Nicolas Sarkozy a-t-il tenu ses promesses du discours de Toulon de septembre 2008 ?
Le chef de l'État doit prononcer jeudi 1er décembre à Toulon (Var) un discours pour tirer les conséquences des crises. Du déjà vu ? En septembre 2008, il s'était déjà rendu à cette tribune pour annoncer la moralisation des marchés financiers. Bilan.
Nicolas Sarkozy doit prononcer jeudi en fin d'après-midi à Toulon (Var) un discours sur les "conséquences que la France et l'Europe doivent tirer des crises". Un Toulon bis : en septembre 2008, il avait choisi la même tribune pour évoquer les mesures à prendre après la faillite de la banque américaine Lehmann Brothers. Celle-ci avait conduit le chef de l'Etat à dénoncer les "dérives" du capitalisme financier.
Trois ans plus tard, quelques progrès sont à noter. Mais ceux-ci n'ont permis ni de "moraliser" les marchés, ni d'enrayer la crise des dettes souveraines qui touche la zone euro.
La "folie" des marchés
Lors de ce discours de 2008, M. Sarkozy avait fustigé la "loi de la jungle" du système financier qui engendrait "des profits exorbitants pour quelques-uns". Il avait alors annoncé une feuille de route, progressivement mise en place depuis, lors des différents G20 qui ont suivi.
Le but était de "refonder le capitalisme", car "l'idée de la toute-puissance des marchés était folle", jugeait alors le chef de l'Etat. "Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer", avait-il estimé.
Nicolas Sarkozy annonçait alors son intention de "remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial, comme on le fit à Bretton Woods (en 1944)".
Reprendre le contrôle sur les agences de notation
Ironie du sort, il avait dénoncé la toute-puissance des agences de notation. "On a laissé sans aucun contrôle les agences de notation", déplorait-il. Trois ans plus tard, celles-ci ont accentué leur pression sur les Etats alors que la crise des dettes souveraines dans la zone euro s'est agravée.
Et les deux plans de rigueur d'août et novembre 2011 ont eu pour but de rassurer les marchés et de garder le triple A français, s'accordent à souligner les observateurs.
Garantir l'épargne des Français
"Je n'accepterai pas qu'un seul déposant perde un seul euro", avait déclaré M. Sarkozy. Le message visait à éviter une crise de confiance.
La promesse, elle, a été partiellement honorée. L'Etat a bel et bien garanti "la sécurité et la continuité" du système du système bancaire. Mais selon François Bayrou (Modem), "avant les annonces de Nicolas Sarkozy, les dépôts des Français étaient garantis jusqu'à concurrence de 100.000 euros, c'était la loi et heureusement elle a été respectée".
Lutter contre les paradis fiscaux
De fait, cette remise à plat du système financier est un échec. Quelques avancées sont à noter toutefois. Lors du discours de Toulon, le chef de l'Etat avait fustigé les paradis fiscaux.
Depuis 2009, le gouvernement français a passé des accords avec 27 paradis fiscaux, dont le Liechtenstein, les Bahamas et Andorre. Toutefois, la plupart des pays refusent encore de révéler l'identité des contribuables soupçonnés de fraudes.
Encadrer les rémunérations des opérateurs boursiers
Dénonçant les "rémunérations extravagantes des dirigeants et des opérateurs", M. Sarkozy s'était engagé à mieux les encadrer. Mises à mal par la crise, les banques avaient dû accepter que les rémunérations de leur patron soient surveillées, le temps pour elles de rembourser les prêts octroyés par le gouvernement.
Mais en 2009, l'annonce du versement d'un milliard d'euros par BNP-Paribas à ses traders avait relancé la polémique. Le gouvernement avait alors institué une taxe exceptionnelle d'une durée d'un an sur les bonus des opérateurs de marché, qui avait rapporté 360 millions d'euros. Depuis les bonus ont repris.
Ce discours intervient alors que l'avenir de la zone euro est menacé par la crise des dettes souveraines. Depuis plusieurs jours, Paris et Berlin négocient d'arrache-pied pour accoucher d'une "initiative" conjointe destinée à améliorer la gouvernance économique européenne et ramener enfin le calme sur les marchés.
S'il n'est toujours pas en campagne électorale, M. Sarkozy devrait profiter de sa tribune pour assurer qu'il n'a pas subi les évènements et pour attaquer son probable futur rival, au vu des sondages actuels, à l'élection présidentielle, François Hollande.
Reportage de Romain Messy le 1 décembre 2011
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