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Le Parti radical de Jean-Louis Borloo, réuni samedi en congrès, a voté son indépendance vis-à-vis de l'UMP

Le 111e congrès du parti radical, présidé par l'ex-ministre Jean-Louis Borloo, a voté son entrée dans la Confédération des centres et son indépendance vis à vis de l'UMP auquel il était associé depuis sa création en 2002.La Confédération des centres, regroupement de partis de centre-droit, espère peser sur la présidentielle de 2012.
Article rédigé par France2.fr
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Jean-Louis Borloo (à gauche) en train de discuter avec le leader du Nouveau centre (et ancien ministre), Hervé Morin (AFP - THOMAS SAMSON)

Le 111e congrès du parti radical, présidé par l'ex-ministre Jean-Louis Borloo, a voté son entrée dans la Confédération des centres et son indépendance vis à vis de l'UMP auquel il était associé depuis sa création en 2002.

La Confédération des centres, regroupement de partis de centre-droit, espère peser sur la présidentielle de 2012.

Selon Jean-Louis Borloo, interviewé samedi par Le Figaro, "la droite et le centre ont toujours eu besoin de deux candidats" pour remporter la présidentielle.

Militants et élus radicaux (1.500 inscrits) étaient appelés à se prononcer sur une motion prévoyant la participation du plus vieux parti de France à une cette nouvelle entité centriste, et par voie de conséquence, son départ de la formation majoritaire.

Le millier de délégués radicaux réunis dans le 15ème arrondissement de Paris a adopté une motion décidant "dès à présent l'indépendance du Parti radical à l'égard de l'UMP" et "la constitution d'une Alliance républicaine, écologique et sociale".
Le texte, adopté par 93% des votants (4% se prononçant contre et 3% s'abstenant), demande également à "Jean-Louis Borloo de se porter candidat à l'élection présidentielle de 2012".

Une émancipation qui "n'est pas une déclaration de guerre"
"La droite et le centre ont toujours eu besoin de deux candidats" pour remporter l'élection présidentielle, affirme Jean-Louis Borloo dans un entretien paru samedi dans Le Figaro.

Le président sortant Nicolas Sarkozy, dont la candidature ne fait guère de doute pour 2012, plaide pour une dynamique unitaire dès le premier tour de la présidentielle de crainte qu'un éparpillement des voix de droite n'obère ses chances. "Sous la Ve République, pour gagner, la droite et le centre ont toujours eu besoin de deux candidats, avec deux projets", répond Jean-Louis Borloo dans Le Figaro.

L'émancipation du Parti radical, assure-t-il, est "une déclaration d'indépendance, pas une déclaration de guerre. On aurait pu continuer à faire un bout de chemin ensemble, mais ce que l'on appelle communément la majorité a besoin de ses deux piliers, de ses deux forces, de ses deux sensibilités. Or, petit à petit, l'UMP s'est droitisée", relève-t-il.

Interrogé sur les réticences de nombre d'élus radicaux, qui refusent de rompre le contrat de législature scellé avec l'UMP jusqu'en 2012, Jean-Louis Borloo affirme que "la grande majorité des députés et sénateurs radicaux s'exprimeront favorablement ce week-end" sur la création de l'alliance des centres. Il ajoute que la question de la création d'un groupe parlementaire autonome ne se posera pas "avant la rentrée parlementaire de septembre 2011".

Quant à son éventuelle candidature à l'élection présidentielle, Jean-Louis Borloo redit qu'il prendra sa décision "avant l'automne".

La réaction de François Bayrou
Le président du Modem, François Bayrou, a ironisé samedi sur "la danse du centre" et fustigé "l'ambiguïté" et la "grande confusion" au sein de la galaxie centriste. "On ne peut pas être en même temps dedans et dehors, on ne peut pas être en même temps contre et pour, on ne peut pas dire on se sépare et pourtant conserver ce qu'ils appellent pudiquement la double appartenance", a-t-il dit.

"Vous ne pouvez pas avoir été un des principaux responsables du pouvoir pendant 10 ans et dire après "Ils n'ont fait que des bêtises, il faut changer'", a-t-il dit en allusion à Jean-Louis Borloo.

Autre réaction
Le président de Debout la République (DLR), le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, a ironisé samedi sur le "clownesque feuilleton médiatique" offert par le congrès du Parti radical, qui a choisi de "quitter l'UMP sans la quitter", attitude qu'il juge "parfaitement centriste".

Le plus vieux parti de France

Créé en 1901, le Parti radical (PR) est le plus vieux parti de France. A l'origine d'extrême-gauche puis progressivement poussé vers le centre avec l'apparition du socialisme puis du communisme, il a été le pivot de la vie politique française pendant près d'un demi-siècle. Il a fourni 10 des 21 présidents du Conseil de la IVe République, comme Henri Queuille, Félix Gaillard, Edgar Faure et Pierre Mendès France. Il a aussi compté dans ses rangs des grands noms de l'histoire contemporaine comme Georges Clémenceau, Jean Moulin ou Edouard Herriot.

Fondé sur les valeurs de la République et de la laïcité, et lié à la franc-maçonnerie, le radicalisme fait partie en 1936 du Front populaire mais se retrouve cependant majoritairement allié à la droite dans les derniers moments de la IIIe République. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, il se retrouve décimé, beaucoup de ses responsables ayant été déportés ou assassinés pour leur engagement dans la Résistance.

La guerre d'Algérie donnera lieu à une nouvelle scission: l'aile droite, en désaccord avec Pierre Mendès France quitte le parti en 1956. PMF en sera exclu en 1959 après s'être opposé au retour au pouvoir du général de Gaulle. Mais en 1965, les radicaux
soutiennent François Mitterrand à la présidentielle et le rejoignent au sein de la FGDS (Fédération de la gauche démocrate et socialiste).

Avec Jean-Jacques Servan-Schreiber (alias JJSS), élu président en 1971, le parti se lance dans l'aventure des Réformateurs.

En 1972, entraînée par Robert Fabre, une minorité signe le programme commun de la gauche qui finira, cahin caha, par conduire à la victoire historique de François
Mitterrand en 1981. C'est ce choix politique de l'union avec les socialistes (en fait surtout avec les communistes) qui provoqua une nouvelle scission: une partie de ses membres étant partie créer les radicaux de gauche, aujourd'hui regroupés dans le Parti radical de gauche (PRG).

Après la scission de 1972, le PR soutient Valéry Giscard d'Estaing à la présidentielle de 1974 et entre à l'UDF en 1978. Il participera à tous les gouvernements issus de la majorités RPR-UDF. En 2002, une majorité des radicaux participent à la création de l'UMP, après la réélection de Jacques Chirac, et signent un accord d'association avec la nouvelle formation de droite. Le PR n'en demeure pas moins un parti de plein exercice. Même si ses financements sont constitués essentiellement de subventions versées par l'UMP avec laquelle l'adhésion est désormais commune.

Mais, depuis le congrès de 2007, les adhérents n'ont plus systématiquement la double appartenance PR/UMP: ils choisissent où ils ont envie de militer.

Depuis le remaniement du 14 novembre 2010, le PR ne compte plus de ministre au gouvernement, ce qui n'était pas arrivé dans un exécutif de droite depuis 1974. Il conserve 20 députés, 6 sénateurs, 3 députés européens, 22 conseillers régionaux, 58 conseillers généraux, 114 maires, et quelque 700 élus locaux.

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