Pacte de responsabilité et contreparties : le faux pas du patron du Medef aux Etats-Unis
Invité dans la délégation de François Hollande aux Etats-Unis, Pierre Gattaz a dénoncé les modalités du dispositif promu par le chef de l'Etat. L'exécutif l'a sévèrement recadré.
Le président du Medef a jeté le trouble sur la visite d'Etat de François Hollande aux Etats-Unis. Invité dans la délégation française, Pierre Gattaz a profité, mardi 11 février, du voyage d'Etat outre-Atlantique pour critiquer le pacte de responsabilité du président de la République.
Le patron des patrons a rejeté devant la presse toute idée de contreparties aux 30 milliards d'euros d'allégements de charges proposés dans le cadre du pacte de responsabilité. Le président du Medef, qui avait annulé une conférence de presse à Washington à la demande de l'Elysée, a néanmoins rencontré des journalistes à qui il a dit souhaiter que le gouvernement arrête de "diriger par la contrainte". "Quand j'entends parler de contreparties dans ce pacte, j'entends aussi des gens qui me disent : 'On va vous contraindre, on va vous obliger, si vous n'y arrivez pas, vous allez être punis, on va vous mettre des pénalités'", a-t-il dénoncé.
"Il a dû souffrir d'un problème de décalage horaire"
Cette sortie n'a pas été appréciée par l'exécutif, qui a recadré Pierre Gattaz. "Des engagements, les entreprises doivent également en prendre au niveau approprié pour créer de l'emploi", a réagi François Hollande mardi, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche. Le pacte de responsabilité, c'est "être capable de mobiliser l'ensemble du pays pour un objectif", a-t-il insisté.
A Paris, le gouvernement a sévèrement condamné le président du Medef. Le "dialogue social" ne peut pas "reposer sur des oukases", a réagi mardi à Paris le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, ajoutant que "le décalage horaire parfois peut causer des problèmes". Le ministre du Travail, Michel Sapin, a appelé Pierre Gattaz à la "responsabilité", "y compris à l'étranger". "M. Gattaz doit comprendre qu'on ne va pas reconstruire l'économie par des mouvements d'humeur", a martelé mercredi Najat Vallaud-Belkacem. Ironique, la porte-parole du gouvernement a ajouté : "M. Gattaz a dû simplement souffrir d'un problème de décalage horaire." Et François Rebsamen, chef de file des sénateurs socialistes, enfonce le clou : "Il faut qu'il apprenne à se tenir quand il est à l'étranger."
Pierre Gattaz "s'est pris les pieds dans le tapis"
Pour Les Echos, le président du Medef "s'est pris les pieds dans le tapis" pour des raisons de forme, plus que de fond. "Le discours n’est pas très éloigné des déclarations habituelles du Medef sur le refus du donnant-donnant, des contraintes, des pénalités en tout genre", écrit le quotidien économique. Mais Pierre Gattaz ne s'est pas exprimé lors de ses traditionnelles conférences de presse depuis Paris. Il a affirmé son opposition aux contreparties "haut et fort aux Etats-Unis devant un parterre de journalistes politiques, alors qu’il fait partie de la délégation officielle".
Les Echos rapportent les excuses de "ceux qui veulent l'excuser" : "Il a péché par naïveté, par manque d’expérience." Le quotidien souligne que l'invitation au sein de la délégation officielle est une "chose rare" et que François Hollande "s'en trouve bien mal récompensé". Pas sûr que cet accroc arrange les affaires du Medef, alors que les partenaires sociaux ont jusqu'à début mars pour remettre leurs propositions à l'exécutif sur les contreparties du pacte de responsabilité.
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