Cet article date de plus de neuf ans.

Mesures anti-terrorisme : entre satisfaction et vigilance

Des moyens humains et financiers supplémentaires pour lutter contre le terrorisme. Le Premier ministre Manuel Valls l'a annoncé ce mercredi : 425 millions d'euros seront débloqués et 2.680 emplois créés aux ministères de l'Intérieur, de la Défense, de la Justice et des Finances. Entre satisfaction et vigilance, retour sur les réactions après l'annonce de ces mesures exceptionnelles.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Le Premier Ministre Manuel Valls a annoncé mercredi la création de 2.680 emplois et la mobilisation de 425 millions d'euros pour lutter contre le terrorisme © MaxPPP)

"Un seul mot : enfin ! Nous sommes aujourd'hui satisfaits de constater que l'angélisme qui prédominait en France semble s'éloigner ", a déclaré Christophe Rouget, chargé de communication au Syndicat des Cadres de Sécurité Intérieure (SCSI). Invité de France Info, ce commandant de police salue la "prise de conscience " des autorités, même s'il insiste : il faut rester vigilant.

"Ces mesures, nous les demandions depuis longtemps, mais nous n'étions pas écoutés. Les services de renseignement ont été malmenés en France, ils ont été cassés en 2008, où on avait voulu créer un FBI à la française mais sans lui donner les moyens et en tuant les RG. C'est tous ce service de proximité de renseignement qui est aujourd'hui un service low cost, qui doit être renforcé afin de détecter au plus près la menace de proximité ".

Satisfaction et soulagement aussi pour Sébastien Pietrasanta, député socialiste des Hauts-de-Seine et rapporteur de la loi sur le terrorisme votée en novembre dernier. Il salue la mobilisation de moyens humains et financiers "importants et inédits ". Il faudra bien sûr "renforcer les services de renseignement ", sans tomber dans les travers d'un Patriot Act à la française, poursuit-il. Un équilibre qu'a su trouver le gouvernement, d'après lui.

"Il y a un équilibre à trouver entre le statu quo qui n'est pas acceptable et un Patriot Act à la française qui n'est pas non plus acceptable en matière de libertés individuelles. Le Premier Ministre a trouvé le bon équilibre en donnant des moyens supplémentaires, tout en garantissant les libertés individuelles ".

Sébastien Pietrasanta, député PS, rapporteur de la loi sur le terrorisme votée en novembre 2014

Déceptions du côté de l'opposition

Du côté de l'opposition, certains affichent leur déception suite aux déclarations de Manuel Valls. A l'image d'Eric Ciotti, député UMP, président du conseil général des Alpes-Maritimes.

Pour Sébastien Huyghe, porte-parole de l'UMP, "on assiste à une volteface du gouvernement ". Le député UMP déplore qu'il ait "fallu 17 morts pour que le gouvernement se rende compte qu'il y avait matière à bouger ."

La présidente du Front Nationale à quant à elle estimé que Manuel Valls passait "totalement à côté du sujet en n'ayant pas un mot sur les problèmes de fond qui forment le terreau du fondamentalisme et le facilitent : absence de frontières et espace Schengen, immigration massive et communautarisme, politique étrangère complice des financeurs de l'islamisme ".

La question de la radicalisation dans les prisons

Parmi les annonces du Premier Ministre, il y a aussi des mesures concernant l'administration pénitentiaire et la lutte contre la radicalisation dans les prisons. L'expérimentation du regroupement des détenus radicalisés sera élargie avec 5 nouveaux quartiers dédiés, après celui de la prison de Fresnes. Une solution partielle, pour le sociologue Farhad Khosrokhavar. Il est  l'auteur d'une étude sur l'islam dans les prisons.

"Je pense que c'est l'une des solutions compte tenu du fait que 1/3 des détenus en France ont des problèmes psychopathologiques et ils sont très influençables. Sur ce point, il y a indéniablement un aspect positif à cette séparation. Mais il y a un autre problème qu'il faudra traiter. Une bonne partie des jeunes qui sont partie en Syrie vont revenir. Ces jeunes là, il y en a beaucoup qui sont de classes moyennes, qui n'ont pas de casier judicaire. Parmi eux, il y en a qui seront des déçus du djihadisme, les mettre avec des djihadistes endurcis pourrait contribuer à les djihadisés ".

"Et puis il y a les traumatisés de la guerre en Syrie, eux aussi les mettre avec des djihadistes endurcis pourrait avoir des effets catastrophiques. Il faudrait donc isoler les djihadistes endurcis et faire en sorte que ceux qui sont susceptibles d'avoir une seconde chance de s'en sortir ne soient pas avec eux. C'est là la difficulté,  évidemment c'est plus facile à dire qu'à faire ".

Farhad Khosrokhavar, sociologue et auteur d'une étude sur l'islam dans les prisons
  (Antiterrorisme : les annonces du gouvernement © IDÉ)
 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.