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Nicolas Sarkozy peut-il être réélu ?

C’est la question qui hante les esprits et relance les spéculations à chaque nouveau sondage. Côté majorité, la confiance est à la hausse. Mais à 102 jours du premier tour de la présidentielle, un Français sur deux n’a pas encore fait son choix.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Nicolas Sarkozy, lors d'une conférence de presse au côté de la chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin le 9 janvier 2012. (AFP - Johannes Eisele)

C'est la question qui hante les esprits et relance les spéculations à chaque nouveau sondage. Côté majorité, la confiance est à la hausse. Mais à 102 jours du premier tour de la présidentielle, un Français sur deux n'a pas encore fait son choix.

Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, les mines se sont légèrement détendues ces dernières semaines.

Si le Président sortant, et très probable candidat à l'élection présidentielle de 2012, est toujours encalminé dans les sondages, notamment en termes de popularité, force est de constater que les courbes entre lui et son principal rival, le socialiste François Hollande, tendent à se rapprocher : 10 points fin octobre, 6,5 mi-novembre et 3,5 avant les fêtes, selon un récent sondage IFOP pour le JDD.

A l'Elysée, certains misent même sur un croisement des courbes, début février.

La prophétie de victoire entonnée par la majorité se vérifiera-t-elle au soir du 6 mai 2012 ? Nicolas Sarkozy, premier Président-challenger dans l'histoire de la Ve République, peut-il rebondir ?

Eléments de réponses.

Un Président challenger
Mathématiquement, et quels que soient les instituts de sondages, François Hollande sort en tête de l'élection présidentielle au 1er comme au 2nd tour, devant Nicolas Sarkozy. Pour autant, scientifiquement, aucun élément ne peut conduire à écarter l'hypothèse inverse.

Outre qu'elle confirme les scores "artificiels" liés à l'effet "primaire socialiste", la tendance au resserrement des courbes entre ces deux rivaux montre que le Président sortant n'a en rien abdiqué, ni perdu de ses qualités "d'animal de campagne".

Ce rapprochement pourrait en outre s'accentuer car non seulement la dynamique profite en théorie au challenger mais l'effet d'annonce de son entrée en campagne devrait par ailleurs jouer à plein.

En attendant, et c'est là le paradoxe, Nicolas Sarkozy, Président sortant, se comporte en challenger.

Un Président en mouvement

Fidèle à sa stratégie de 2007 et son style de présidence, Nicolas Sarkozy impose son tempo.

Multipliant les interventions sur la scène politique intérieure et internationale, il consolide son image d'homme d'action et conforte l'idée d'un capitaine à la manœuvre qui vise à redresser le paquebot France et protéger les Français.

Mais s'il capitalise sur sa crédibilité internationale et la constance de sa détermination, son bilan est jugé très sévèrement par 70% des Français, notamment en matière de pouvoir d'achat.

Or jamais, depuis plus de vingt ans, les sondeurs n'ont enregistré un tel niveau d'impatience sur ce sujet moteur des intentions de vote comme sur celui de l'emploi.

Les réponses concrètes apportées à ces préoccupations financières et les prochaines données du chômage seront donc décisives.

.. dotée d'une artillerie lourde
Le chef de l'Etat peut aussi compter sur une solide armée, d'ailleurs largement passée à l'offensive.

Depuis le début de l'année, la majorité ne cesse de pilonner le camp adverse. Les coups de boutoirs, via cinq ou six ténors, s'enchaînent à un rythme effréné.

Dernier exemple en date, et non des moindres, la sortie de François Fillon, habituellement peu enclin, à la polémique. L' "austère" Premier ministre a pourtant fait le buzz, témoignant d'une belle créativité avec son "scorpionite" et autre "autolyse".

Mais au-delà de la précision de l'attaque, la popularité quasi inentamée du chef de l'exécutif (47%), rend encore plus redoutable son offensive.

Seule lot de consolation pour l'opposition, cet assaut lui aura permis de mesurer la force de la riposte et la motivation de l'adversaire.

Hollande, sympathique mais flou

Toujours favori des sondages à l'entrée du virage 2012, le socialiste François Hollande jouit d'une image contrastée.

S'il inspire plutôt confiance et est vu comme un rassembleur, il est aussi perçu comme flou. Une impression que ne viennent en rien estomper les sorties, pour le moins cacophoniques, de ses lieutenants que ce soit sur le thème de la retraite ou, plus récemment, celui du quotient familial.

S'il veut conserver, voire accentuer son avance lors du premier tour, le député de Corrèze va devoir resserrer ses troupes, rectifier les "couacs" de communication, parer aux défaillances de coordination et préciser ses lignes programmatiques

Sortir de l'esquive
Incontestablement, François Hollande a passé la vitesse supérieure depuis le 31 décembre : meetings, déplacements, adresse aux Français publiée dans la presse, 20 heures de France 2…

Reste que sa marge de manœuvre est délicate. S'il ne peut griller trop tôt ses cartouches et dévoiler des mesures précises et chiffrées face à un rival qui préside et une conjoncture économique très incertaine, il ne peut non plus, trop longtemps, jouer de l'esquive et rester en position d'attente.

Son "premier grand meeting de campagne" prévu le 22 janvier au Bourget, devrait lui permettre de poursuivre sa montée en puissance.

Cultiver le réservoir de voix
Sur le plan des alliances, et en vue du second tour, la candidature François Hollande cumule là encore, atouts et handicaps.

Côté fragilité, la faiblesse politique de son aile gauche arrive en tête.

Dans le sondage Ifop, réalisé du 4 au 6 janvier, le total des voix de gauche passe de 41,5% en novembre à 38% début 2012, avec une candidate écologiste, Eva Joly, qui ne cesse de décliner et un Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) qui ne décolle pas (6%).

Plus grave, la gauche de la gauche, apparaît fortement anémiée : 0,5% pour Nathalie Artaud (LCR) et Philippe Poutou (NPA), des scores situés dans la zone "marge d'erreur", comme la nomment les experts.

Mais ultime paradoxe de ce scrutin, décidément inédit, le salut de M. Hollande viendra peut-être des électeurs de ses autres concurrents.

En cas de second tour et de défaite de leur candidat initial, nombres d'électeurs de Marine Le Pen et de François Bayrou n'excluent pas en effet de voter pour l'ancien premier secrétaire du Parti socialiste.

A leurs yeux, le député de Corrèze garde une crédibilité présidentielle, leur déception, voire leur fort rejet du Président sortant, faisant le reste.

Reste un paramètre qui domine tous les autres. Selon une étude tns-sofres réalisée par téléphone le 3 janvier 2012 pour Canal Plus, 37% des Français déclarent savoir très précisément pour qui ils voteront à cette occasion.

Cela signifie, a contrario, que 63% peuvent changer d'avis.

Preuve que tout reste à faire pour les deux favoris et les autres candidats et que la campagne ne fait que commencer.

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