"Foutoir géant", "bande d'extrémistes"... Malgré les critiques, LFI assure que le drapeau palestinien sera brandi à l'Assemblée "tant qu'il n'y aura pas de cessez-le-feu à Gaza"

Une semaine après Sébastien Delogu, la députée Rachel Keke a agité un drapeau palestinien lors de la séance des Questions au gouvernement dans l'hémicycle, provoquant une suspension de séance.
Article rédigé par Victoria Koussa
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La députée française Rachel Keke (groupe La France Insoumise) brandit un drapeau palestinien pour alerter sur la situation en Palestine et le conflit israélo-palestinien lors de la séance publique de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale à Paris, France le 4 juin 2024. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

La question palestinienne s'est de nouveau invitée à l'Assemblée nationale, mardi 4 juin. Plusieurs députés de gauche se sont d'abord assis dans les tribunes habillés en noir, rouge, blanc et vert, les couleurs du drapeau palestinien lors de la séance des questions au gouvernement, avant que la députée LFI Rachel Keke ne brandisse un drapeau, provoquant une suspension de séance.

Et peu importe le rappel à l'ordre avec inscription au procès verbal, et le risque d'une plus lourde sanction, l'Insoumise Rachel Kéké soutient "que la lutte continue". Sébastien Delogu, également député Insoumis, a déjà été exclu 15 jours pour avoir brandi le drapeau palestinien la semaine dernière.

Un nouvel épisode qui exaspère à droite et au sein de la majorité. Comme quand la patronne de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet cherche à mesurer ses mots après ce nouvel épisode en pleine guerre entre le Hamas et Israël : "Ce n'est pas le lieu de cette expression-là. On n'est pas dans un match de foot, on n'est pas dans un meeting, on n'est pas dans un théâtre", a-t-elle dit. Après avoir rappelé le règlement : "L'hémicycle est le lieu du débat, le lieu du débat démocratique et l'expression des parlementaires s'effectue exclusivement à l'oral".

Une "bande d'extrémistes dangereux"

D’autres n'hésitent pas à cogner fort contre La France Insoumise comme le président des républicains Eric Ciotti. "Les Insoumis sont un problème, estime-t-il. Il faut mettre un coup d'arrêt aux outrances, aux violences, aux provocations. La République ne peut pas se laisser marcher dessus par une bande d'extrémistes dangereux, qui ne respectent rien". 

Son collègue LR Pierre-Henri Dumont renchérit : "Ce que font aujourd'hui les députés de l'extrême gauche Insoumise, c'est transformer l'Assemblée nationale en foutoir géant à but électoraliste pour s'attirer les voix, dans quelques jours, d'une minorité, d'une population de confession musulmane qu'ils sont en train de radicaliser. Et c'est absolument indigne de la fonction de député".

Quant à la question des sanctions, la polémique enfle également : la législature actuelle a prononcé 109 sanctions, c'est plus que le total des sanctions depuis le début de la Ve République en 1958. La grande majorité concerne des députés insoumis. Depuis 1958, la sanction maximale a été prononcée quatre fois, dont trois depuis juin 2022, à l'encontre de Grégoire de Fournas (RN), Thomas Portes (LFI) et Sébastien Delogu (LFI). Pour rappel, il n'existe que quatre sanctions à l'Assemblée nationale : le rappel à l'ordre, le rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal, la censure, et la censure avec exclusion temporaire. Les deux premières peuvent être prononcées par le président de séance, les deux autres doivent être proposées par le Bureau, puis votées dans l'hémicycle.

Mais LFI assure défendre la voix de la France en étant du côté des opprimés. Pas question de ranger le drapeau palestinien, assure la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot : "Nous disons à Yaël Braun-Pivet qu'ils pourront nous sanctionner autant qu'ils le voudront, nous ne nous tairons pas. Le drapeau palestinien est entré dans l'Assemblée, il n'en ressortira pas tant qu'il n'y aura pas de cessez-le-feu à Gaza".

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