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Présidentielle 2022 : à Amiens, ville d'origine d'Emmanuel Macron, les hésitations des électeurs avant le second tour

Dans la ville où le président sortant a grandi, Jean-Luc Melenchon est arrivé en tête dans les urnes, dimanche soir, avec un peu plus de 700 voix d'avance. Que vont faire les habitants pour le second tour ?

Article rédigé par Benjamin Illy
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les affiches électorales de Marine Le Pen et Emmanuel Macron, sur un panneau le 10 avril 2022. (GERARD HOUIN / MAXPPP)

Le bus s'en va : nous sommes à Amiens Nord, un quartier populaire dit "prioritaire", avec ses barres d'immeubles, dont 70% de logements sociaux. Ici vivent presque 14 000 habitants, dont de nombreux électeurs qui se sont exprimés dans les urnes lors du premier tour de l'élection présidentielle. Malgré les attaches locales d'Emmanuel Macron dans la capitale de Picardie, dimanche, au soir du premier tour de l'élection présidentielle, c'est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête avec 31,45% des voix, devançant donc le président sortant de 700 voix (29,95%), plaçant Marine Le Pen en troisième position.  

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"J'ai voté Jean-Luc Mélenchon" sourit une électrice, une étudiante de 20 ans, qui souhaite rester anonyme. "Je le suis beaucoup sur Twitter, sur les réseaux sociaux. Il met plus en avant la jeunesse. Et puis, il n'y avait pas totalement le choix...", précise-t-elle, avant de confier que pour le second tour, ce sera "le vote blanc". Un peu plus loin, Hamid, agent de sécurité de 43 ans, sort sa carte d'électeur : "Voilà, j'ai voté Mélenchon. Mais qu'il demande de ne pas voter Marine, ce n'est pas bon. On veut un changement !", assurant être "sûr et certain" d'être prêt à voter pour la candidate du RN au second tour. "On reste quoi ? Que cinq ans ! Après, si elle ne plaît pas, ça dégage !" conclut-il.

"Je voterai Macron, à reculons"

En route vers le centre-ville, Sarah, 26 ans, qui travaille dans le marketing et la communication en recherche d'emploi actuellement, le dit sans détour : "J'ai voté Mélenchon. Je n'ai pas voté par dépit, parce que c'est horrible et que c'est un peu fort de dire cela. Mais on n'a pas forcément eu une campagne présidentielle à la hauteur de ce qu'on voulait. Au second tour, je voterai Macron, à reculons. Je n'ai tout simplement pas envie de voter Marine Le Pen".   

Dans ce bar, Béatrice tente sa chance avec deux jeux à gratter à un euro. À 63 ans, cette ancienne employée de maison qui a eu cinq enfants n'est pas encore à la retraite : "J'attends 65 ans pour le minimum vieillesse. En attendant, je vis avec le RSA, 497,30 euros. Je vais voter pour monsieur Macron. Il est Amiénois, il est fort décrié, ça fait cinq ans qu'il est là... Il n'a pas fait tout ce que les gens espéraient. Mais avec le Covid, vous croyez qu'il a eu les coudées franches ? Je trouve qu'il a bien bossé pendant le Covid", estime-t-elle. 

"Les gens ne sont pas contents parce qu'il veut reculer l'âge de la retraite, mais il faut être honnête, on est obligé. Il faut arrêter de se plaindre"

Béatrice

à franceinfo

"Ca va être plus difficile qu'en 2017"

Si Emmanuel Macron est devancé, de peu, par Jean-Luc Mélenchon à Amiens, Béatrice a sa théorie : "Amiens est une ville universitaire, il y a beaucoup de jeunes qui ont voté Mélenchon. Son programme est très intéressant, pour les jeunes, c'est certain. Au second tour, j'y retourne, il y a plutôt intérêt. J'ai un peu peur que Marine Le Pen passe. Elle me fait peur cette femme", glisse enfin Béatrice.

Alors, pour calmer les angoisses des partisans du président sortant, à Amiens, la ville qui a vu grandir Emmanuel Macron, ces militants lui font passer ce mot : "Que le patron vienne nous voir, ça nous ferait plaisir !" sourit Bruno Bienaimé, responsable départemental de La République en Marche. "Le fait que Jean-Luc Mélenchon ai fait un meilleur score s'explique parce que le Parti socialiste disparaît, tout simplement. On est complètement engagés dans l'envie qu'Emmanuel Macron soit réélu. On envisage pas autre chose. On est humble dans notre démarche, on est très conscient que la société évolue, qu'on a eu un mandat avec énormément de tensions. On va continuer à expliquer ce qui va être positif dans le prochain mandat, mais c'est sûr que ça va être plus difficile", avoue ce fidèle du président-candidat. 

Il y a cinq ans, à Amiens, Emmanuel Macron avait largement battu Marine Le Pen au 2e tour avec plus de 72 % des voix.

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