Référendum, chèques alimentaires, piques : ce qu'il faut retenir de la rencontre entre Emmanuel Macron et la Convention citoyenne pour le climat
Six mois après la remise de 149 mesures pour lutter contre le réchauffement climatique, le président de la République et les membres de la Convention citoyenne pour le climat se sont retrouvés, lundi, pour un échange "franc et direct", selon les mots de l'entourage du président.
Après des semaines de tensions, l'heure était aux explications. Le président de la République, Emmanuel Macron, a échangé, pendant plus de quatre heures, lundi 14 décembre, avec les membres de la Convention citoyenne pour le climat. Cette rencontre intervenait une semaine après des arbitrages jugés décevants par les conventionnels. "Au sein de la Convention, nous pensons que nous sommes passés du 'sans filtre' aux 'cent filtres'", confiait à franceinfo Eric, l'un de ses membres, avant ce rendez-vous.
S'il s'est surtout attaché à défendre les décisions déjà actées, le président de la République a fait quelques annonces. Voici ce qu'il faut retenir de cette rencontre.
Un référendum sur la Constitution
La réunion touchait à sa fin lorsque le président a fait sa principale annonce : la reprise de l'une des réformes constitutionnelles proposées par la Convention citoyenne. Il s'agit de celle portant sur l'article 1er de la Constitution, pour y ajouter un troisième alinéa : "La République garantit la préservation de la biodiversité, de l'environnement et lutte contre le dérèglement climatique" .
"Ce sera une réforme constitutionnelle en un article. Constitutionnellement, elle doit d'abord passer par l'Assemblée nationale, puis le Sénat, et être votée en des termes identiques, a rappelé le président de la République. Ce jour-là, elle sera soumise à référendum".
Des chèques alimentaires pour les plus démunis
Proposée par la Convention, la mise en place de "chèques alimentaires pour les plus démunis à utiliser dans les Amap (associations pour le maintien d'une agriculture paysanne) ou pour des produits bio" ne faisait pas partie des propositions reprises par le gouvernement. "Je suis d'accord sur le chèque alimentaire, donc il faut qu'on le fasse. Vous avez raison", a répondu Emmanuel Macron à un citoyen qui s'inquiétait de cette absence.
De vives critiques
Dans le décor feutré du palais d'Iéna, siège du Conseil économique, social et environnemental (Cese) qui a accueilli les travaux de la Convention, la soirée a été ponctuée par les critiques des citoyens estimant que leur travail a été détricoté par le gouvernement. Cela a commencé dès la première question, posée par Christine. "Comment, en minorant nos propositions, vous pensez atteindre un objectif qui est aujourd’hui 15% supérieur à celui sur lequel nous avons travaillé ?", a-t-elle lancé, en référence au nouvel objectif climatique de l'Union européenne, supérieur à celui de 40% fixé à la Convention.
"La Convention pour le climat vous offre un petit arbre à développer, il est très beau et vous coupez certaines branches, totalement ou partiellement. Finalement, l'arbre est plutôt défiguré. Si on poursuit dans cette logique-là, il ne restera à la fin plus que le tronc", a regretté Pierre, un autre citoyen. Paul, lui, s'est fait plus direct après avoir relevé toutes les mesures renvoyées à plus tard par le gouvernement. "Etes-vous climato-cynique, au point de décider de ne pas atteindre ces objectifs en 2030, ou climato-sceptique ?", a-t-il lancé. "Ce n'est pas sérieux de tenir des propos comme ça", a répliqué le président.
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