Le député socialiste Arnaud Montebourg a "exclu" mercredi que le MoDem puisse participer aux primaires
Au lendemain de la présentation des propositions de la commission de rénovation qu'il préside, M. Montebourg s'est montré catégorique concernant le parti centriste.
"Ce qui est sûr, c'est que la moindre ambiguïté serait un instrument de démobilisation. Il est donc exclu que le MoDem puisse en faire partie" a-t-il affirmé au journal Direct Matin.
Mardi soir, la direction du PS a examiné les grands axes de son projet de rénovation incluant la procédure des primaires et Arnaud Montebourg a annoncé que le calendrier des primaires "devrait être celui de l'automne" 2011.
"C'est une révolution politique", "un grand pas en avant", s'est réjouit le député, voyant dans les primaires "une machine à gagner" et précisant que le dépôt des candidatures aurait lieu "en juin ou juillet". Il n'est donc plus question d'un tour préliminaire mi-juillet 2011.
Autre orientation confirmée, ces primaires seraient ouvertes aux "sympathisants de gauche".
"Nous cherchons à réunir les partis d'une gauche de gouvernement avec peut-être quatre, cinq mouvements, mais nous ne les connaissons pas encore", indique mercredi M. Montebourg à Direct Matin.
Pour autant, rien n'a été tranché. Le texte doit maintenant être voté avec amendements en Conseil national le 8 juin, puis par les militants le 24 juin.
Résoudre la question du leadership, éviter tout affrontement entre les différents candidats
Brandies comme gage de modernité par la plupart des ténors du PS, ces primaires, pas encore validées, pourraient cependant se voir vider de leur substance.
Evoquant outre la sienne, les candidatures de Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn (DSK), l'ex-candidate à la présidentielle Ségolène Royal a en effet déclaré dimanche sur France 5 : "le moment venu, nous aurons à décider tous les trois ensemble comment nous nous engagerons dans cette campagne".
Bien que qualifiée d'efficace opération de communication destinée à la relancer dans le jeu politique par certains de ses potentiels rivaux, les propos de Mme Royal, font écho à ceux de la direction du PS qui a indiqué que DSK et Martine Aubry avaient conclu un "pacte tacite" de "cohérence politique".
Une stratégie qui ne séduit pas, loin s'en faut, tous les socialistes. "Les primaires ne sont pas là pour ratifier un accord entre DSK, Martine Aubry, Laurent Fabius et maintenant Ségolène Royal", a critiqué dans DirectMatin, Manuel Valls, lui-même candidat aux primaires.
Mais Arnaud Montebourg ne croit pas à ce scénario. "Si eux s'entendent, d'autres n'accepteront peut-être pas cet état de fait, a-t-il déclaré sur France Inter. Ce sont des primaires ouvertes, ce ne sont pas des primaires verrouillées".
"Ce qui est utile pour nous - que l'entente ait lieu avant, pendant ou après - c'est qu'au total nous arrivions avec une cohésion très forte, sur un spectre large, avec des millions de personnes qui se soient emparées de ce dispositif", a-t-il ajouté.
Le calendrier, une question "sensible"
De la date retenue pour organiser les primaires découle, en partie, la candidature de Dominique Straus-Kahn, en poste au Fonds Monétaire international (FMI) jusqu'en 2012.
D'où une certaine crispation entre les compétiteurs potentiels autour du calendrier et une question centrale : la période finalement retenue de l'automne 2011 pourrait-elle servir les intérêts de DSK ?
"Le grand vainqueur de ce soir, c'est le Parti socialiste ", a coupé court M. Montebourg pour qui "on ne peut utiliser les règles des primaires pour éliminer un concurrent".
Parmi les postulants probables, François Hollande conteste toujours le calendrier, plaidant pour une désignation précoce. Un calendrier tardif serait "une prise de risque dangereuse" qui pourrait mettre en cause la primaire. Certains imaginent, a indiqué le député de Corrèze, "qu'en définitive, plus on met un calendrier tardif pour la primaire, moins elle a lieu"...
Un "parrainage" d'élus est également prévu pour éviter "un trop grand nombre de candidats".
Enfin tous les Français inscrits sur les listes électorales devraient pouvoir participer aux primaires, sous réserve de signer une déclaration sur l'honneur d'adhésion aux valeurs de gauche et de faire un don d'au moins un euro.
Une rénovation en quatre actes
Pour en finir avec vingt-quatre ans d'opposition et renouer avec la victoire à l'élection "suprême", les socialistes doivent, outre les primaires, se déterminer sur trois autres volets: le non-cumul des mandats, la démocratie interne et l'ouverture aux femmes et à la diversité.
Concernant le non-cumul des mandats, M. Montebourg veut une application stricte, dès les sénatoriales de l'automne 2011. Elisabeth Guigou soutient "à fond la position courageuse" de Martine Aubry, "condition de la crédibilité". Mais plusieurs voix, dont Jean-Pierre Bel, président du groupe PS au Sénat, contestent ce principe qui, selon elles, risquerait d'empêcher la gauche de faire basculer le Sénat.
"Tout candidat au renouvellement de son mandat de parlementaire devra abandonner ses (autres) fonctions électives en cas de victoire. Une règle qui ne souffrira pas d'exception", a assuré M. Montebourg.
Le projet sur la rénovation doit être validé le samedi 3 juillet, après un Conseil national (parlement) le 8 juin, puis le vote des militants le 24.
Suivront deux autres conventions, sur l'international (septembre-octobre) et l'égalité réelle (novembre-décembre) qui viendront compléter celle du nouveau modèle de développement ratifié samedi dernier.
DSK, meilleur candidat de 1er tour
Selon un sondage de l'Institut français d'Opinion-Paris Match publié mardi, Dominique Strauss-Kahn est le seul candidat potentiel du PS à devancer Nicolas Sarkozy au premier tour.
Pour cette enquête, l'institut prévoit les candidatures de Cécile Duflot (Europe Ecologie), Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche), Olivier Bescancenot (NPA) et Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) à gauche, de François Bayrou pour le MoDem, de Dominique de Villepin, Nicolas Sarkozy et Nicolas Dupont-Aignan à droite et Marine Le Pen pour le Front national.
Le directeur général du Fonds monétaire international obtiendrait 29% des voix contre 25% pour Nicolas Sarkozy. Martine Aubry récolte 24% d'intentions de vote contre 27% au chef de l'Etat.
François Hollande et Ségolène Royal sont à 18% d'intentions de vote.
Selon les configurations, Marine Le Pen obtient 12% ou 13% d'intentions de vote, au-dessus du score obtenu par son père Jean-Marie Le Pen en 2007.
François Bayrou ne récolte que 8% des voix contre 11 ou 12% face à d'autres socialistes et Dominique de Villepin 6% contre 8% ou 9% dans une autre configuration.
Une autre enquête, réalisée par BVA pour Orange, L'Express et France Inter, place Dominique Strauss-Kahn comme le candidat préféré des Français pour le PS.
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