Marine Le Pen présente un projet de "contre-référendum sur le climat"
La présidente du Rassemblement national voudrait soumettre aux Français 15 questions. Le symbole d'un intérêt croissant pour la question écologique et d'un nouveau pas vers la "normalisation", en vue de l'élection présidentielle de 2022.
Marine Le Pen se montre de plus en plus intéressée par l'écologie. Alors que le projet de loi "climat et résilience" est examiné à l'Assemblée nationale depuis lundi, la présidente du Rassemblement national présente, mardi 9 mars, un "contre-projet de référendum" sur l'environnement. Au menu : 15 questions qu'elle souhaiterait poser aux Français, en lieu et place du référendum proposé par Emmanuel Macron à l'issue de la Convention citoyenne sur le climat.
Son objectif est d'"ouvrir un débat et présenter une autre vision de l'écologie", explique le communiqué de presse du RN. Longtemps absent sur les questions écologiques, le parti a depuis quelques mois ajouté le sujet dans son logiciel, grâce à la notion de "localisme", une sorte de "en même temps" environnemental résumé en une phrase : "sortir d'une vision punitive ou idéologique de l'écologie et (…) promouvoir une écologie humaine qui met l'économie au service du bien-vivre et de la santé, mais aussi au service de la préservation de la nature, de la biodiversité et de nos paysages".
Parmi les propositions de la présidente du RN : soumettre aux Français la possibilité de stopper toute construction d'éoliennes, un combat au nom du "droit au paysage" et "à un environnement sain et durable", que Marine Le Pen avait déjà mis en avant lors des élections européennes de 2019. A l'inverse, dans une formulation bien plus avantageuse, elle propose aux Français de décider s'il faut continuer à investir dans le nucléaire, "énergie décarbonée".
Pas de question sur les pesticides
Dans son projet, le RN prend bien garde à ne pas froisser le monde agricole : aucune question sur les pesticides, mais des propositions pour "restreindre fortement toute nouvelle construction sur des terres agricoles" ou encore pour rémunérer les agriculteurs pour l'entretien des "zones de stockage naturel du carbone (haies, zone humide, etc …)".
Enfin, fidèle à sa ligne anti-mondialiste et souverainiste, Marine Le Pen veut proposer l'interdiction d'installation de nouvelles grandes surfaces, l'importation de produits dont la fabrication ou la production seraient interdites en France, ainsi qu'une taxation sur les produits importés "pour compenser les effets de leur production et de leur transport sur l'environnement".
En se saisissant de ce sujet, longtemps oublié par elle-même et par le RN, celle qui est déjà candidate pour la présidentielle de 2022 entend poursuivre sa "normalisation" et cherche à élargir sa base électorale vers une droite plus modérée, montrant que son projet ne contient pas d'angles morts. Mais derrière ce projet, Marine Le Pen cherche surtout à installer, une nouvelle fois, le match entre les "mondialistes" et les "nationaux". Match que la finaliste malheureuse de la présidentielle 2017 se voit déjà rejouer au deuxième tour de la prochaine élection, face au chef de l’Etat.
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