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Les quatre raisons qui expliquent la victoire de François Hollande à l'élection présidentielle

François Hollande président. Quatre raisons expliquent cette victoire : le bilan du sortant, l’entrée en campagne très tôt de François Hollande, la constance de de son positionnement et trois propositions phares. Analyse.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
François Hollande en meeting au Bourget (Thomas Coex (AFP))

François Hollande président. Quatre raisons expliquent cette victoire : le bilan du sortant, l'entrée en campagne très tôt de François Hollande, la constance de de son positionnement et trois propositions phares. Analyse.

François Hollande a été élu dimanche à la présidence de la République. Une première pour un socialiste depuis la réélection de François Mitterrand en 1988. Les quatre raisons d'une victoire annoncée.

Le bilan du président sortant

Pendant toute sa campagne, François Hollande a surfé sur le bilan du "candidat sortant" terme qu'il a systématiquement choisi pour parler de Nicolas Sarkozy, profitant d'un sentiment de rejet de Nicolas Sarkozy. Le candidat socialiste a privilégié trois axes d'attaques contre le bilan de Nicolas Sarkozy.

- Le bilan économique : François Hollande n'a eu cesse de citer les chiffres du chômage, de la dette publique, du déficit.

- La politique sociale : le candidat socialiste a aussi joué sur ce que Laurent Fabius avait appelé le "boulet fiscal" de Nicolas Sarkozy, en clair la loi TEPA de la première année du mandat Sarkozy qui créa notamment le bouclier fiscal. Les corrections apportées à cette loi n'ont guère été perçues par l'opinion et l'image de Nicolas Sarkozy "président des riches" est restée ancrée. Le président sortant a aussi souffert de la hausse de la TVA votée début 2012 et applicable en octobre prochain. Une mesure qu'a promis de supprimer François Hollande

- La façon de présider : "un président qui décide de tout et qui n'est responsable de rien", "une présidence zig-zag", François Hollande a aussi multiplié les critiques contre Nicolas Sarkozy sur son image présidentielle. A contrario, M. Hollande a promis d'être un "président normal". Symbole de ces attaques, son anaphore lors du débat d'entre-deux-tours sur "moi je serai un président… ".

Une campagne commencée tôt

François Hollande est entré en campagne en mars 2011. Pour cette campagne, François Hollande a modifié son image, et son style. Le "monsieur petites blagues", cher à Laurent Fabius, s'est effacé laissant place à un candidat jouant le sérieux et la crédibilité. La longueur de la campagne a permis d'installer son image et son discours dans l'opinion

Il a bien sûr profité du retrait de Dominique Strauss-Kahn contre qui il n'avait pas hésité à être candidat pour la primaire, contrairement à Martine Aubry ou Ségolène Royal. Le succès populaire des primaires a donné du poids à sa victoire, installant dans l'opinion son image, qu'il a peaufinée tout au long de sa campagne, notamment après son discours du Bourget.

D'autres atouts ont permis le succès. Premier secrétaire du PS pendant onze ans, François Hollande a une excellente connaissance du Parti socialiste, de ses cadres, de ses militants, du terrain. Un atout indispensable pour mener campagne.

Des thèmes de campagne constants

Durant cette campagne, qui a donc duré plus d'un an, François Hollande a toujours tenu le même discours.

Avec cohérence et constance, il a martelé, depuis son annonce de candidature, les mêmes propos, insisté sur les mêmes thématiques, avancé les mêmes propositions, sans changer de cap ou de direction, selon les événements. C'est frappant en écoutant son discours tenu à Tulle, en mars 2011.

Idée force de la thématique "hollandaise" : "offrir à la génération qui vient un avenir meilleur que le nôtre", une phrase qu'il a répétée à chacun de ses meetings. C'est sur cette idée, qu'il a appelé le "rêve français" et qui répond aux angoisses liées à la crise, et cela depuis de nombreuses années, que François Hollande a construit son programme. Contrat de génération, avenir de la jeunesse, pacte de croissance, ces propositions ont été développées pendant toute la campagne.

Trois marqueurs efficaces

Derrière cette constance, François Hollande a aussi été capable de "coups" qui ont donné une image forte à son programme.

Tout d'abord il a rassemblé aussi bien les partisans du "oui" que du "non" au traité constitutionnel européen de 2005 en affirmant qu'il imposerait la renégociation du traité européen signé par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel.

Deuxième coup, l'annonce de la création de 60 000 postes dans l'éducation nationale en pleine campagne des primaires. "Je fais la proposition de faire une loi de programmation qui permettra de récréer des postes sur les cinq ans. On créera les 60 000 à 70 000" postes avait il affirmé le 9 septembre dernier.

Troisième marqueur : alors que Nicolas Sarkozy vient d'entrer en campagne, François Hollande surprend tout le monde, y compris une grande partie de sa propre équipe de campagne, en annonçant qu'"au dessus d'un million d'euros par mois, le taux d'imposition devrait être de 75%".

Il a été bien sûr plus facile pour François Hollande qui a fait quasiment toute la campagne en tête, selon les sondages, de garder ce cap qui l'a amené à l'Elysée.

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