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Non, la France n'a pas autorisé le retour de 200 jihadistes laissés en liberté, comme le dit Laurent Wauquiez

C'est ce qu'a soutenu Laurent Wauquiez sur franceinfo vendredi. 

Article rédigé par Lorrain Sénéchal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Laurent Wauquiez, président du parti Les Républicains. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

Laurent Wauquiez a-t-il propagé une infox ? Invité de franceinfo vendredi 17 mai, le président du parti Les Républicains a maintenu que le gouvernement avait "autorisé le retour de 200 jihadistes" en France et laissé penser qu'une partie serait en liberté.

Quand Marc Fauvelle, qui l'interviewe sur franceinfo, lui oppose que la France n'a pas autorisé le retour "en liberté" de 200 jihadistes, et qu'ils reviennent pour être jugés, Laurent Wauquiez assure que c'est "faux" : "Ils ne sont pas tous jugés. La ministre de la Justice [Nicole Belloubet] a elle-même reconnu qu'il y avait 200 jihadistes qui étaient de retour en France, tous ne sont pas poursuivis. C'est quand même très grave."

"Moi, je suis allé à Mossoul, poursuit Laurent Wauquiez. J'ai vu ce qu'était la barbarie de Daech. Qu'on envisage dans notre pays de faire revenir les jihadistes comme ça a déjà été fait..."  Renaud Dély l'interrompt pour le faire préciser : "Qui sont revenus, ou qui ont été rapatriés par le gouvernement ?" Laurent Wauquiez répond : "On a accepté qu'ils soient rentrés (...). Aux douanes, on a refusé de dire 'non, vous ne rentrez pas'. C'est quand même énorme."

Laurent Wauquiez fait référence à une interview de Nicole Belloubet du 24 mars sur BFMTV. Dans l'émission, la question du retour des jihadistes français est abordée (à partir de 34 min 50 sec). "Il y a déjà des personnes qui sont revenues depuis quelques années", dit-elle. Combien ? "A peu près 200 adultes et 80 enfants, répond-elle. Ils sont en détention ou ils sont sous contrôle. Il n'y a pas de difficulté de ce côté-là. Ces gens-là sont extrêmement surveillés (...). Nous parlons de détenus terroristes et qui sont pris en charge comme tel, qui sont isolés, dans des établissements adaptés pour les recevoir."

Laurent Wauquiez avait réagi dès le lendemain à cette interview en pointant la contradiction, à ses yeux, avec les déclarations d'Emmanuel Macron, qui assurait qu'il n'y avait pas de "programme de retour des jihadistes". Il avait appelé à prendre "les mesures qui s'imposent" et renouvelé sa proposition d'une sorte de procès de Nuremberg pour les Français ont combattu avec le groupe Etat islamique. Un tribunal pénal international porté par l'Europe qui jugerait ces jihadistes.

L'erreur de Laurent Wauquiez vient probablement du tweet publié le 24 mars à 12h52 par BFMTV (retweeté le 25 mars à 16h30 sur son compte) qui tronque la phrase de Nicolas Belloubet et parle simplement de 200 adultes "revenus" et "surveillés". Le ministère de la Justice l'a confirmé à franceinfo : tous sont judiciarisés, tous ont été arrêtés aux aéroports ou se sont rendus. Aucun n'est dans la nature. 

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