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La tournée d'été de François Hollande, une stratégie risquée ?

Le président de la République multiplie les déplacements dans l'Hexagone, avec l'emploi comme thématique principale. Une méthoque qui n'est pas sans rappeler celle de Nicolas Sarkozy.

Article rédigé par Vincent Daniel
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Hollande prend un bain de foule le 6 août 2013 lors d'un déplacement à La Roche-sur-Yon (Vendée). (FRANK PERRY / AFP)

La Roche-sur-Yon, après Clichy-sous-Bois, Dunkerque, Périgueux et Auch... François Hollande poursuit, mardi 6 août, sa tournée d'été en visitant l'agence Pôle emploi de La Roche-sur-Yon (Vendée). Un nouveau déplacement consacré à la lutte contre le chômage. 

En plein creux de l'été, l'activisme du président de la République peut surprendre. L'agenda politique est vide ou presque, les parlementaires sont en vacances, comme de nombreux Français... Le chef de l'Etat a quant à lui prévu de ne s'accorder qu'une semaine de vacances, multipliant les déplacements. L'exact inverse de l'été 2012, où François Hollande s'était accordé deux semaines de vacances "normales" et plutôt discrètes au fort de Brégançon (Var). Une période pendant laquelle il a pu donner l'impression de ne pas avoir pris la mesure de la gravité de la crise économique. 

Le fil rouge : l'emploi 

Les dernières visites de terrain de François Hollande ont un point commun : montrer que le président de la République est au front dans la bataille pour l'emploi. Car personne n'a oublié la promesse du chef de l'Etat d'inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année, promesse qui laisse les économistes sceptiques. Alors le président se déplace et multiplie les annonces.

Ainsi, le 23 juillet à Dunkerque (Nord), Hollande promet 70 000 formations supplémentaires pour 2014 (qui viennent s'ajouter aux 30 000 déjà débloquées) afin de s'attaquer aux emplois non pourvus. En déplacement à Arles (Bouches-du-Rhône) le 26 juillet, le chef de l'Etat répète que l'inversion de la courbe du chômage "se fera (...) à la fin de l'année et que ce sera (...) encore dur". A Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), le mercredi 31 juillet, il lance un dispositif de retour à l'emploi, baptisé emplois francs : une aide de 5 000 euros est versée à une entreprise qui embauche en CDI un jeune de moins de 30 ans, résident d'une zone urbaine sensible. Puis, le samedi 3 août à Auch (Gers), François Hollande annonce que le nombre d'emplois francs prévus pour 2013 va doubler, passant de 2 500 à 5 000. Et le mardi 6 août, le président de la République a assuré ainsi le service après-vente de sa politique de formation des chômeurs, destinée à combler les emplois non pourvus, dans une agence Pôle emploi de La Roche-sur-Yon (Vendée). "A chaque étape de sa tournée, François Hollande le répète : 'Notre objectif, c'est de faire qu'il y ait davantage d'emplois'", souligne Le Figaro qui évoque son "activisme estival".

La méthode : l'activisme

Cette occupation intensive du terrain médiatique n'est pas sans rappeler celle pratiquée par le prédécesseur de François Hollande, Nicolas Sarkozy. Pour le sociologue Denis Muzet, le président de la République n'a pas su imposer son propre modèle de communication, il s'inspire donc de celui qu'il critiquait pourtant pour son interventionnisme. "Il n'a (...) d'autre choix que de puiser ses recettes dans la boîte à outils de son prédécesseur, qui était, lui, omniprésent dans les médias. Comme Nicolas Sarkozy en son temps, François Hollande multiplie aujourd'hui les déplacements en province et remplit les journaux télévisés", explique le sociologue, interrogé par Le Figaro.

L'avantage : la visibilité

Monopoliser le terrain médiatique alors que les Français sont en vacances offre un avantage à François Hollande : celui de faire le service après-vente des réformes engagées par son gouvernement depuis son élection. "Cela lui permet (...) de faire de la publicité pour des mesures jusqu'alors inconnues : qui avait entendu parler des 'emplois francs', avant que François Hollande n’en fasse l’article, depuis la Seine-Saint-Denis jusqu’au Gers ?" écrit ainsi Bruno Dive, éditorialiste de Sud Ouest. Ainsi, le chef de l'Etat peut espérer capter l'attention des Français et les convaincre qu'il est au front. 

L'inconvénient : la lassitude

Cette stratégie de surexposition du président n'est toutefois pas sans risque. Les Français pourraient être lassés de la tournée d'un président omniprésent pendant leurs vacances. Toutefois, le sociologue Denis Muzet estime, auprès du Figaro, que "le risque est moins celui de la lassitude que de la 'bougitude'". Pour le chercheur, la "stratégie d'occupation du terrain médiatique doit s'accompagner de résultats rapides". En clair, si François Hollande veut espérer remonter sa cote de popularité et ne pas décevoir, il ne lui suffit pas d'occuper le terrain. Il faudra aussi que la courbe du chômage s'inverse.

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