"Pacte" proposé par Manuel Valls à EELV : les écologistes à couteaux tirés
Le Premier ministre tend la main aux écologistes... Mais ces derniers sont toujours divisés, alors que doit avoir lieu, samedi, une réunion cruciale. Réactions.
Rejoindront, rejoindront pas le gouvernement ? La question se pose de nouveau pour les écologistes, un peu moins d'un an après le départ de Cécile Duflot du gouvernement. Manuel Valls juge possible un remaniement ministériel en cas de "pacte" entre socialistes et écologistes. Mardi 31 mars, lors des questions au gouvernement, il tend explicitement la main aux Verts :
"Madame Pompili, la place des écologistes, elle est dans la majorité (...). La porte est ouverte, la main est tendue." M. Valls #remaniement
— fabien magnenou (@fmagnenou) March 31, 2015
Le même jour, Cécile Duflot déclare dans Le Monde que "le logiciel du Premier ministre est périmé". Mais la donne pourrait changer : samedi 4 avril, les écologistes hollando-compatibles, parmi lesquels Jean-Vincent Placé, François de Rugy et Véronique Massoneau, organisent "un grand rassemblement" d'écologistes pour faire entendre leur voix.
"Il est urgent qu'EELV retourne au gouvernement"
Les écologistes peuvent-ils rester à l'écart du gouvernement jusqu'en 2017 ? Certainement pas, selon le député du Rhône François-Michel Lambert. "Il est urgent que les écologistes retournent au gouvernement, sur la base d'un pacte et d'engagements concrets", indique-t-il à francetv info. Comme ses collègues pro-Hollande, François-Michel Lambert estime qu'EELV peut s'accommoder de la ligne sociale-libérale défendue par Manuel Valls et Emmanuel Macron. Sur la loi de transition énergétique, la loi biodiversité ou la loi santé, "l'équilibre est plutôt bon". "On ne peut pas imposer toute notre vision. Nous devons comprendre qu'il y a des compromis à faire, et continuer à argumenter pour faire progresser nos idées."
Je ne veux pas que les écologistes finissent comme la fable "Le Héron" de La Fontaine, empêchés d'avancer parce qu'on voudrait aller trop loin.
Avant la session de questions au gouvernement, le coprésident du groupe EELV à l'Assemblée nationale, s'est ainsi dit ouvert à "une discussion" en vue d'un remaniement.
Duflot refuse, De Rugy y songe. "Nous sommes disponibles pour avoir une discussion." #remaniement pic.twitter.com/4HcqR6lZBt
— fabien magnenou (@fmagnenou) March 31, 2015
Ce "pacte" promis par le Premier ministre laisse bon nombre de cadres sceptiques. Michèle Rivasi, députée européenne EELV, pose d'emblée "des lignes rouges" autour lesquelles il n'est pas de compromis possible : abandon des "grands projets inutiles" (l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le Center Parcs de Roybon, la ligne TGV Lyon-Turin), l'inscription de 2025 comme date-limite pour la réduction à 50% de la part du nucléaire dans l'énergie en France, la fermeture de la centrale de Fessenheim, etc. "Pour l'instant, le PS n'a pas fait de concessions à la hauteur de nos attentes", assène-t-elle.
"On tente de réunir la carpe, le lapin et la poule"
La réunion de samedi, ouverte à d'autres partis comme Cap21 et Génération Ecologie, accueillera Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'EELV qui tente de recoller les morceaux. En revanche, elle comptera une absente de taille : Cécile Duflot. Michèle Rivasi ne fera pas non plus le déplacement. "Pour moi, tous ces gens seront incapables de s'entendre, glisse-t-elle. Qu'ont-ils en commun ? On tente de réunir la carpe, le lapin et la poule." L'élue européenne assure que "les opportunistes tentés de rallier le gouvernement" sans le soutien d'EELV, et donc des militants, "seraient exclus du parti".
Les postes ministériels qu'on pourrait nous proposer devraient faire bouger les lignes. Le Logement et le Développement, ça n'a pas marqué. Peut-être que Ségolène Royal pourrait trouver un autre ministère ?
Le parti, les pro-Hollande tentent justement de s'en affranchir. "Arrêtons de se soumettre à un parti, affirme François-Michel Lambert. Samedi, ce sera le plus grand rassemblement de têtes d'affiche de tous les partis écologistes de gouvernement." S'il parvenait à un accord avec la majorité actuelle, François-Michel Lambert se contenterait d'un secrétariat d'Etat rattaché à l'Economie, et d'un secrétariat d'Etat "d'accompagnement" auprès de Ségolène Royal. A trois jours du rassemblement d'écologistes, le député du Rhône met la pression sur les réticents : "Ou bien tout EELV vient dans ce rassemblement, ou bien le parti disparaît."
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