Revalorisation des retraites : pourquoi l’annonce de Laurent Wauquiez irrite le camp gouvernemental

L'annonce par Laurent Wauquiez au 20 heures de TF1 d'un accord trouvé avec Michel Barnier sur la revalorisation des retraites a pris de court ses partenaires au Parlement.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Laurent Wauquiez, président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée nationale, le 22 octobre 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Devant les députés mardi 12 novembre, le Premier ministre Michel Barnier a confirmé que les retraites seront partiellement revalorisées en janvier à hauteur de la moitié de l'inflation au 1er janvier pour tous les retraités avec une deuxième revalorisation en juillet pour les retraites inférieures au Smic. Le président du groupe Droite républicaine à l'Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, avait déjà annoncé la veille avoir trouvé un compromis avec le gouvernement pour que "toutes les retraites" soient revalorisées.

La victoire affichée par Laurent Wauquiez sur TF1 a passablement agacé les députés macronistes. "Ce n'était pas à Wauquiez de l'annoncer", enragent des élus qui ont trouvé son attitude scandaleuse. Ce qui les a aussi irrités, c'est que le patron du groupe Droite républicaine en profite pour égratigner ses alliés, en jugeant "inadmissible que les retraités payent les pots cassés de ceux qui ont dépensé sans compter". En clair : les macronistes au pouvoir depuis sept ans.

Une demi-victoire

Pour Laurent Wauquiez, il s'agit d'apparaître comme le défenseur des retraités, histoire de recueillir les gains politiques auprès de cet électorat. Il avait refusé le poste (compliqué) de ministre de l'Économie et prend donc moins la lumière qu'un Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur. Il cherche donc à exister autrement. Si les macronistes font grise mine, les Républicains eux se frottent les mains de cette victoire car, dans leurs circonscriptions, le gel des pensions passait très mal.

Mais paradoxalement, si les macronistes s'indignent sur la forme, ils veulent relativiser sur le fond. Pour Gabriel Attal et ses députés, Laurent Wauquiez a obtenu une demi-victoire : un gel moins élevé que prévu au départ. Pas de quoi se glorifier pour autant. "Sur le long terme, les gens vont y perdre et les Français vont vite le voir", pointe un député de premier plan. 

La séquence a surtout ravivé les tensions au sein de la fragile majorité relative de Michel Barnier, que le Premier ministre appelle "le socle commun", alors qu'en réalité "il n'y a pas de socle et rien de commun", tranchent des macronistes. "C'est humiliant que LR et ses 47 députés aient gain de cause avant nous", enrage une macroniste. Pour les troupes du président, il s'agit maintenant d'avoir leur victoire à eux : sur les cotisations patronales. Pas d'augmentation du coût du travail, c'est ce qu'ils veulent obtenir de Michel Barnier. Au gouvernement, on assure y travailler, et s'il y a un compromis sur ce point, Gabriel Attal pourra à son tour faire une grande annonce publique s'il le souhaite. "C'est le calendrier de l'Avent des cadeaux pour chaque groupe de la majorité, grince un conseiller ministériel. Il faut que chacun ait sa case." 

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