Présidentielle 2022 : comment expliquer la percée de Valérie Pécresse dans les sondages ?
Tout juste désignée par les adhérents du parti, la candidate LR à la présidentielle s'envole dans les sondages. Mais cette tendance mérite d'être remise en perspective.
Franceinfo tient à rappeler qu'un sondage n'est pas une prédiction, mais une photographie de l'opinion à un instant donné. Un sondage est nécessairement assorti d'une marge d’erreur, dite aussi "marge d’incertitude" ou "intervalle de confiance". Plus l'échantillon est faible, plus la marge d'erreur progresse. Pour plus de détails, voici tout ce qu'il faut savoir pour décrypter les sondages.
Une succession de bons sondages. Valérie Pécresse réalise ces derniers jours, en parallèle de sa désignation par les militants Les Républicains, une percée notable dans les enquêtes d'opinion de plusieurs instituts. Selon le sondage Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo et Le Parisien-Aujourd'hui en France publié mercredi 8 décembre, la candidate LR à la présidentielle apparaît en deuxième position, derrière Emmanuel Macron et à égalité avec Marine Le Pen, avec 16% des intentions de vote au premier tour (en hausse de 4 points par rapport au mois d'octobre).
Chez Harris Interactive, elle gagne également trois points, à 14% d'intentions de vote, dans un sondage publié le 6 décembre pour Challenges. L'institut Ifop la place à 17% dans un sondage publié le même jour pour Le Figaro et LCI, soit 7 points de plus que lors de leur dernier baromètre. La présidente de la région Ile-de-France rattrape là aussi la candidate du Rassemblement national, créditée du même score (et qui perd 2,5 points).
Pour la première fois, le 7 décembre, un sondage d'Elabe pour BFMTV et L'Express, a même donné l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy gagnante au second tour face à Emmanuel Macron, avec 52% intentions de vote contre 48 pour le président sortant. Au premier tour, Valérie Pécresse était créditée de 20% dans cette enquête d'opinion, soit 11 points de plus que lors du précédent sondage.
Une notoriété boostée par le congrès LR
L'entourage de la candidate ne peut que se réjouir de cette envolée sondagière. "C'est effectivement le souffle que nous attendions et que nous pressentions à l'issue du congrès, assure à franceinfo le député LR de l'Essonne Robin Reda, soutien de la première heure de Valérie Pécresse.
"La révélation est réussie et on a retrouvé l'oreille attentive de ceux qui s'étaient détournés de nous."
Robin Reda, député LRà franceinfo
L'ancien maire de Juvisy-sur-Orge estime encore que tout cela est de "bon augure pour leur parler de notre projet" et démontrer "notre crédibilité à gouverner", même s'il faut encore "cranter ce score dans la durée".
Pour les sondeurs, ces bonnes intentions de vote confirment une tendance. "La désignation de Valérie Pécresse a libéré le peuple de droite, décrypte ainsi Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, dans Le Figaro. Il y avait une interrogation sur l'impact de la primaire, avec un corps électoral fortement réduit par rapport à celui de 2016, mais l'effet est là."
Comment expliquer donc "cet effet" Pécresse dans les sondages ? La première réponse tient en deux mots : surprise et notoriété. "Peu de gens la connaissaient avant la primaire. Sa victoire au congrès LR lui a donné une vraie notoriété en à peine quelques jours. Forcément, ça la stimule dans les sondages", estime ainsi le politologue Jérôme Sainte-Marie auprès de BFM.
"Il y a beaucoup de volatilité des électorats"
Ce phénomène est assez classique, nuance Mathieu Gallard, directeur de recherche à l'institut Ipsos Sopra-Steria. "Les candidats peu connus qui remportent une victoire surprise connaissent une hausse dans les sondages. On l'a vu à gauche en 2011 avec François Hollande, en 2016 avec François Fillon et en 2017 avec Benoît Hamon", explique l'expert, qui ajoute que "les médias mettent alors en avant des aspects positifs du candidat désigné à la surprise générale". C'est le cas pour Valérie Pécresse, "peu de gens pariant sur elle, comme c'était le cas avec Fillon" et contrairement à un Yannick Jadot ou une Anne Hidalgo qui étaient les favoris de leur camp pour mener le combat à la présidentielle et qui n'ont pas bénéficié d'une dynamique dans les sondages.
L'enjeu majeur reste d'inscrire cette dynamique dans le temps. "Est-ce que ça dure ou est-ce que ça ne dure pas ?" résume Mathieu Gallard. Le sondeur rappelle l'exemple de Benoît Hamon, monté jusqu'à 18% d'intentions de vote après sa victoire à la primaire socialiste et qui a finalement terminé à 6,4% au premier tour de la présidentielle de 2017. Un scénario que n'imagine pas l'équipe Pécresse. Le camp de Benoît Hamon était "affaibli" et "avec beaucoup plus de porosité avec LFI", assure Robin Reda, convaincu que "l'étiage montre que la droite est attendue".
Reste qu'à ce stade de la campagne, rien n'est figé. "On est à plus de quatre mois du scrutin, rien n'est joué, rappelle Mathieu Gallard. Il y a beaucoup d'incertitude mais aussi de la volatilité entre les électorats." Il convient aussi de rappeler que les sondages ne sont qu'une photographie à un instant T du corps électoral et qu'ils comportent des marges d'erreur. La prudence est plus que jamais de mise. Pour son entourage, "le mot d'ordre, c'est : 'pas de triomphalisme'". Et comme le dirait Valérie Pécresse elle-même, "les sondages, ça va, ça vient, c'est comme la queue du chien".
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