Six choses à savoir sur Elisabeth Borne, la nouvelle ministre de la Transition écologique
Ingénieure et haute fonctionnaire, elle a notamment travaillé au cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Environnement avant de présider la RATP.
Elle prend le train de l'écologie en marche. Elisabeth Borne, 58 ans, a succédé, mercredi 17 juillet, à François de Rugy, démissionnaire du ministère de la Transition écologique et solidaire après les multiples révélations de Mediapart sur ses dépenses.
"Je n'arrive pas en terre inconnue", a déclaré lors de la passation de pouvoirs celle qui occupait jusqu'à présent le portefeuille des Transports, placé sous la tutelle de l'Ecologie. Mais qui est vraiment cette femme qui, bien que membre du gouvernement depuis deux ans, est restée relativement discrète ?
1Elle a mené à bien la réforme explosive de la SNCF
Au sein du gouvernement, Elisabeth Borne a gagné ses lettres de noblesse en conduisant d'une main ferme l'une des réformes les plus emblématiques de ce début de quinquennat : celle de la SNCF, qui prévoit l'ouverture à la concurrence du transport des voyageurs et la suppression des embauches au statut de cheminot. Malgré un très long mouvement de grève, qui a duré trois mois, la ministre a tenu bon. "Nous sommes déterminés à mener cette réforme jusqu'au bout", martelait-elle ainsi dans Sud Ouest dès le troisième jour du mouvement social. Une détermination qui finira par payer : le texte a été adopté sans encombre au Parlement en juin 2018.
Deuxième texte important défendu par la ministre des Transports : le projet de loi d'orientation des mobilités (appelé aussi LOM) doit revenir en nouvelle lecture au Parlement en septembre. Ambition affichée du texte : "verdir" les transports en prenant en compte les "nouvelles mobilités" et les impératifs de lutte contre la pollution.
A peine nommée ministre de la Transition écologique et solidaire, elle a d'ores et déjà repris le flambeau de François de Rugy : quelques minutes après la passation de pouvoirs, elle s'est rendue au Sénat pour défendre le projet de loi énergie climat, en cours d'examen.
2Elle a un profil d'ingénieure plus que de politique
Au sein du gouvernement, Elisabeth Borne possède un parcours atypique. Jamais candidate à une élection, elle n'est pas une politique dans l'âme, mais une femme de dossiers. Elle n'est pas non plus passée par l'ENA, parcours classique des grands serviteurs de l'Etat.
Née en 1961 à Paris d'une mère pharmacienne et d'un père qui mourra onze ans plus tard, Elisabeth Borne a gravi un à un les échelons scolaires. Après ses classes prépa, elle intègre Polytechnique, dans le corps des ponts et chaussées. A formation d'ingénieure, carrière d'ingénieure : elle la débute en 1987 au ministère de l'Equipement, avant de rejoindre des cabinets ministériels.
Quinze ans plus tard, en 2002, elle est nommée directrice de la stratégie à la SNCF. Après une année passée dans le privé, chez Eiffage, elle revient dans le public comme directrice générale de l'urbanisme à la mairie de Paris de 2008 à 2013, année où elle est nommée préfète de Poitou-Charentes. En 2015, elle devient la deuxième femme, après Anne-Marie Idrac, à être nommée présidente de la RATP.
3Elle a travaillé avec Jack Lang, Lionel Jospin, et Ségolène Royal
Elisabeth Borne a plusieurs fois mis ses compétences au service de ministres ou de personnalités de gauche. Dans un portrait que lui a consacré Le Monde, Elisabeth Borne explique avoir été orientée par un "grand directeur du personnel", du ministère de l'Equipement à celui de l'Education nationale dans les années 1990. Elle travaille ainsi avec Jack Lang et Lionel Jospin, qu'elle retrouve quelques années plus tard à Matignon, comme conseillère transports.
A Paris, son poste de directrice de l'urbanisme la rapproche d'Anne Hidalgo.
Comme préfète de Poitou-Charentes, elle fait la connaissance en 2013 de la présidente de la région, qui n'est autre que Ségolène Royal. Et, apparemment, le courant passe entre les deux femmes. Si bien que l'année suivante, lorsque l'ex-candidate à la présidentielle est nommée ministre de l'Environnement, elle fait d'Elisabeth Borne sa directrice de cabinet.
4Elle est décrite comme "bosseuse" et "exigeante"
Les personnes qui ont travaillé avec Elisabeth Borne sont unanimes sur sa capacité à abattre un travail monstrueux. Anne Hidalgo, qui l'a recrutée en 2008 comme directrice de l'urbanisme à Paris, ne tarissait pas d'éloges au moment de sa nomination à la tête de la RATP. La maire de la capitale décrivait alors à Libération "une fille extraordinaire, épatante, humaine, une bête de travail incroyable".
Bourreau de travail, Elisabeth Borne est exigeante avec elle-même… mais aussi avec ses équipes. Un de ses proches confirme au Monde : "Cest une bosseuse infatigable. Premier mail à 5 heures du matin, dernier à minuit." Selon un témoignage anonyme également cité par Le Monde, "on en connaît plus d'un qui sont sortis de son bureau en larmes" à la RATP, où elle aurait gagné le surnom peu flatteur de "Burn-Out".
5Elle n'a pas toujours montré une fibre écolo
La nomination d'Elisabeth Borne au ministère de la Transition écologique a été accueillie plutôt fraîchement par les associations écologiques. "Ce n'est pas la plus verte des personnalités politiques mais attendons de voir", nuance Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement, interrogé par franceinfo.
De fait, Elisabeth Borne traîne derrière elle quelques déclarations modérément appréciées par les écologistes. "N'en déplaise aux détracteurs de l'avion, je préfère une petite ligne aérienne qui désenclave rapidement et efficacement, à la construction de très grandes infrastructures de lignes à grande vitesse", avait-elle ainsi déclaré le mois dernier. Une sortie remarquée.
En mars, interrogée sur l'éventuelle mise en place d'une taxe sur les carburants maritimes, elle répondait : "Si on met une taxe sur les carburants maritimes, les bateaux iront ailleurs." Une phrase qui avait, là aussi, fait tiquer les écologistes. A son nouveau poste, elle devra donc convaincre.
6Elle marche dans le désert pour (tenter) de s'évader
"Temps libre… un concept intéressant." Lorsque Libération, en 2018, lui demande comment elle occupe son temps libre, Elisabeth Borne reste songeuse. Une manière de signifier que son travail ne lui laisse guère d'échappatoires.
Quelques indices, pourtant, dépeignent une femme qui apprécie des plaisirs comme le théâtre ou l'opéra. Côté lecture, Elisabeth Borne explique délaisser les essais. "Parce qu'avec les essais, vous restez au bureau", expliquait-elle à Libération en 2015. La ministre ne lit donc que des romans, "avec un faible pour le Finlandais Arto Paasilinna et Sorj Chalandon", précise Le Monde. Le quotidien ajoute enfin qu'Elisabeth Borne se ressource grâce à de longues randonnées dans le désert, dans le sud marocain ou en Jordanie.
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