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"Les Français pourraient voter pour le plus expérimenté"

Qui donc l’emportera? A 9 mois du scrutin, rien n’est clair. Même fluctuants, les sondages fournissent des pistes. Pour le directeur adjoint du département opinion de l’Ifop, Jérôme Fourquet, la situation devrait se décanter après la primaire au PS
Article rédigé par Florencia Valdés Andino
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy et François Hollande à Egletons (Corrèze) le 28 avril 2011. (AFP - PHILIPPE WOJAZER)

Qui donc l'emportera? A 9 mois du scrutin, rien n'est clair. Même fluctuants, les sondages fournissent des pistes. Pour le directeur adjoint du département opinion de l'Ifop, Jérôme Fourquet, la situation devrait se décanter après la primaire au PS

Aujourd'hui, quels sont les facteurs qui brouillent les pistes ?

Il y a un fort contraste par rapport à 2007. A ce moment-là, on arrivait à la fin du cycle "Chirac". On a alors constaté un taux très important d'inscription sur les listes électorales. Le phénomène était en partie lié à la peur qu'un 21 avril 2002 se reproduise. Il faut dire aussi que la campagne passionnait les Français. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou représentaient le renouveau dans leur camp respectif. Ils incarnaient une véritable rupture par rapport aux traditions de leurs partis. On croyait qu'il suffisait de dire 'quand on veut, on peut'. On s'est aperçu que ce n'était pas du tout le cas.

Serait-il possible de reproduire cet engouement aujourd'hui ?

Non, la crise est passée par là. On a constaté qu'au niveau national, les pouvoirs politiques ont très peu de marge de manœuvre par rapport aux marchés. Les trois finalistes de la dernière présidentielle ne sont pas du tout où ils en étaient en 2007. Royal a été marginalisée, Bayrou a du mal à se relever et Nicolas Sarkozy est au plus bas dans les sondages.

Pourtant, selon le baromètre mensuel Ifop-Journal du Dimanche, la popularité de Nicolas Sarkozy est de nouveau en hausse…

Oui mais il faut être prudent. Il a quand même battu un record d'impopularité. Sa remontée dans les sondages correspond à son action au niveau international et au rôle qu'il a joué pour que soit adopté. De leur côté, les socialistes bénéficient d'une situation très favorable. Dans ce contexte, Sarkozy a une position de challenger.

Y a-t-il un favori ?

Non il n'y a pas de favori car les intentions de vote pour le PS reposent plus sur un rejet du président actuel que sur un véritable programme moteur. La primaire socialiste n'a pas encore eu lieu et Hollande et Aubry sont au coude-à-coude. Au final, la compétition se jouera probablement entre les deux.

Nicolas Sarkozy pourrait donc être battu…

Rien n'est moins sûr. Pendant une campagne présidentielle, les Français veulent qu'on leur parle des sujets nationaux. Mais avec un climat international aussi anxiogène, le rôle de la France dans le monde va être un facteur important dans la présidentielle. On a ainsi eu qui a relancé le débat sur le nucléaire, les révolutions arabes et le conflit en Libye. Il suffit qu'un nouvel évènement de cette ampleur se produise pour redistribuer les cartes. Ce qui pourrait jouer en faveur de Nicolas Sarkozy. Dans ce contexte, les électeurs pourraient se montrer prudents et choisir le plus expérimenté. Si Dominique Strauss-Kahn était dans la course, l'issue aurait été différente car il avait une stature internationale.

Marine Le Pen fait-elle le poids ?
Un 21 avril n'est pas du tout exclu. Depuis qu'elle a pris la présidence du Front national, elle a réussi à monter dans les sondages. Elle a conservé les fondamentaux du parti, à savoir les thèmes de l'identité nationale, de l'immigration et de la sécurité. Mais elle tient un discours davantage tourné autour des thématiques économiques et sociales en parlant des délocalisations, des bénéfices des entreprises du CAC 40... La candidate du FN attire ainsi un électorat de gauche. Son discours est aussi moins machiste, elle arrive à avoir un électorat féminin. Et même si sa cote de popularité ne remonte plus dans les sondages, elle reste dans le trio de tête. Elle est donc en embuscade.

Quand l'offre politique sera-t-elle plus claire pour les électeurs ?

Normalement, tout sera plus clair après la primaire socialiste d'octobre. A ce moment là, Borloo aura aussi déclaré s'il y va, d'autres candidats comme Dominique de Villepin auront sans doute jeté l'éponge. A mon sens, ce probable candidat du centre droit est fini dans la mesure où il ne recueille que 2% d'intention de vote. Son entourage a rejoint le gouvernement ou l'a quitté. En janvier ou février, tout sera limpide, selon la tradition.

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Les intentions de vote pour la présidentielle de 2012

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