Le président du collectif Ac Le Feu, candidat aux élections législatives
C'est décidé. Après avoir mené campagne contre l'abstention dans les quartiers populaires, Mohamed Mechmache, le président du collectif Ac Le Feu, sera candidat dans la 12ème circonscription de Seine-Saint-Denis, pour le mouvement 'Affirmation'.
De notre envoyée spéciale à Clichy-sous-Bois, Seine-Saint-Denis - Mohamed Mechamache n'a pas chômé durant la campagne présidentielle. "Ministère de la crise des banlieues" et tour de France des "quartiers", le président du collectif Ac Le Feu, créé au lendemain des émeutes en 2005, avait deux objectifs : remettre la "question des quartiers populaires au cœur du débat politique", et lutter contre l'abstention.
“On a notre part de victoire dans celle de M. Hollande”
Un pari qui semble réussi à Clichy-sous-Bois (93), où plus de 1000 personnes se sont inscrites sur les listes électorales, même si l'abstention (26,91% au 2nd tour) reste plus élevée que la moyenne nationale (19,65%).
“On a bien travaillé, la lutte contre l'abstention a marché. On a senti une mobilisation plus forte dans ces quartiers depuis sept mois, il y a eu un vrai réveil des consciences”, affirme M. Mechmache, président d'Ac Le Feu et éducateur spécialisé.
Dans cette commune de Seine-Saint-Denis, François Hollande a obtenu 72, 07% des votes au second tour. Un score élevé, comme dans de nombreuses villes du département qui abritent des quartiers populaires.
“Je pense qu'on a notre part de victoire dans celle de M. Hollande”, déclare d'ailleurs M. Mechmache.
“La société civile a un rôle à jouer”
Désormais, celui-ci mettra toute son énergie au profit de sa propre candidature dans la 12ème circonscription de Seine-Saint-Denis, qui inclut aussi Le Raincy, Livry-Gargan, ou Montfermeil. Et celle de son collectif aussi.
“C'est une manière d'être dans la continuité du travail de sensibilisation que nous avons mené. Je veux expliquer qu'aujourd'hui la politique n'appartient pas qu'au monde des personnes encartées dans des partis. La société civile a aussi un rôle à jouer, qu'il faut devenir acteur et auteur.”
Peur que “la mayonnaise retombe”
Car le président d'AC Le Feu a peur d'une chose : “que la mayonnaise retombe” après la présidentielle, “où les banlieues notamment ont voté en masse”.
“On a obtenu un score raisonnable à Clichy en terme de participation, mais il reste une marge, il faut aller chercher ceux qui n'ont pas été voter, ceux qui ne sont convaincus par aucun des partis”, dit-il.
Avant d'ajouter : “On entend très peu la voix des quartiers, alors pourquoi pas être leur porte-voix et savoir quel écho je peux avoir en portant leurs idées, leurs paroles”.
Le mouvement “Affirmation”
D'ailleurs, M. Mechmache a choisi de se présenter en indépendant : “Je me présente sans couleur politique, mais plutôt sous le nom de la société civile. Le nom qu'on a donné à ce mouvement c'est Affirmation". Certains membres de ce mouvement, tous transfuges du collectif Ac Le Feu, ont déjà obtenu quelques sièges au conseil municipal en 2008.
Face à lui, l'UMP Eric Raoult qui, prêt à tout pour garder son fief, n'a pas exclu de faire des alliances locales avec le FN. Mais M. Mechmache est serein : “Moi je pars de zéro, je n'ai rien à perdre”, dit-il.
“Attention à ne pas diviser les voix de la gauche”
De son côté Olivier Klein, le maire PS de Clichy-sous-Bois, qui soutient le candidat socialiste Pascal Popelin, ne voit pas d'un mauvais oeil cette candidature.
“Le mouvement Affirmation fait partie de la vie publique, et s'ils estiment que pour exister et faire avancer certaines pratiques dans le champs politique, il est important pour eux de se présenter, c'est leur choix”, explique-t-il.
“Je ne le prends pas comme une candidature ‘contre', mais comme une candidature ‘pour', même s'il faut faire attention à ne pas trop diviser les voix de la gauche”, ajoute tout de même le maire.
“Des signes forts envers les quartiers”
En attendant, M. Mechmache affirme que sa campagne sera différente des autres. “On fera ce qu'on sait faire, poser notre voiture et une sono au milieu du quartier, offrir un café, un thé, échanger et proposer ce qu'on a mis en place par le biais de leur parole”.
Une allusion aux 23 propositions sur l'emploi, le logement, la santé, la citoyenneté, l'éducation, et la sécurité publique soumises aux candidats à la présidentielle pendant la campagne.
« Ces propositions comme la banque associative, le partenariat entre les entreprises et les missions locales, ou la passerelle pour accompagner sur deux ans ceux qui décrochent de l'école, Hollande les a reprises en partie dans son programme, mais ce sont les nôtres », rappelle M. Mechmache.
Celui-ci attend d'ailleurs “des signes forts envers les quartiers” de la part du nouveau président élu. “Les paroles, on les a, j'attends les actes, notamment dans la nomination du gouvernement qui va arriver”, affirme M. Mechmache.
“J'espère qu'il sera en mesure de reconnaître nos efforts et pourquoi pas de nous proposer quelque chose dans son gouvernement justement”, ajoute-t-il.
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