Proposition d'augmentation du smic : "On risque d'avoir une baisse de la consommation", déplore un patron
La proposition de Jean-Luc Mélenchon d'augmenter le smic fait réagir Gilles Duault mercredi. Selon le directeur général de Kubli, une telle mesure provoquerait une hausse des prix et "une baisse de la consommation".
Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise à la présidentielle, propose d'augmenter le smic net de 173 euros par mois. Actuellement, un salarié au smic gagne 1 153 euros par mois. Cette politique de relance du pouvoir d'achat inquiète Gilles Duault, directeur général de Kubli, confiserie qui embauche vingt-cinq personnes dont cinq opérateurs au smic. "Au contraire, on risque d'avoir une baisse de la consommation", a-t-il prévenu sur franceinfo mardi 1er mars. Il craint avec cette augmentation "une évolution vers le haut de l'ensemble des rémunérations", ce qui va entraîner "évidemment" une augmentation "des prix".
franceinfo : Craignez-vous que les salariés soient moins employables, avec un smic plus haut ?
Gilles Duault : C'est aussi basique que ça. On ne peut pas imaginer que si le smic augmente, l'ensemble n'augmente pas. On est obligé d'avoir une évolution de salaire en fonction des compétences de l'âge, des savoirs. On va avoir une évolution vers le haut de l'ensemble des rémunérations. Augmenter la main d'œuvre globale de 15%, c'est tout le résultat de l'entreprise qui disparait. Cette augmentation de 15% rapidement du smic va obligatoirement générer un déséquilibre de notre compte d'exploitation.
Une augmentation du smic plus progressive serait-elle plus facile ?
Certainement. Il faut que toutes ces évolutions soient lentes et anticipées. L'augmentation des coûts va évidement provoquer une hausse des prix. J'ai calculé, qu'il fallait que j'augmente mes prix de 4 à 5% assez rapidement. Comment la grande distribution va accepter l'augmentation, comment je vais me positionner par rapport à mes concurrents étrangers ? On fait pratiquement un quart de notre chiffre d'affaires à l'étranger.
Gagner plus pour consommer plus : croyez-vous à cette idée du cercle vertueux défendue par Jean-Luc Mélenchon ?
Je n'y crois pas du tout. S'il y a une relance de la consommation, ça risque d'être beaucoup par l'importation de produits, donc je ne suis pas sûr que ça profite à l'économie française. Au contraire, on risque d'avoir une baisse de la consommation. Le bonbon est vendu à cinq ou dix centimes. Si on l'augmente de 5 à 10 centimes, il ne se vend plus. Et si la main d'œuvre coûte trop chère, on va réfléchir à la mécanisation ou à la robotisation de certains postes.
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