Loyers impayés de la gendarmerie : l'ordre de ne pas payer vient directement de l'ex-ministre Gérald Darmanin, selon l'entourage de Bruno Retailleau
C'est en prenant ses nouvelles fonctions de ministre de l'Intérieur que Bruno Retailleau assure avoir découvert que la gendarmerie ne payait plus ses loyers dans plusieurs communes en France entre les mois de septembre et novembre, a appris mardi 8 octobre franceinfo auprès de l'entourage du ministre. En raison d'un important "trou" dans les caisses, la gendarmerie n'est en effet plus en mesure de payer les loyers de ses locaux et de ses logements de fonction à plusieurs communes en France, révèle France Bleu. Selon les informations de franceinfo, l'ordre de ne pas payer vient directement de l'ancien ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
Début septembre, ce dernier a demandé à la gendarmerie de reporter le paiement des loyers de septembre, octobre et novembre en attendant les nouveaux crédits qui doivent arriver en fin d'année, a appris franceinfo auprès de l'entourage de l'actuel ministre de l'Intérieur. Une décision qui, selon cette source, a pour origine trois raisons.
La première raison, c'est une insuffisance initiale de crédits de l’ordre de 200 millions d'euros, la deuxième raison, c'est que le ministère de l'Intérieur n'a pas anticipé les dépenses engagées en raison du conflit en Nouvelle-Calédonie, où de nombreux gendarmes ont été envoyés ces derniers mois. Enfin, troisième raison, selon l'entourage de Bruno Retailleau, le paiement des dépenses liées à la sécurisation des Jeux olympiques et paralympiques n'a pas été évalué à leur juste niveau.
Une suspension de paiement temporaire
C'est pourquoi le ministère de l'Intérieur a dû faire des choix, en priorisant pour les semaines à venir les dépenses liées à l’activité opérationnelle, comme les dépenses de carburant, explique là encore l'entourage de Bruno Retailleau. Le ministère de l'Intérieur assure que cette suspension de paiement est bien temporaire et que les loyers seront réglés, même avec du retard, car il faut l'ouverture de nouveaux crédits en décembre, de l'ordre de 320 millions d'euros.
L'entourage du ministre de l'Intérieur indique que pour éviter de mettre en difficulté les "petits" bailleurs, les particuliers et les plus petites collectivités, le décalage de paiement ne les concerne pas. Un décalage de paiement qui ne concerne pas non plus l'Outre-mer. Le ministère de l'Intérieur a demandé aux commandants de gendarmerie de région et aux préfets de zone de réagir immédiatement dès qu'un problème de paiement surviendrait pour un bailleur fragile.
Une situation structurelle
Enfin, le ministère de l'Intérieur dit comprendre "l'émotion légitime" que peut susciter cette situation des communes qui sont concernées. Le ministre assure avoir conscience de l'image "peu avantageuse que cela donne d'un État qui n'a pas su prévoir. Tout devrait rentrer dans l’ordre au début de l’année prochaine", assure Bruno Retailleau selon son entourage.
Reste que cette situation n'est pas nouvelle, c'est même une situation structurelle pour la gendarmerie, selon les rapports de la Cour des comptes. D'après l'institution, il y a chaque année des dizaines de millions d'euros de loyers qui ne sont pas payés dans les temps par la gendarmerie. Cela représentait au niveau national 170 millions d'euros en 2023, 220 millions d'euros en 2021, et même plus d'un milliard d'euros en 2020, même si l'année était particulière à cause du Covid.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.