Reportage "On en a tous un peu ras-le-bol" : à Paris, les électeurs du NFP sont désabusés par l'absence d'accord sur un nom de Premier ministre

Plus d'une semaine après les résultats des élections législatives, les partis de gauche du Nouveau Front populaire n'ont toujours pas réussi à s'accorder sur un candidat pour le poste de Premier ministre.
Article rédigé par franceinfo - Etienne Cholez
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Une affiche déchirée du Nouveau Front populaire dans une rue de Paris, le 8 juillet 2024. (ARTUR WIDAK / NURPHOTO)

De rebondissements en rebondissement à gauche. La France insoumise a annoncé lundi 15 juillet arrêter les discussions avec le reste de la gauche pour former un gouvernement, tant qu'il n'y a pas d'accord pour une candidature unique au perchoir de l'Assemblée nationale. De leurs côtés, le Parti socialiste (PS), les écologistes et les communistes ont proposé Laurence Tubiana au poste de Premier ministre à LFI, a appris France Télévisions lundi.

Mais que pensent les électeurs qui ont voté NFP aux législatives de toute cette cuisine politique ? Dans un parc du 19e arrondissement de Paris - une circonscription où plus de 60% des électeurs ont voté à gauche dès le premier tour - les habitants sont désespérés : "En fait, je suis hyper inquiète", lance une électrice. "Je suis désabusée", confie une autre. "Je suis inquiet parce que ce n'est pas ce qu'on a voté. On a voté pour un accord commun et là, on voit que ça bloque", déplore un autre.

Sandrine, 63 ans, au chômage depuis quelques années, et proche des socialistes, commence à trouver le temps long : "On en a tous un peu ras-le-bol. Ils n'arrivent pas à se mettre d'accord. Ça serait bien qu'ils se décident vite ou alors on reste sans gouvernement, comme en Belgique et c'était pas plus mal."

La crainte des "petits arrangements d'arrière-boutique"

Le problème selon Pierre, la quarantaine et soutien des écologistes, c'est que les partis ont perdu le sens de l'intérêt général. "Des tractations sont nécessaires mais derrière ça je vois aussi le jeu de manigance et d'ego, explique-t-il. Cela peut être frustrant de se dire que ces gens n'ont pas du tout le sens du collectif." Lui qui a acheté des journaux pour mieux comprendre les coulisses des négociations à gauche, regrette d'en arriver à cette conclusion : "Je vous avoue que les nominations-là, je ne les attends pas. Je ne vois aucune figure pour le moment, ni à gauche ni à droite, qui m'intéresse et que je soutiendrai."

Pourtant, Delphine, une trentenaire professeure de français, a eu un espoir quand le nom d'Huguette Bello a été évoqué, la présidente de la région Réunion, proche des Insoumis : "Je n'avais jamais entendu parler d'elle, mais je trouvais ça bien finalement parce qu'en fait, aucun de ceux qu'on avait pu entendre pendant la campagne ne se mettait en avant. Donc je trouve que c'était plutôt pas mal d'élargir un peu."

L'option est tombée à l'eau et Eddy, un graphiste de 36 ans, électeur insoumis, essaie de prendre un peu de recul : "Je pense que beaucoup de gens attendent que ce soit n'importe qui, du moment qu'ils restent fidèles au programme plutôt que des arrangements qui au final ne parlent pas vraiment aux gens. J'ai un peu peur que si le pouvoir est accessible au Nouveau Front populaire, les petits arrangements d'arrière-boutique et de personnes prennent le dessus sur le programme." Encore faudrait-il qu'Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche, "ce qui a l'air mal parti", disent-ils, avec un sentiment général : "Tout ça pour ça..."

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