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La stratégie numérique de François Hollande

Les réponses du président du conseil général de Corrèze et candidat à la primaire PS à notre questionnaire sur sa vision d'Internet et des réseaux sociaux dans la campagne présidentielle.
Article rédigé par Francetv 2012
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
François Hollande (AFP - Jean-Pierre Muller)

Les réponses du président du conseil général de Corrèze et candidat à la primaire PS à notre questionnaire sur sa vision d'Internet et des réseaux sociaux dans la campagne présidentielle.

Quelle sera votre présence sur le numérique et en particulier sur les réseaux sociaux pour votre campagne électorale ? Utilisez-vous déjà Twitter et/ou Facebook ?
Avec le soutien des nombreux militants et bénévoles engagés à mes côtés, j'entends mener sur Internet une campagne active, une campagne démocratique et une campagne de vérité, en cohérence avec les engagements qui sont les miens depuis que j'ai déclaré ma candidature aux primaires. J'utilise pour cela toutes les ressources d'Internet, avec un site remodelé, une page Facebook qui propose des applications innovantes et un comptetrès suivi, grâce auxquels je m'efforce de susciter le débat et de diffuser mes idées, mais aussi d'intéresser les citoyens aux primaires et de les convaincre de participer à cet exercice démocratique nouveau en France.

Pensez-vous que l'élection présidentielle puisse se jouer sur internet ?
Internet est certainement l'un des espaces où se jouera l'élection, même s'il n'est pas le seul. Les médias « traditionnels », la télévision, la radio, les journaux continuent à jouer eux aussi un rôle très important, et rien ne remplace le contact direct et prolongé avec les Français sur le terrain. Mais Internet offre aux candidats à l'élection présidentielle, aux partis et aux militants qui les soutiennent de nouveaux horizons et des nouvelles techniques de campagne, plus souples, plus directes, plus collaboratives. Internet permet aussi aux citoyens de se construire leur propre opinion en sélectionnant eux-mêmes les informations, en confrontant les points de vue, en interpellant directement les candidats. Il y a enfin un temps spécifique à Internet, c'est celui de l'instantanéité, de l'immédiateté. Internet accélère à l'évidence le rythme des campagnes électorales. Le candidat qui l'emportera sera celui qui sera non seulement capable de suivre ce rythme effréné, mais d'imposer son propre tempo.

A vos yeux, le débat démocratique dans le monde virtuel est-il au moins aussi important que dans le monde réel ?
Je ne ferais pas cette distinction, car je ne crois pas qu'Internet constitue une sorte de monde virtuel déconnecté du monde réel. Le débat démocratique sur Internet est un débat bien réel, où les Français expriment leurs préoccupations quotidiennes, réagissent à l'actualité, interpellent leurs dirigeants. Même si je garde bien présent à l'esprit que beaucoup de Français ne sont pas encore familiers du réseau ou n'y ont tout simplement pas accès, je pense malgré tout qu'Internet est sans doute aujourd'hui l'espace de débat le plus dynamique et le plus démocratique. Il permet à quiconque de donner de la voix et de prendre part au débat, sans distinction de notoriété, d'autorité, de fortune. C'est quelque chose de tout à fait nouveau et de très positif pour la vie démocratique.

Que pensez-vous des considérations qui veulent qu'internet soit une poubelle à rumeurs, une caisse de résonnance pour tout et n'importe quoi, ou bien un réseau d'intelligence sociale ?

Il ne faut céder ni à la répulsion ni à la fascination. Quand on voit comment Internet accélère et démocratise l'accès à la connaissance, à l'information, à la culture, à l'expression publique, ce n'est tout simplement pas sérieux de réduire le réseau aux rumeurs qu'il colporte ou aux dangers qu'il recèle. Mais cette face sombre d'Internet existe cependant, c'est indéniable. On ne peut que saluer la capacité d'Internet à concrétiser ce droit humain fondamental qu'est la liberté d'expression. Mais la calomnie, l'incitation à la haine raciale ou religieuse ne sont pas plus tolérables sur Internet que dans le reste de l'espace public, et doivent être empêchées.

Êtes-vous pour ou contre une régulation du web ? Êtes-vous pour ou contre un amendement ou un prolongement de la loi Hadopi ?Depuis l'origine de l'Internet la question de sa régulation se pose. Certes, dans un contexte profondément mondialisé, il est nécessaire de se concerter pour faire en sorte que tous y accèdent, dans le respect des lois qui garantissent les libertés individuelles d'expression et de communication, la liberté d'entreprendre et la propriété intellectuelle.
Cette concertation existe au niveau mondial et européen au travers notamment des forums de la gouvernance de l'Internet lancés par l'ONU ou au sein de l'OCDE. Ces organisations se sont toujours accordées sur le principe d'une gouvernance pluripartite préservant un équilibre entre les Etats, les industriels et la société civile.

Je suis particulièrement étonné que le ministre français en charge de l'économie numérique tienne devant ses homologues européens et l'ensemble des acteurs de l'internet, un discours favorable à la neutralité du net lors de la réunion de l'OCDE le 28 juin et que quelques jours plus tard il agisse différemment en proposant des mesures qui bafouent cette neutralité.
Hadopi est en ce sens emblématique d'une politique qui préserve quelques intérêts particuliers au mépris de l'intérêt collectif. Oui la loi dite Hadopi devra être entièrement revue voire abrogée et la licence globale pourrait être une solution alternative. Cependant nous devons voir plus loin et la France doit porter au plus haut niveau une réflexion sur la propriété intellectuelle à l'ère du numérique.

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