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Manifestation propalestinienne : désaccords chez les députés PS

Plusieurs députés socialistes ont annoncé qu'ils seraient présents à la manifestation en soutien à Gaza organisée mercredi en fin de journée à Paris. Une prise de position qui ne fait pas l'unanimité au sein de la majorité. Leur chef de file à l'Assemblée, Bruno Le Roux, leur a même déconseillé d'y participer.
Article rédigé par Agathe Ranc
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Yann Galut (au centre) fait parti des députés socialistes qui assument leur position et manifesteront ce mercredi © MAXPPP)

Les députés socialistes doivent-ils s'abstenir de manifester leur soutien à la Palestine ? Après les débordements survenus en marge des manifestations du week-end à Paris et Sarcelles, la question divise dans les rangs de la majorité.

Plusieurs d'entre eux devraient être au départ de la manifestation qui quittera en fin de journée la place Denfert-Rochereau, à Paris. Leur chef de file à l'Assemblée, Bruno Le Roux, leur a pourtant déconseillé d'y participer, rappelant que la ligne du Parti socialiste, depuis 1974, est de ne pas prendre part aux rassemblements sur le conflit israélo-palestinien.

"J'ai dit à ces députés (qui souhaitent manifester) de faire attention, a-t-il expliqué. Quelle va être leur attitude quand ils vont entendre des choses inacceptables ? Dans ces manifestations, il y a aujourd'hui un certain nombre de mots d'ordre, et des groupes qui viennent pour casser du juif, casser du socialiste. "

"Un sujet de conscience" pour certains

Un appel à la prudence "déplacé" pour Alexis Bachelay, député des Hauts-de-Seine, qui demande :  "Au nom de quoi un député devrait-il s'abstraire de ce qui se passe dans la société ? " Pour lui, manifester ou ne pas manifester est "un sujet de conscience, pas une consigne de vote ".

Il fait partie des 33 députés à avoir signé un appel commun "pour la paix et la justice au Proche-Orient", diffusé dans les rédactions, qui demande "un cessez-le-feu immédiat, un couloir humanitaire, le retrait des troupes israéliennes (...) l'arrêt des tirs de roquette sur Israël et l'installation d'une force internationale de protection ", et rappelle le droit de chacun "à manifester pacifiquement ". 

Parmi les signataires, l'une des figures des frondeurs socialistes, Pouria Amirshahi, mais aussi Pascal Cherki, député de Paris, ou encore Yann Galut, qui ont confirmé qu'ils seraient présents au départ du cortège et le quitteraient "au moindre dérapage ". Certains signataires de l'appel, comme Karine Berger, ont précisé qu'ils ne manifesteraient pas. Mais le député du Cher Yann Galut, qui a déjà critiqué l'interdiction de la manifestation de la semaine dernière à Barbès, assume sa position : "C'est une tradition républicaine, les députés peuvent être au départ des manifestations ".

La précision ne suffit pas pour Daniel Vailant, ancien ministre de l'Intérieur et député de Paris. "Le boulot d'un député, ce n'est pas de défiler et de signer des pétitions ", estime-t-il.

Daniel Vaillant : "Le boulot d'un député ce n'est pas de défiler et de signer des pétitions."

François Hollande reste ferme

Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a lui indiqué respecter la volonté de certains députés socialistes de manifester, et n'entend pas remettre "en cause l'opinion qu'ils expriment ".

Quant à François Hollande, sa priorité, c'est d'éviter les débordements. En Conseil des ministres ce mercredi, il a lui tenu à rappeler la ligne de fermeté du gouvernement. "Le droit de manifester est tout à fait respecté et respectable ", a-t-il concédé, faisant toutefois valoir que "la responsabilité de l'Etat, du gouvernement et du président de la République, c'est de faire respecter l'ordre républicain, de refuser les slogans qui expriment la haine ".

Le gouvernement a dû défendre, ces derniers jours, sa décision critiquée d'autoriser la manifestation de ce mercredi, rappelant, comme l'a fait le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve que l'autorisation d'un rassemblement est la règle, et son interdiction est une exception.

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