L’abstention, une inconnue dans la campagne
L'association nationale des conseils d'enfants et des jeunes a lancé mercredi sa campagne "2012, je vote" pour inciter les jeunes à vérifier qu'ils sont inscrits sur les listes électorales. Sera-t-elle suffisante pour combattre l'abstention ?
Impossible à prévoir par les sondages, l'abstention constitue un signe du désintérêt des citoyens pour la vie politique. Pour conjurer le sort, l'Anacej (Association nationale des conseils d'enfants et des jeunes) a lancé mercredi une campagne de mobilisation intitulée "2012, je vote" pour lutter contre l'abstentionnisme, à six mois de l'élection présidentielle de 2012.
Le même jour, le collectif AC le Feu tentait de convaincre les habitants de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) de s'inscrire sur les listes électorales.
Le reportage de France 2 du 10 novembre 2011d'Amira Souilem
De leur côté, parallèlement au site Internet je-vote.fr, les jeunes de l'Anacej ont réalisé une série de films pour interpeller sur l'urgence de vérifier son inscription sur les listes électorales avant le 31 décembre 2011.
Une vidéo baptisée "La crise"
Sihame Id Nacer, 18 ans, a participé à la réalisation d'une des vidéos de l'Anacej : "La crise".
"Les jeunes veulent s'exprimer, estime-t-elle. Mais beaucoup d'entre eux disent qu'ils ne veulent pas voter. Ils estiment qu'ils ne sont pas écoutés. Mais au final, ce n'est pas en faisant sa crise dans sa chambre qu'on sera entendu."
Malgré l'inscription automatique, 15% des nouveaux électeurs, âgés de 18 à 22 ans, ne sont pas inscrits sur les listes électorales, tandis que d'autres ne figurent pas sur celles de leur commune d'habitation.
Vote par intermittence
"Les anciennes générations considéraient que voter était un devoir, quitte à choisir un candidat par défaut. Ce n'est pas le cas des jeunes qui ont des pratiques nouvelles", relève Erwan Dagorne, responsable de la campagne "2012 je vote".
L'augmentation de l'abstention est due au phénomène du vote "par intermittence", selon Pierre Bréchon, professeur de science politique à l'IEP de Grenoble et auteur de "La France aux urnes".
"Aujourd'hui, on vote parce qu'on a le sentiment que c'est important, et non plus par devoir, explique le chercheur. Le vote se fait par conviction, d'autant plus que 10% des inscrits habitent loin de leur lieu de vote. Ce sont les ‘faux inscrits', qui sont une incitation à l'abstention."
"Prévoir le taux d'abstention par les sondages est très difficile"
Le désintérêt pour la vie politique favorise le vote vers les extrêmes de l'échiquier politique. Le 21 avril 2002, outre une dispersion des voix à gauche, un taux d'abstention record de 28,4% avait conduit le candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen, au second tour de l'élection présidentielle.
"La question est de savoir si la campagne électorale sera mobilisatrice ou non, juge M. Bréchon. La crise peut devenir un facteur aggravant le phénomène abstentionniste."
"Normalement, il y a un mouvement important d'inscription sur les listes électorales qui amène 4 à 5 millions d'électeurs en plus à se manifester à la veille d'un scrutin, ajoute-t-il. Mais prévoir le taux d'abstention par les sondages est très difficile."
Le chercheur propose de permettre aux citoyens de voter systématiquement dans les bureaux liés à leur domicile, à partir des listes de population communale, afin de lutter contre le phénomène des faux inscrits.
Loin des yeux, loin du cœur
En 2007, la mobilisation des associations avait permis de provoquer une augmentation du taux de participation à l'élection présidentielle. Mais celle-ci s'est effondrée ensuite aux législatives.
Le taux d'abstention avait atteint 34% aux élections municipales de 2008. Pour les municipales de 2007, il flirtait avec les 40%, alors qu'il était descendu à 16% lors de la présidentielle de 2007.
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