Au dîner de "Valeurs actuelles", Nicolas Sarkozy s'en prend à la "pensée unique"... et à France Télévisions
Invité à débattre, mardi, avec les lecteurs de l'hebdomadaire de droite, le candidat à la primaire a critiqué les "élites perverties" qui brident, selon lui, le débat en France. Il en a aussi profité pour revenir sur son passage, jeudi, à "L'Emission politique" de France 2.
Il est toujours plus aisé de critiquer "la pensée unique" devant une assemblée de fidèles. Nicolas Sarkozy s'est attelé à cette tâche, mardi 20 septembre, lors d'un dîner-débat avec les lecteurs de Valeurs actuelles. Dans le cadre très chic du Pavillon royal, niché au cœur du bois de Boulogne, l'ancien chef de l'Etat se trouve en terrain ami. A côté des 500 convives qui ont déboursé 135 euros pour l'écouter en dégustant du foie gras, il y a là une bonne partie des chroniqueurs vedettes de l'hebdomadaire de droite : Camille Pascal, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, l'ex-navigatrice Maud Fontenoy, membre de la direction des Républicains, ou encore la journaliste Catherine Nay.
Pour mettre l'invité à l'aise, rien de tel qu'un petit mot bienveillant. C'est donc Etienne Mougeotte, président de Valmonde, l'éditeur de Valeurs actuelles, qui en premier lui donne du "cher Nicolas" au micro. "Nous avions prévu une salle de 350 personnes. Vous êtes 500, et malheureusement, tout le monde ne peut pas être là", commence-t-il. "Le 6 août, nous avons vendu 50 000 exemplaires [de l'hebdomadaire] et la couverture, c'était Nicolas Sarkozy. Il y a sans doute une relation de cause à effet", ajoute l'ancien directeur des rédactions du Figaro (2007-2012), critiqué à l'époque pour avoir emmené le quotidien sur une ligne très sarkozyste.
"Monsieur le président, je vous rassure..."
Avant de commencer le jeu des questions-réponses avec le public, le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Yves de Kerdrel donne le ton : "Ce soir, Monsieur le président, je vous rassure : ce ne sont pas des journalistes du service public qui vont vous interroger !" La salle applaudit chaleureusement. Sur la quarantaine de tables dressées, le journalisme made in service public n'est pas en odeur de sainteté depuis le passage, le 15 septembre sur France 2, de Nicolas Sarkozy dans "L'Emission politique".
A son tour sur l'estrade, Nicolas Sarkozy enchaîne. "Vous êtes plus représentatifs du Français profond que le formidable panel choisi par France Télévisions pour m'interroger !", lâche-t-il, accusant la chaîne de lui avoir opposé trois contradicteurs "d'extrême gauche".
Devant ce parterre de convives tout acquis à sa cause, le candidat à la primaire à droite s'en prend aux "élites françaises, perverties par une pensée unique insupportable". "On voudrait nous faire taire !", s'exclame-t-il avant de se lancer dans une énumération.
Prononcer le mot islam, c'est déjà être islamophobe. A la minute où vous prononcez le mot, on exige déjà que vous vous excusiez ! S'excuser de quoi ? Dire qu'il y a un problème massif d'insécurité, on devient un apprenti dictateur ! Poser la question de l'immigration, et on est raciste !
"Expliquer que le climat varie depuis 4,5 milliards d'années et donc que ce n'est pas que la responsabilité de l'homme, et le bûcher est déjà dressé ! Et depuis ce matin, même les Gaulois ça les gêne !", enchaîne-t-il, vingt-quatre heures après avoir créé une polémique sur les ancêtres des Français.
"La majorité silencieuse, c'est moi son interprète !"
Après une nouvelle pique contre France 2 et sa journaliste Léa Salamé, jugée trop véhémente à son endroit, jeudi dernier, Nicolas Sarkozy attaque encore, cette fois en réponse à un jeune homme qui lui demande comment éviter la fuite des cerveaux à l'étranger. "Ceux qui réussissent plus que les autres sont attaqués parce que la réussite est suspecte. Moi, je veux une capacité de réussite pour chacun d'entre nous. C'est compliqué dans un pays comme le nôtre car ça va demander du courage, et certainement des médias orientés un peu plus comme Valeurs actuelles et un peu moins comme France Télévisions !" A chaque fois, les applaudissements redoublent.
Dans la salle, les bras sont nombreux à se lever pour tenter d'interroger l'ancien président. Mais les réponses, longues, se transforment à chaque fois en mini-discours. "Il y a une majorité silencieuse qui voudrait vous poser des questions", tente avec humour Yves de Kerdrel, qui anime les échanges. La réponse tombe aussi sec : "Oui ? Eh bien, la majorité silencieuse, c'est moi son interprète !"
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