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Le 2e débat plus ouvert aux échanges entre les six candidats

Pour leur deuxième joute audiovisuelle, les six candidats à la primaire socialiste ont débattu, mercredi soir, de façon plus animée et pugnace à onze jours du premier tour du scrutin
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les six candidats à la primaire de gauche, le 28 septembre 2011. (AFP PHOTO / POOL / FRED DUFOUR)

Pour leur deuxième joute audiovisuelle, les six candidats à la primaire socialiste ont débattu, mercredi soir, de façon plus animée et pugnace à onze jours du premier tour du scrutin

Ce deuxième débat de deux heures et demie, après celui sur France 2 qui avait duré trois heures le 15 septembre, était organisé conjointement par Itélé, LCP, Europe 1 et Le Parisien/Aujourd'hui en France. De gauche à droite, après tirage au sort sous contrôle d'huissier : François Hollande, Jean-Michel Baylet, Martine Aubry, Manuel Valls, Ségolène Royal et Arnaud Montebourg. Tous les six étaient debout derrière des pupitres en arc de cercle dans un décor à dominante de blanc avec quelques teintes de bleu.

Chacun des candidats a commencé par répondre, en une minute, à la question : "Si vous êtes élu(e)président(e) de la République, quelle sera votre première décision ?".

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Première à s'exprimer, Ségolène Royal a affirmé, en s'adressant aux Français : "ma première décision sera la réforme bancaire (...) Mon premier ministre formera un gouvernement paritaire d'hommes et de femmes irréprochables qui n'auront aucun cumul avec toute autre fonction".

La maire de Lille, Martine Aubry, ira "dès le 7 mai voir Mme (Angela) Merkel pour lui dire qu'il faut changer l'Europe" et sa "première loi imposera l'égalité salariale des hommes et des femmes dans l'entreprise".

Pour François Hollande les "premières mesures tourneront autour du contrat de génération" et de la "réforme fiscale".

Arnaud Montebourg, s'adressant lui aussi aux Français, veut faire adopter en urgence "une loi de mise sous tutelle des banques". Manuel Valls nommera "un vrai premier ministre qui gouverne".

Quant à M. Baylet, le seul non socialiste, il veut "relancer l'Europe, rassembler la France".

Cette fois, une part prépondérante a été laissée au débat, les candidats échangeant sur trois thèmes : "la crise", "la protection sociale : emploi, retraites, salaires" et "La République et la société : justice, sécurité, libertés, immigration".

"Tous d'accord sur la réforme fiscale", dit Aubry

Les candidats sont entrés dans le vif du débat sur le thème de la crise, s'interrompant ou s'interpellant assez librement, parfois dans une certaine confusion. Ils se sont notamment opposés sur l'opportunité de créer une TVA sociale, préconisée par Manuel Valls. Ségolène Royal, qui y est opposée, s'est montrée très offensive: "Je suis hostile à la TVA sociale, qui est une TVA anti-sociale". Avant que Martine Aubry affirme en conclusion qu'ils étaient "tous d'accord pour la réforme fiscale".

Tous ont fait valoir leurs expériences en campagne ou leurs réalisations passées lors d'anciennes responsabilités. Arnaud Montebourg, chantre de la "démondialisation", a insisté sur la nécessité de "mesures draconiennes et sévères vis-à-vis du système financier et bancaire", tandis que Ségolène Royal prônait "l'interdiction des licenciements boursiers". Jean-Michel Baylet, mettant l'accent sur ses propositions qui ne s'appuient pas sur celles du projet socialiste, a répliqué à la présidente de la région Poitou-Charentes qu'en tant que "chef d'entreprise", il était contre le retour "à des mesures étatiques."

Manuel Valls a plaidé pour un "devoir de vérité" à tenir face à la crise, ne voulant pas faire "la course à la mesure la plus dirigiste", comme François Hollande qui ne "croit pas à des solutions ni judiciaires, ni administratives". Martine Aubry, elle, a redit sa volonté de "relancer la croissance et l'emploi".

Passe d'armes Valls-Montebourg

Les deux outsiders Arnaud Montebourg et Manuel Valls se sont livrés à une passe d'armes, le premier critiquant "ceux qui font dans une primaire de gauche des propositions de droite". Réplique du député de l'Essonne, positionné à droite du parti: "c'est trop facile de caricaturer, moi je cherche des solutions". "Arnaud, personne ici n'a le monopole de la gauche", a-t-il lancé.

Affrontement Montebourg-Aubry sur l'affaire Guérini

Martine Aubry et Arnaud Montebourg se sont affrontés sur l'affaire Guérini. "Je propose que dans les partis politiques nous prenions nos responsabilités. Il est nécessaire que les socialistes fassent eux-mêmes le ménage chez eux, dans les Bouches du Rhône. Pour avoir la possibilité d'être crédible lorsqu'il s'agit de combattre les dérives politico-financière du sarkozisme", a lancé Arnaud Montebourg.

"Je dis amicalement à Arnaud. Pour moi, respecter l'indépendance de la justice, c'est éviter de parler avant que la justice ait dit la vérité", a rétorqué Martine Aubry en évoquant les attaques du député qui avait dénoncé dans un rapport les dérives de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.

Un débat "souvent technique"

"La référence au projet socialiste initial devient de moins en moins marquée, chaque candidat affirme son identité, trace son sillon, développe des
marqueurs propres. (...) Le débat révèle des personnalités, particulièrement Arnaud Montebourg qui a été très affûté et cohérent, encore plus que lors du
premier débat", notait un politologue, spécialiste du PS. Pour lui, le débat a toutefois été "souvent technique, pas toujours décodable par de nombreux Français".

"Valls a été très bon, très courageux sur une ligne minoritaire, Montebourg assez bon dans la forme mais avec beaucoup d'à peu près, Ségolène très punitive, Aubry sérieuse", résume Gérard Grumberg, autre sépcialiste de la gauche et du PS. "On a vu des affrontements entre eux, même s'ils se tutoient, plutôt des accrocs et des attaques mais pas vraiment de tension, les attaques étaient assez systématiques à l'égard de François Hollande, celui d'entre eux qui est le plus haut dans les sondages".

"Tous les six sont nettement dans la critique des gros, conscients que le clivage gros/petits est très ressenti dans leur électorat", poursuit-il. Concernant les questions sécuritaires, "ils sont dans la critique du bilan de Sarkozy mais globalement ils témoignent d'une vraie évolution de la gauche sur ces questions", dit Frédéric Dabi de l'Ifop. En résumé "c'était un débat nettement plus enlevé que le précédent parce qu'ils ont tous endossé les habits de candidats", conclut-il.

Comme pour le premier, ce débat était largement relayé sur Twitter. Un internaute l'a qualifié de plus "touffu" que le précédent tandis qu'un autre faisait savoir assez tôt qu'il "attendait la synthèse de Hollande". En arrivant, l'élu corrézien, grand favori des sondages, avait souhaité un débat "serein et respectueux".

Le débat du 15 septembre, sur France 2, avait été suivi par près de 5 millions de téléspectateurs. Policé au départ, l'échange s'était animé tardivement avec plusieurs piques de Martine Aubry contre François Hollande, sur le nucléaire et les déficits.

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