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Pacte de responsabilité : le psychodrame entre le patron du Medef et Hollande en quatre actes

En pleine visite d'Etat du président français aux Etats-Unis, Pierre Gattaz a critiqué l'idée d'une contrepartie en échange de 30 milliards d'allègements de charges pour les entreprises. Avant de reculer, recadré par l'exécutif. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le président français, François Hollande, et le patron du Medef, Pierre Gattaz, à l'Elysée, à Paris, le 21 janvier 2014.  (PHILIPPE WOJAZER / AP / SIPA)

Les discussions entre le gouvernement et le patronat autour du pacte de responsabilité vont-elles s'apaiser ? Alors qu'il se trouvait dans la délégation française aux côtés de François Hollande aux Etats-Unis, le patron des patrons, Pierre Gattaz, a affirmé qu'il refusait que le patronat s'engage à créer des emplois en échange de 30 milliards d'allègements de charges pour les entreprises. Le chef de l'Etat et le gouvernement l'ont vertement recadré. Si bien que Pierre Gattaz a fini par reculer. Mercredi 12 février, le président du Medef a évoqué la possibilité d'"engagements chiffrés"

Retour sur ce psychodrame en quatre actes, en pleine visite d'Etat de François Hollande aux Etats-Unis.

Acte 1 : la sortie de Pierre Gattaz

Au premier jour de la visite de François Hollande aux Etats-Unis, placée sous le signe de l'offensive économique, le président du Medef sème le trouble. Il répète la position affichée en France par le patronat : les allègements de charges promis par l'exécutif aux entreprises ne doivent pas s'accompagner de "contrainte" pour les entreprises.

"Il faut arrêter de gérer par la contrainte. Aujourd'hui, quand on parle de contreparties, j'entends aussi des gens qui disent : 'on va vous obliger, vous contraindre, vous mettre des pénalités, si vous ne le faites pas, on va vous punir'", lâche-t-il.

Acte 2 : le rappel à l'ordre de l'exécutif

Le gouvernement goûte peu la sortie du président du patronat. D'autant plus qu'elle survient au cours d'une visite diplomatique de première importance. Le patron des patrons, invité dans la délégation française, avait annulé une conférence de presse à Washington, à la demande de l'Elysée. Il a néanmoins choisi de rencontrer des journalistes et de leur faire cette confidence.

François Hollande, suivi par son Premier ministre et plusieurs ministres, rappelle donc Pierre Gattaz à l'ordre. "Des engagements, les entreprises doivent également en prendre au niveau approprié pour créer de l'emploi", lance le chef de l'Etat, mardi soir, au cours d'une conférence de presse à la Maison blanche. Il faut "être capable de mobiliser l'ensemble du pays pour un objectif", insiste le président socialiste.

Mercredi, Didier Migaud, président de la Cour des comptes, l'organisme chargé du contrôle des dépenses publiques, tente d'éteindre l'incendie en souhaitant que "chacun se retrousse les manches et ait un comportement constructif".

Acte 3 : le recul du patron des patrons

Lors du vol entre Washington et San Francisco avec François Hollande, mercredi, Pierre Gattaz se confie de nouveau à la presse. Et change de ton : "Je n'exclus pas des engagements chiffrés qui seraient des objectifs à partager sur la base d'estimations." Il réaffirme cependant que le pacte de responsabilité ne doit pas être transformé en un "pacte de contrainte".

Pour autant, "sur les contreparties du pacte de responsabilité", il entend rester "ferme sur les prix""On ne pourra pas faire n'importe quoi. Je ne pourrai jamais prendre un engagement juridique dans un environnement instable, mondialisé et très concurrentiel", fait-il valoir.

Mais pour Pierre Gattaz, le "niveau approprié" des engagements qu'a évoqué le président à Washington "est une bonne idée". "Il y aura des engagements de mobilisation sur les apprentis et les emplois à la condition que les choses bougent et que certains verrous se débloquent", assure-t-il. "L'enjeu [est] la création d'un million d'emplois nets en cinq ans auquel je crois".

Acte 4 : les piques de François Hollande 

Malgré ce relatif apaisement, le chef de l'Etat a tout de même décoché quelques piques à Pierre Gattaz devant quelque 3 000 Français de San Francisco, ironisant sur "l'avantage" de l'avoir eu au sein de sa délégation pendant le séjour. "Vous pouvez l'applaudir", a-t-il lancé, déchaînant les rires de la salle. "Il sera même dit que j'ai fait applaudir le président du Medef", a-t-il alors plaisanté avant d'enchaîner sur le même registre moqueur : "Je ne doute pas qu'il me rendra la pareille le moment venu, ça fait partie du pacte de responsabilité, je l'avoue."

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Le prochain round entre l'exécutif et le Medef doit avoir lieu le 28 février, pour les premières discussions sur le pacte de responsabilité entre le patronat et des syndicats.

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