"C'est désespérant" : au Nouveau Front populaire, les discussions autour du Premier ministre exacerbent les tensions entre le PS et les insoumis

Les deux principales composantes du Nouveau Front populaire, qui s'affrontent sur les négociations autour du Premier ministre, s'accusent mutuellement de saper l'alliance. Au sein du mouvement, l'attitude des insoumis irrite de plus en plus.
Article rédigé par Elie Abergel
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, le 30 mai 2022 à Paris. (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Le Nouveau Front populaire va-t-il définitivement se fracturer ? Ces derniers jours, les prises de bec se multiplient entre LFI et les socialistes, sur fond de négociations autour du nouveau Premier ministre. Jean-Luc Mélenchon accuse Olivier Faure, le patron du PS, de détruire le NFP en ayant participé aux discussions à l'Élysée. Mercredi 11 décembre, le socialiste a répliqué en accusant l'insoumis d'affaiblir le collectif. Les tensions entre insoumis et PS atteignent des sommets.

"On atteint des niveaux inédits, c'est désespérant", s'alarme une cadre écologiste. Le bateau NFP prend l'eau, sous l'œil impuissant des autres partis de l'alliance de gauche. "Halte au feu", demande un sénateur communiste. Mais pour l'insoumis Paul Vannier, les responsables de la crise sont au PS. Le député croit savoir ce qui pousse Olivier Faure à aller au bras de fer avec LFI. "Probablement parce qu'il y a un congrès du PS et que malheureusement, les socialistes sont toujours pris dans ces enjeux strictement internes, analyse-t-il. Olivier Faure est en difficulté pour se maintenir et se trouve dans une sorte de surenchère verbale. Je crois qu'elle n'est pas comprise par les Français."

Personne ne veut prendre la responsabilité de la rupture

Paul Vannier minimise les tensions avec le PS, mais met en garde son partenaire et rival. "À chaque fois, les socialistes ont souhaité se mettre à distance, faire un pas de côté, se mettre au bord de l'alliance, poursuit l'insoumis. J'espère que nos partenaires vont revenir à une forme de raison et seront fidèles à l'engagement qu'ils ont pris devant les électeurs."

La perspective d'une nouvelle dissolution l'été prochain semble ainsi être la seule chose qui empêche désormais le NFP d'exploser. Chaque camp sait ce qu'il a à perdre si la gauche se lance divisée dans de nouvelles élections législatives. "L'honnêteté m'oblige à vous dire que ça compte forcément, avoue un député PS. Tout le monde tremble." Personne ne veut prendre la responsabilité de la rupture, après avoir été élu sur un programme commun. Mais au sein du NFP, l'attitude des insoumis irrite de plus en plus.

"LFI est pénible et tout le monde en a marre."

une proche de la cheffe des Ecologistes, Marine Tondelier

à franceinfo

Mardi, le NFP est apparu divisé publiquement, tous les partis du Nouveau Front populaire sont allés à l'Élysée, sauf les insoumis. "LFI se met dans un coin stratégique pour provoquer une crise durable", s'agace un député PS. Les insoumis ne le cachent pas, leur but est qu'Emmanuel Macron parte avant la fin de son mandat. Un cadre du Parti communiste estime que LFI cherche en fait un prétexte pour rompre, avec comme objectif final une candidature unique de Jean-Luc Mélenchon. Mais "l'avenir de la gauche ne peut se résumer à l'avenir de Jean-Luc Mélenchon", balaie un sénateur socialiste. 

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