Le torchon brûle entre Robert Ménard et le Front national
Le maire de Béziers, élu avec le soutien du FN, prend ses distances avec le parti de Marine Le Pen et sympathise avec des personnes encore plus à droite sur l'échiquier politique.
La rupture entre le Front national et Robert Ménard est entamée. Le maire de Béziers, élu avec le soutien du FN lors des dernières élections municipales, n'est pas invité au meeting que Marine Le Pen et Louis Aliot, respectivement présidente et vice-président du parti, doivent tenir dans la ville, vendredi 9 mai.
A l'origine de cette brouille, les distances que Robert Ménard prend avec le FN. Et l'équipe qu'il a constituée, avec des personnes aux positionnements politiques plus radicaux encore que ceux du FN. L'ancien leader de Reporters sans frontières a nommé comme directeur de cabinet André-Yves Beck, ancien collaborateur de Jacques Bompard à la mairie d'Orange et ancien membre, selon Mediapart, des mouvements d'extrême droite Troisième voie et Nouvelle résistance. Comme chef de cabinet, Robert Ménard a choisi de Christophe Pacotte, qui a intégré en 2012 le bureau du Bloc identitaire, un autre mouvement d'extrême droite radicale.
Des gens "plus radicaux que ne le sera jamais le FN"
"Il y a peut-être une certaine contradiction en disant 'je ne suis pas Front national' comme s'il avait en face de lui un épouvantail, tout en prenant à son cabinet des gens qui sont beaucoup plus, beaucoup plus radicaux que ne le sera jamais le Front national", a déclaré Louis Aliot sur France Culture, mercredi 7 mai.
"André-Yves Beck a été un adversaire acharné du Front national et de Jean-Marie Le Pen depuis toujours : nous ne partageons pas les valeurs de son combat", a développé Louis Aliot, tête de liste du FN dans le Sud-Ouest pour les élections européennes.
"On l'a soutenu lors des élections municipales pour lui rendre la pareille après ce qu'il avait fait pendant la présidentielle, avec son livre Vive Le Pen !", a expliqué Louis Aliot au Monde. "Il fait ce qu'il veut. Mais il a plutôt intérêt à agir avec le FN à Béziers. On va recréer une section dynamique, le Front va grandir. Et il l'aura dans les pattes s'il continue à nous dénigrer de la sorte", a prévenu le vice-président du FN.
Robert Ménard se dit "dans la clarté"
Le maire de Béziers s'est toujours défendu d'être frontiste. "J'ai été soutenu par quatre partis, dont le Front national, même si les médias ont surtout retenu ce parti-ci", a-t-il souligné le soir de sa victoire.
En octobre 2013, Robert Ménard a assumé sans sourciller ses liens avec des personnes issues du Bloc identitaire. "Ils nous aident dans la campagne. Ils sont les bienvenus. Je suis dans la clarté, quand d'autres sont dans le double langage", a-t-il déclaré au Midi Libre.
Il s'est expliqué au micro d'Europe 1, estimant qu'il y a "prescription" pour les actes de ses collaborateurs : "André-Yves Beck a sûrement dit des bêtises, et même fait des conneries, il y a plus de 20 ans, mais il y a prescription. En ce qui concerne Christophe Pacotte, il était au Bloc identitaire, car avant d'entrer au cabinet, je lui ai demandé de démissionner du parti, ce qu'il a fait. Ce sont des gens qui ont du talent. Il y a autour de moi des gens de toutes les sensibilités."
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