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Législatives : la vie n'est pas rose pour les stars du PS

Le parlement du Parti socialiste doit entériner samedi les candidatures qu'il soutiendra en juin prochain. Un processus qui, dans certaines circonscriptions, provoque de vives tensions... qui n'épargnent pas plusieurs personnalités du parti. 

Article rédigé par Bastien Hugues
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les socialistes Malek Boutih, Julien Dray, Elisabeth Guigou et Jack Lang. (AFP PHOTO / Montage FTVi)

La méthode devait fatalement provoquer des couacs ici ou là. Au lendemain de la primaire présidentielle, le PS a fait voter ses militants, mercredi 30 novembre, pour désigner les candidats qui porteront les couleurs socialistes aux législatives de juin 2012. Un vote uniquement consultatif, puisque la direction du PS peut outrepasser l'avis sorti des urnes, ou imposer tel ou tel candidat dans telle ou telle circonscription.

Du coup, alors que le parlement du parti entérine samedi 10 décembre les candidatures qu'il soutiendra en juin, plusieurs cas rendent l'ambiance singulièrement tendue. Sans parler des accusations de corruption qui secouent la fédération du Pas-de-Calais. 

• Malek Boutih demande la suspension de Julien Dray

Malek Boutih et Julien Dray ne sont plus potes. Le premier, ancien président de SOS-racisme comme le second, accuse l'autre de "tricherie" et a décidé de saisir la direction nationale du PS, mercredi 7 décembre, pour demander la "suspension" de Julien Dray.

En cause, le gel de la dixième circonscription de l'Essonne par le PS en attendant que Dray se déclare candidat - les militants n'ont donc pas voté -, et où Boutih aurait aimé être désigné par le parti. Furieux, ce dernier assure avoir des "éléments matériels" prouvant que son ancien ami a truqué le fichier des militants socialistes de la circonscription. 

Julien Dray, élu depuis 1988, nie toute fraude : "Malek Boutih est en perdition. Je suis triste de le voir réduit à cela." 

• Le cas Jack Lang continue de semer la pagaille

Dans la sixième circonscription du Pas-de-Calais, c'est Jack Lang qui pose problème. Le député sortant a refusé de se soumettre au vote des militants, mais n'a pas retiré pour autant sa candidature.

L'ancien ministre, membre de l'équipe de campagne de François Hollande, pourrait donc être investi de force par la direction du PS. "L'aigreur des militants serait totale !", prévient Brigitte Bourguignon, secrétaire nationale du Parti socialiste aux sports, et candidate désignée lors du vote du 30 novembre.

• Face à Marine Le Pen, les candidats PS s'accusent de tricheries

Toujours dans le Pas-de-Calais, les socialistes se divisent aussi du côté d'Hénin-Beaumont, où Marine Le Pen sera probablement candidate en juin.

Pour la défier, plusieurs socialistes briguaient l'investiture des militants. Notamment le député sortant, Albert Facon, et deux maires de communes voisines, Jean-Pierre Corbisez et Philippe Kemel. Mais le vote vire "au grand n'importe quoi", rapporte La Voix du Nord : Corbisez arrive d'abord en tête, Facon dénonce des fraudes, des voix sont recomptées, et Kemel est finalement désigné vainqueur.

Les deux vaincus ont déposé des recours en annulation devant les instances du PS. Le résultat sera connu samedi. 

• Face à Duflot et Contassot, ça grince toujours à Paris

A Paris, le parachutage de la secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, auquel la Rue de Solférino ne s'est pas opposée, ne passe toujours pas dans les rangs socialistes.

Première victime, la députée sortante Danièle Hoffman-Rispal ne décolère pas : "C’est une goujate. Elle ne m’a même pas téléphoné. (...) Je suis la première licenciée au PS sans entretien préalable", réagit-elle dans Le Parisien. "Je ne me laisserai pas faire", prévient-elle, laissant entendre qu'elle pourrait présenter une candidature dissidente. 

Situation semblable dans la dixième circonscription de la capitale, également réservée aux écologistes au nom de l'accord PS-Verts. Le député socialiste sortant, Serge Blisko, menace de se présenter contre le candidat d'Europe Ecologie-Les Verts soutenu par le PS (a priori le trésorier de la campagne d'Eva Joly, Yves Contassot). "L'idée chemine", assure Serge Blisko. 

• A La Rochelle, le parachutage de Royal ne passe pas

Imposée de force par la direction nationale du PS, en dépit de candidatures concurrentes, Ségolène Royal doit faire face à une fronde des militants à La Rochelle. Si certains appellent à se ranger derrière la décision de Solférino, d'autres menacent de présenter un candidat dissident. 

Des socialistes charentais manifestent contre le parachutage de Ségolène Royal à La Rochelle, le 1er décembre 2011. (XAVIER LEOTY / AFP PHOTO)
Jeudi 8 décembre, dans le quotidien La Charente Libre, Ségolène Royal, qui assume sa volonté de devenir présidente de l'Assemblée nationale en cas de victoire de la gauche aux législatives, dénonce "la violence" et "la vulgarité" de ces attaques. 

• Chassée par Bartolone, Guigou chasse Goldberg

En Seine-Saint-Denis, un jeu de chaises musicales dû au redécoupage électoral a fait une victime : le député sortant Daniel Goldberg, 46 ans. Claude Bartolone a en effet décidé de déménager dans la circonscription d'Elisabeth Guigou. Sans domicile, celle-ci s'est reportée sur la circonscription détenue jusqu'à présent par Goldberg.

Dans un communiqué, l'intéressé "regrette qu’Elisabeth Guigou n'ait pas décidé de participer à de possibles nouvelles conquêtes pour se réfugier dans une circonscription attractive du seul fait de gains électoraux passés auxquels j'ai contribué". Et menace de se présenter en dissidence. 

• Le député Kucheida à nouveau candidat, mais soupçonné de corruption

Dans le Pas-de-Calais, le PS pourrait bien connaître une affaire Guérini bis. La justice a en effet ouvert une enquête sur un financement présumé occulte du PS. Au coeur de cette affaire, Jean-Pierre Kucheida, député-maire de Liévin depuis 1981 et investi le 30 novembre par les militants pour briguer un septième mandat consécutif.

Ces derniers mois, la chambre régionale des comptes a déjà relevé des anomalies dans la comptabilité de plusieurs sociétés d'économie mixte, comme Epinorpa et Adevia, dont Jean-Pierre Kucheida est respectivement président et vice-président.

Martine Aubry s'est saisie du dossier, et a annoncé jeudi 8 décembre la mise en place d'une commission d'enquête socialiste. La première secrétaire du PS a demandé le gel de la circonscription de Kucheida, "dans l'attente des suites judiciaires qui pourraient être données".

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