Débat présidentiel : un "véritable exercice de vérité" sans effet prouvé
Pour Gaël Villeneuve, docteur en science politique et chercheur au laboratoire Communication et Politique du CNRS, le débat présidentiel est "un moment où l’on est censé prendre de la hauteur, un moment de présidentialisation".
Le débat télévisé, mercredi 3 mai, entre les deux finalistes de l’élection présidentielle sera un "véritable exercice de vérité", a expliqué sur franceinfo Gaël Villeneuve, docteur en science politique et chercheur au laboratoire Communication et Politique du CNRS.
#Debat2017 "il y a une dimension très cérémoniale" analyse Gaël Villeneuve. Des régisseurs de @france2tv disent préférer "faire Fort Boyard" pic.twitter.com/uYClmSHqUt
— franceinfo (@franceinfo) 3 mai 2017
franceinfo : Beaucoup de Français vont regarder ce duel de l’entre-deux-tours. Est-ce que c’est un moment clef pour choisir son vote ?
Gaël Villeneuve : On n’est pas vraiment certain que les gens prennent leur décision de vote pendant le débat. C’est un moment où il y a beaucoup d’informations. Ce débat est peut-être le neuvième, dixième de la campagne, donc la question est toujours de savoir à quel moment les médias ont une influence sur l’élection. Par contre, si on compare ce duel au débat à 11, il sera beaucoup plus difficile pour les deux candidats de mentir, de sortir des petites phrases ou de se cacher ce soir.
Qui a le plus à gagner de ce débat ?
Ce débat est un exercice de vérité. […] C’est un moment où l’on est censé prendre de la hauteur, un moment de présidentialisation. Les deux candidats s’apprêtent à montrer qu’ils font partie du système de la Ve République. Et en même temps, c’est la fin d’une campagne fondée entièrement sur l’anti-système, sur le renouveau.
Marine Le Pen va être prise entre la volonté de "faire" présidente et la volonté de détruire celui qu’elle a en face, en attaquant le système.
Gaël Villeneuveà franceinfo
Alors qu’Emmanuel Macron, il a la légitimité, il a la bienveillance et d’une certaine manière, c’est le candidat le plus présidentiel pour l’instant. […] Il y a dans ces débats, une dimension très cérémonielle, très encadré. D’ailleurs quand j’avais discuté avec des régisseurs de France 2, ils m’avaient expliqué qu’ils préféraient faire "Fort Boyard". Car dans le débat, tout est fixé, c’est quasiment une peinture qu’on leur demande de faire.
Dans l’Histoire, est-ce-que des débats ont pu faire basculer le vote ?
En tout cas, c’est ce que pensent les candidats et leur entourage. Dans l’un de ses ouvrages, Valéry Giscard d’Estaing chiffre quasiment le nombre de voix qu’il aurait gagné lors de son débat face à François Mitterrand (le 10 mai 1974). Pour lui, la phrase "vous n’aurez pas le monopole du cœur", c’est un demi-million de voix. Mais il n’y a aucun moyen scientifique de prouver cette théorie.
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