Face à un projet de groupe dissident, le chef des députés LREM met en garde contre un éclatement de la majorité

Gilles Le Gendre rappelle ses troupes à l'ordre. Le président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale a mis son camp en garde, vendredi 8 mai, contre la formation d'un groupe de députés dissidents qui priverait LREM de la majorité absolue au palais Bourbon.

La création d'un tel groupe, "la semaine prochaine" selon Les Echos, constituerait un tournant dans le quinquennat d'Emmanuel Macron, où tous les textes ont jusqu'ici été votés grâce à une majorité qui s'est effritée au fil du temps. L'exclusion récente de la députée Martine Wonner, qui n'avait pas voté en faveur du plan de déconfinement, a porté à 296 le nombre d'élus LREM et apparentés à l'Assemblée, contre 314 en juin 2017. La majorité absolue est fixée à 289, soit sept unités plus bas.

Selon Les Echos et Le Monde, le groupe baptisé Ecologie démocratie solidarité suscite l'intérêt de 58 élus venant d'horizons divers. Sa profession de foi mentionne un désir de "répondre à l'urgence écologique, moderniser la démocratie, réduire les inégalités sociales et territoriales". Les députés de l'aile gauche du parti Aurélien Taché et Guillaume Chiche pourraient en faire partie, de même que les anciens députés LREM Matthieu Orphelin et Cédric Villani, candidat dissident à la mairie de Paris, ou encore l'ex-ministre socialiste Delphine Batho, présidente de Génération Ecologie.

Le Gendre redoute "une double rupture"

Dans un message envoyé aux députés LREM, vendredi, Gilles Le Gendre dit voir "une double rupture" dans l'éventuel départ de ses ouailles vers ce neuvième groupe : "avec le Président de la République, sans qui nous n'aurions probablement pas été élus ; et avec les électeurs qui ont nous ont choisis pour former la majorité qui soutient son action". "Aucune annonce officielle en ce sens n'ayant été faite, je nous invite tous à la plus grande prudence", écrit le député de Paris. 

L'entourage du "patron" des députés LREM dit douter du chiffre de 58 députés avancé pour cette nouvelle formation. Même en cas de perte d'une partie de ses troupes, le camp présidentiel rappelle qu'il gardera une "majorité forte" à l'Assemblée. Il peut en effet compter sur les 46 députés du groupe MoDem - dont certains pourraient toutefois être eux aussi tentés par l'aventure d'un nouveau groupe.