Mort de Robert Badinter : l’ancien ministre de la Justice est décédé à l’âge de 95 ans
Robert Badinter voit le jour à Paris, en 1928. À 22 ans, il revêt la robe d’avocat et enseigne le droit. En 1972, il défend Roger Bontems, finalement condamné à mort. Robert Badinter, qui assiste à l’exécution, sera marqué à jamais. "Exécuter, c’est couper un homme vivant en deux. Je me suis dit qu’aussi longtemps que je vivrai, je passerai du stade de la conviction d’abolitionniste au stade du militantisme", déclarait-il alors.
En 1977, quand il doit défendre Patrick Henry, accusé d’avoir assassiné un enfant, c’est le combat de sa vie qui commence. Le procès est celui d’un criminel mais surtout celui de la peine de mort, dans une France pas prête à l’abolir. François Mitterand, élu avec la promesse d’abolir la peine capitale, nomme Robert Badinter garde des Sceaux. Le projet de loi arrive naturellement à l’Assemblée nationale.
Infatigable défenseur des droits de l’homme
Critiqué, menacé, Robert Badinter devient le ministre le plus détesté du gouvernement. Pendant cinq ans, il réforme la justice : suppression des juridictions d’exception, renforcement des droits pour les victimes, meilleures conditions de détention. En 1986, François Mitterrand le nomme président du Conseil constitutionnel. Six ans plus tard, ils commémorent ensemble la rafle du Vel' d’Hiv'. Robert Badinter a perdu son père dans les camps. Dans ce lieu de mémoire, quand la foule hue Mitterrand, lui rappelant son passé trouble à Vichy, il explose. "Vous m’avez fait honte en pensant à ce qu’il s’est passé là. (…) Je ne demande rien, aucun applaudissement. Je ne demande que le silence que les morts appellent. Taisez-vous ! Ou quittez à l’instant ce lieu de recueillement. Vous déshonorez la cause que vous croyez servir !", s’était-il emporté.
Sénateur pendant 16 ans, Robert Badinter se posera toujours en infatigable défenseur des droits de l’homme. Épris de justice et d’humanité, au soir de sa vie, il était certain d’être allé au bout de sa conviction.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.