La probabilité grandissante de la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la présidentielle agite la classe politique
Autre style, autre discours mais une même fébrilité. Après les propos de Christian Jacob qualifiés de "relents très moisis" par le porte-parole du PS, la ministre de l'Economie a fait dans un tout autre registre mardi.
"Nous avons besoin de lui là où il est", a dit Mme Lagarde sur France 2. Après l'argument de l'illégitimité celui de la compétence?
C'est la thèse de Pierre Moscovici. Interrogé par Libération sur les récentes déclarations des responsables de droite à l'encontre de DSK, le député socialiste "voit dans tout cela une perte de sang-froid liée au fait que Dominique Strauss-Kahn est le candidat le mieux placé pour l'emporter en 2012, et au ratage de l'émission télévisée de Nicolas Sarkozy" (...). "C'est un front curieux qui se met en place", poursuit-il dans Libération de mardi.
Quid des allusions au côté bling-bling et "hors-sol" de DSK ?
Balayées de revers de main par le même Moscovici qui affirme: "C'est n'importe quoi ! Dominique Strauss-Kahn n'est pas un haut fonctionnaire international qui a passé sa vie à Washington, mais un homme politique expérimenté qui connaît bien son pays, maire d'une commune populaire, Sarcelles (Val d'Oise), et ministre des Finances".
Mardi, c'est François Fillon qui a pris part à la polémique en apportant "tout son soutien" à Christian Jacob. "Ce qu'a dit M. Jacob est d'une extrême modération par rapport à la façon dont certains, à gauche, parlent de Dominique Strauss-Kahn", a lancé le Premier ministre, citant au passage l'accusation d'"affameur des peuples" proférée contre DSK par Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).
Gare aux sondages
Sur la même ligne quoique plus prudent, le strauss-kahnien Jean Christophe Cambadélis met en garde contre les sondages favorables à l'actuel patron du FMI. "J'ai toujours dit que les sondages actuels étaient irréels. Quand vous êtes à 75% d'opinions favorables, qu'est-ce que vous pouvez faire ? Vous ne pouvez pas passer à 100%, vous descendez obligatoirement", a commenté mardi matin le député socialiste sur France Inter.
"Les sondages sont trop bons d'un certain point de vue", a-t-il ajouté.
Une offensive anti-DSK concertée ?
Certains au PS en sont persuadés... ou ont intérêt à le laisser penser.
"Il y a eu ce week-end une offensive dont on peut difficilement imaginer qu'elle n'a pas été concertée, et qu'elle ne vient pas de l'Elysée et du siège de l'UMP", souligne Pierre Moscovici dans Libération.
Quoi qu'il en soit, et à cinq mois de la clôture des candidatures pour la primaire PS, la côte de DSK s'est quelque peu effritée ces dernières semaines.
Il reste toujours en tête des personnalités politiques avec une "cote d'avenir" de 42%, mais reculait de 7 points en janvier, dans le baromètre TNS Sofres Logica pour Le Figaro Magazine publié le 1er février. L'écart entre lui et Martine Aubry (2e du classement avec 38%, -1) se réduisait à 4 points, au lieu de 10 points le mois dernier.
Et ce "désamour" est plus accentué du côté des sympathisants socialistes "agacés" par la petite phrase d'Anne Sinclair "ne souhaitant pas un second mandat de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI". Selon un sondage Ifop réalisé les 10 et 11 février et publié lundi dans France-Soir, DSK recule de 2 points à 46% chez les sympathisants socialistes comme candidat préféré pour la présidentielle.
De là, à conclure que le retour de DSK ne ravit pas tous les locataires de la rue Solférino...
Dominique Strauss-Kahn sera l'invité du journal de 20 h de France 2 dimanche 20 février. Il sera interviewé par Laurent Delahousse.
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