Paris-Pékin : le grand écart
"Pendant les Jeux olympiques, on n’attise pas les conflits, au contraire on essaie de les apaiser", a plaidé l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour défendre le voyage controversé de Nicolas Sarkozy à Pékin. Un voyage express d'une dizaine d'heures au cours duquel le président assistera à la cérémonie d'ouverture et s'entretiendra avec son homologue chinois Hu Jintao pour évoquer de "nouveaux projets" communs. Entre deux promesses de contrats, Nicolas Sarkozy a assuré les défenseurs des droits de l'Homme qu'il transmettrait une liste de dissidents à Hu Jintao, au nom de l'UE. "C'est grotesque de prétendre qu'il va pouvoir, entre deux portes, plaider la cause des dissidents" a réagi Jean-Louis Bianco, vice-president (PS) du groupe d'étude sur le Tibet à l'Assemblée nationale.
"Les droits de l'Homme ne sont pas un détail" avait déclaré il y a quelques mois Nicolas Sarkozy, qui s'est gardé d'aborder la question dans son entretien avec l'agence Chine nouvelle publié hier. Dans cette interview, le président français célébrait au contraire "l'amitié historique, indéfectible et inébranlable" entre Paris et Pékin. La préfecture de police de Paris a interdit toute manifestation de défense des droits de l'Homme aux alentours de l’ambassade de Chine aujourd'hui et demain. Fustigeant des "compromissions", l’organisation Reporters sans frontières, fer de lance des protestations, conteste cette décision devant la justice.
"Ce n'est pas à la Chine de fixer mon agenda" s'indignait aussi le président après des declarations de l'ambassadeur de Chine à Paris au sujet d'une éventuelle rencontre du chef de l'Etat avec le Dalaï lama. Indignation de courte durée : Nicolas Sarkozy ne rencontrera pas le chef spirituel des Tibétains la semaine prochaine, "à sa demande", selon l'Elysée. Si ce n'est lui, c'est donc son... épouse : Carla Bruni sera symboliquement déléguée à une cérémonie religieuse présidée par le Dalaï lama fin août. Pour Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, "ceci illustre une période de confusion des genres dans la politique étrangère de la France". Et de prévenir : "avec ce type d'attitude confuse et sans courage, on finit par perdre sur tous les tableaux". Même celui des médailles ?
Anne Jocteur Monrozier
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