Mort de Robert Badinter : "Je suis opposé à la peine de mort, mais je suis favorable à ce qu'on instaure dans le droit la perpétuité réelle", affirme Jordan Bardella
Le président du Rassemblent national Jordan Bardella a affirmé ce lundi sur franceinfo être "opposé à la peine de mort", tout en étant "favorable" à la "perpétuité réelle", sorte de "peine capitale", selon lui. Quelques jours après la disparition de l'ancien ministre de la Justice et père de l'abolition de la peine de mort Robert Badinter, le chef de file du RN a assuré qu'il était contre le "rétablissement de la peine de mort".
"Je pense que la perpétuité réelle doit pouvoir être instaurée dans la société française", a répété Jordan Bardella. "La perpétuité réelle n'existe pas aujourd'hui dans le droit français", a-t-il expliqué, ajoutant qu'"il existe une peine de 30 ans maximum soumise à 22 ans de sûreté". Cette forme de peine interviendrait pour des "cas inexpiables", a-t-il expliqué, citant "les affaires de terrorisme, les criminels multi condamnés, notamment dans des affaires de crime ou de pédophilie". "Je pense qu'il y a des cas où, lorsque vous êtes condamné, compte tenu de la dangerosité que vous représentez pour la société, vous entrez en prison, vous ne devriez pas pouvoir en ressortir", a-t-il défendu.
"La perpétuité réelle est déjà dans le droit français aux articles 221-3 et 221-4 du code pénal depuis 1994", lui a répondu dans la foulée sur X le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, précisant qu'il s'agissait "de la peine infligée" au jihadiste Salah Abdeslam pour sa participation aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris. "Jordan Bardella a encore perdu une occasion de se taire", a fustigé le garde des Sceaux. "Il y a une chose qu’ils ne pourront jamais maquiller : leur incompétence !", a-t-il taclé.
La peine de mort, une "différence générationnelle" avec Marine Le Pen
L'occasion pour Jordan Bardella de revenir sur "la différence générationnelle" entre lui-même et Marine Le Pen à propos de la peine de mort. Si la triple candidate à la présidentielle a renoncé au rétablissement de la peine de mort dans son programme de 2017 et de 2022, elle proposait pourtant de soumettre la question par référendum aux Français en 2012. "Je suis pour l'échelle des peines et je pense que la peine de mort (y) participe", expliquait-elle en 2011. En 2015, elle estimait encore qu'"à titre personnel, comme avocate", "un système pénal ne peut pas tenir sans la peine capitale". "Pour moi, la peine capitale, c'est la perpétuité réelle", a balayé le jeune patron du RN. "Marine Le Pen a évolué sur cette question. Elle l'a dit, elle l'a redit lors de la dernière élection présidentielle qu'évidemment, il ne s'agissait pas, dans notre projet présidentiel de 2017 et 2022, de rétablir la peine de mort", a-t-il martelé.
Deux jours avant l'hommage national à l'ancien garde des Sceaux Robert Badinter qui se tiendra place Vendôme à Paris, où siège le ministère de la Justice, le patron du RN assure que son parti "sera représenté" s'il est "invité. "Qu'un hommage comme ça lui soit rendu, ça me semble légitime", a justifié Jordan Bardella. "Encore une fois, ce n'est pas ma mouvance, a-t-il poursuivi, mais je pense que lorsque la personne n'est plus là et que précisément cette personne a servi la République comme ministre, il faut parfois savoir effacer ses convictions personnelles pour s'incliner devant des gens qui ont servi l'Etat". Garde des Sceaux de François Mitterrand (1981-1986), Robert Badinter porta la loi qui abolit la peine de mort, et fut pendant plus de cinquante ans l'une des principales cibles de l'extrême droite. En juin 1981, le président du Front national Jean-Marie Le Pen manifestait en compagnie d'une centaine de policiers sous les fenêtres du ministère de la Justice aux cris de "Badinter assassin !".
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