et de réalisme économique."
Côté commentateurs, on s'interroge. Pierre Assouline, dans son blog La République des Lettres, dit par exemple "ne pas voir" ce que le président a voulu entendre par là, "sauf à y entendre l’écho subliminal du verbe gaullien, à y débusquer un petit supplément d’âme destiné à compenser les récentes escapades bling-bling".
_ Pour le politologue Dominique Reynié, Nicolas Sarkozy cherche surtout à déplacer le débat vers des sujets qui lui sont favorables.
Dans un communiqué, l'UMP assure au contraire que "le président de la République a fixé un cap et dessiné un projet de société ambitieux, qui ne laisse personne de côté et qui s'adresse autant aux Français qu'à nos
partenaires européens ou méditerranéens."
Céline Asselot
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