Migrants : Calais va rester "un cul-de-sac migratoire" (France Terre d'Asile)
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve et son homologue Britannique Theresa May ont signé ce jeudi à Calais un accord de coopération sur le dossier des migrants. Son objectif : lutter contre l'immigration illégale. Il prévoit entre autres, un centre de commandement et de contrôle commun - installé à Coquelles (Pas-de-Calais) côté français, et à Folkestone (côté anglais) - mais aussi le déploiement de policiers britanniques à Calais pour lutter contre les passeurs.
"Calais, cul-de-sac migratoire des politiques européennes"
Sur France Info, Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, relativise la portée de ces annonces : elles "renforcent l’aspect sécuritaire et le Calais cul-de-sac, migratoire, des politiques européennes va continuer ." C'est un projet "logique " dit-il, mais "cela ne va pas régler la crise migratoire à Calais ." Pour Pierre Henry, un autre volet, tout aussi important, n'est pas abordé :
"C'est un renforcement du volet sécuritaire, or à Calais, s’il y a une priorité à mettre en œuvre, c’est tout simplement de sécuriser une voie de migration légale au titre de l’asile."
"Cet accord n'est pas à la hauteur des enjeux européens de la crise migratoire"
Lui aussi très mesuré sur la portée de cet accord, Nicolas Bancel, historien des migrations, professeur à l'Université de Lausanne, considère sur France Info qu' "il est peut-être à la hauteur de l’enjeu local qui concerne Calais, mais il n’est pas du tout à la hauteur des enjeux que pose cette crise migratoire au niveau européen. Le problème se noue dans des pays qui sont actuellement dans un véritable chaos, principalement au Moyen et au Proche-Orient ."
Plus satisfait, Christophe Rouget, commandant de police et membre du SCSI (Syndicat des Cadres de la Sécurité Intérieure, lui, salue sur France Info "une bonne démarche " : "C’est ce que nous demandions, parce que depuis 2003 les Anglais ont réussi à délocaliser leur frontière sur le sol français et ils ne travaillaient pas à la même hauteur que les Français. "
"La Grande-Bretagne a la palme du cynisme"
Le directeur général de France Terre d'Asile se montre très sévère envers la Grande-Bretagne : "Dans cette affaire, elle a la palme du cynisme parce qu’elle a externalisé sur le sol français, avec beaucoup d’habilité, toute sa politique d’asile et de migration. En 2014, la Grande-Bretagne a reçu 31.750 demandeurs d’asile pendant que la France en recevait le double et l’Allemagne sept fois plus. "
Côté britannique, le son de cloche n'est évidemment pas le même : Theresa May insiste beaucoup sur la question sécuritaire. Entre les lignes, le message envoyé aux Britanniques est le suivant : "Regardez, on envoie nos forces de l’ordre, on prend les choses en main." Au plus fort de la crise, la presse tabloïd, et quelques politiciens britanniques, avait beaucoup critiqué la police française, accusée de regarder ailleurs quand les migrants essayaient de passer, de ne pas être efficace. En ouvrant un commandement partagé avec les Britanniques sur place, la réponse est évidente ; sur le ton : "Ne vous inquiétez pas, avec nous, ça va être sérieux. "
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