La semaine de travail en France doit passer de 35 heures à 37 ou 38 avec des augmentations de salaire, selon Valls
C'est ce qu'a réaffirmé mardi sur RTL le député-maire socialiste d'Evry Manuel Valls.
"Je propose d'augmenter de deux ou de trois heures, à négocier avec les partenaires sociaux, la durée légale du travail et donc le salaire d'autant en supprimant également le dispositif sur les heures supplémentaires, en tout cas une partie", a-t-il précisé.
Après Benoît Hamon, qui avait estimé lundi que la remise en cause des 35h par Manuel Valls était "une mauvaise intuition politique", c'est au tour de Jean-Marc Ayrault, mercredi, de mettre en garde le député-maire d'Evry, dans l'Essonne. "Manuel Valls doit mettre son engagement au service de la réussite collective et non pas personnelle", a lancé, lors de ses voeux à la presse, le président du groupe PS à l'Assemblée. "Nous assistons à un débat entre Jean-François Copé et Manuel Valls, qui ont rouvert le débat sur les 35 heures. Ils arrivent à dire la même chose", a poursuivi le député-maire de Nantes.
"Les libéraux ne sont pas les modernes", a-t-il encore lancé à l'attention de M.Valls, qui veut "déverrouiller" les 35 heures. "Avec la crise financière, les idées libérales en ont pris un certain coup". Pour lui, "s'il faut restaurer des marges de l'Etat, il faut puiser dans la défiscalisation des heures supplémentaires ou dans le paquet fiscal".
"Je n'avais pas compris que la logique (...) soit de reprendre ce slogan du 'travailler plus pour gagner plus' qui a échoué. Je trouve que c'est une mauvaise intuition politique et j'invite Manuel Valls à revenir dans le droit chemin" avait M Hamon.
"Il faut regarder devant nous plutôt que d'essayer de se démarquer de son camp" dans "le buzz médiatique". Rien ne sert de "revenir sur des débats d'il y a dix ans qui maintenant sont derrière nous". "Ca fait parler pendant un moment" mais "c'est pas ça qui va faire avancer les choses" a déclaré de son côté la députée PS de Seine-Saint-Denis Elisabeth Guigou, sur France 2.
Même son de cloche du côté de Pierre Moscovici, député PS proche de Dominique Strauss-Kahn, sur LCI: "Franchement je pense que c'est un peu une position, une posture que Manuel Valls a prise. C'est sans doute l'effet primaire". "Ca fait parler de lui" mais "ça donne aussi des armes à la droite". "Ce n'est pas le type de réponse que nous devons apporter" et, de toute façon, "si vous prenez tout ce que la droite a fait depuis 2002 avec les 35 heures, les verrous, s'il y en avait, ont été totalement levés".
La veille, le candidat aux primaires socialistes et député-maire d'Evry Manuel Valls a levé un tabou à gauche. "Oui, nous devrons déverrouiller les 35 heures qui n'existent déjà plus réellement puisqu'elles ont été mises en cause progressivement depuis 2002", a t-il déclaré.
"C'est ma marque, il faut dépasser la question des 35 heures"
"Est-ce que vous avez vu un socialiste qui propose aujourd'hui d'étendre les 35 heures par exemple à toutes les PME qui n'ont pas été concernées par les 35 heures ? Est-ce que dans le monde tel qu'il est aujourd'hui, avec la concurrence que nous connaissons, nous pouvons nous permettre d'être sur des idées des années 70, 80 et 90 ? Non ! C'est ma marque, il faut dépasser la question des 35 heures", a-t-il martelé.
En 2012, "nous ne pouvons pas aller devant les Français avec les mêmes propositions, les mêmes idées -les 35 heures, les emplois-jeunes- qu'en 1997. Le monde a changé donc nous aussi, nous devons changer dans nos propositions", a insisté Manuel Valls, également partisan de l'ouverture de négociations entre partenaires sociaux pour "augmenter les salaires".
"Cela doit permettre aux Français, pour ceux qui ont la chance d'avoir un emploi, de travailler davantage -deux heures, trois heures...- sans avoir recours forcément aux heures supplémentaires qui ont beaucoup coûté à l'Etat", a ajouté M. Valls, partisan du "travailler plus et travailler mieux".
Valls pour la "TVA 'sociale'"
Dans un communiqué publié après l'émission, M. Valls précise qu'il formule d'autres propositions afin de "créer un pacte pour la croissance", notamment l'ouverture de "négociations entre les partenaires sociaux pour augmenter les salaires". "Nos marges de manoeuvre étant faibles, il faudra alléger le coût du travail pour les entreprises, ce qui leur permettra d'augmenter les salaires et de recourir davantage à l'emploi", souligne-t-il.
"Pour compenser la baisse des charges, améliorer notre compétitivité, protéger nos emplois industriels, créer de nouvelles recettes, il faudra mettre en place une TVA 'sociale'. L'inflation étant relativement faible, nous pouvons nous le permettre", ajoute M. Valls.
Débat à l'UMP
Mises en place sous le gouvernement Jospin par l'actuelle patronne du PS Martine Aubry - alors ministre de l'Emploi -, les 35 heures sont considérées comme un acquis social par les responsables socialistes, qui ne placent toutefois plus cette question au coeur du débat politique.
Côté UMP, le nouveau secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a relancé le débat sur la fin des 35 heures en annonçant mi-décembre une "réflexion" sur le sujet, conduite par deux libéraux, le député Hervé Novelli et le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet. Mais le porte-parole du gouvernement, François Baroin, tout comme le ministre du Travail, Xavier Bertrand, lui ont adressé une fin de non-recevoir en estimant que le gouvernement n'entendait pas rouvrir ce débat.
Côté patronal, la CGPME, résolument hostile aux 35 heures, estime elle aussi que le "problème" a été "résolu" dans les petites et moyennes entreprises et que ce chantier ne doit donc pas être rouvert.
Autres réactions:
-Europe Ecologie-Les Verts : "Il faut sortir de l'idéologie dominante du +toujours plus+ qui a montré toutes ses limites, pour reprendre la marche de la réduction du temps de travail et du partage des richesses par l'égalité réelle devant le temps de travail. Cela passe par l'acquisition de nouveaux droits sociaux pour les salariés.
-Pierre Laurent, secrétaire national du PCF : "Certains feraient mieux de se taire plutôt que de marquer des buts contre le camp de la gauche".
- Harlem Désir, numéro deux du PS : Les candidats aux primaires doivent "développer des idées et propositions utiles à l'ensemble de la gauche". "Pendant les qualifications aussi, il faut savoir jouer collectif" car sinon "la grande finale se passera mal". "On ne construira pas le succès de la gauche en 2012 sur le procès de la gauche en 2002 d'autant que le bilan en matière de créations d'emplois a été bon. Je préfère les deux millions d'emplois créé par Martine Aubry et Lionel Jospin quand ils gouvernaient le pays, aux quatre millions de chômeurs de Nicolas Sarkozy". (sur LCI)
-Le secrétaire général de la CFDT François Chérèque a estimé que la remise en cause des 35 heures relevait de la "bêtise", conseillant au député socialiste de l'Essonne de passer "quelque temps dans les entreprises".
"Il aura une approche totalement différente du temps de travail", a-t-il assuré.
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