Motions de censure contre le gouvernement : en Arabie saoudite, Emmanuel Macron tient la crise politique à distance
Alors que Michel Barnier est l'invité des journaux télévisés de 20h sur TF1 et France 2, madi 3 décembre, on saura dans la matinée, quand seront débattues les motions de censure de la gauche et du Rassemblement national. Pendant ce temps-là, les yeux déjà tournés vers Emmanuel Macron qui a entamé, lundi soir, une visite de 48h en Arabie saoudite pour nouer de nouveaux partenariats internationaux, même si tout porte à croire que Michel Barnier va être renversé. Se pose déjà la question de trouver un nouveau Premier ministre, mais loin de l'Assemblée nationale, le président feint d'ignorer la crise politique.
Emmanuel Macron a été reçu avec tous les honneurs d’une visite d’Etat, avec pour débuter le son des traditionnels coups de canon et une limousine entourée des chevaux de la garde royale. Quand Michel Barnier a déclenché le 49.3, le président était dans l’avion, mais il a tout suivi de très près. "Leurs échanges sont constants", balaye un proche. "La seule chose que le président souhaite, c’est la stabilité", assure l'entourage d’Emmanuel Macron, appelant les oppositions "à la responsabilité".
Le programme de la visite d'Etat réaménagé
Le programme de mardi a connu quelques modifications : la visite du métro aérien de Riayd a été annulée, sans autre explication que l’absence imprévue du patron d’Alstom. Impossible pour les journalistes de suivre la déambulation du président à Diriyah, au cœur du pouvoir saoudien.
Tout cela ressemble à une contre-programmation un peu décalée, au risque pour le président d’apparaître déconnecté. Emmanuel Macron compte jouer les VRP. Il participera à un sommet pour la préservation de l'eau dans le désert, vantera l’attractivité de la France, mettant en avant "sept ans de réformes", assume l’Élysée. Enfin, un discours en clôture d’un forum d’affaires devant des investisseurs est attendu en présence d'une cinquantaine de chefs d’entreprise, comme Xavier Niel, le patron de Free dans la délégation.
Le contraste est saisissant quand le Premier ministre alerte sur le KO gouvernemental, mettant en balance la responsabilité ou un rendez-vous "en terre inconnue". Emmanuel Macron prétend parfaire sa stature internationale comme s'il avait la tête ailleurs.
"Ça peut lui permettre de reprendre la main"
Pourtant, la crise politique, Emmanuel Macron va bien devoir s’y atteler. Certains accusent le président d’être le responsable de cette crise politique et puis, si le gouvernement est renversé, c’est lui qui devra nommer un nouveau Premier ministre. "Macron sera toujours considéré comme le principal responsable", reconnaît un soutien. Après avoir appelé à la stabilité, l’Elysée temporise : pas de commentaire officiel et retour mercredi soir à Paris.
Cinq ministres, plutôt des fidèles, figurent dans la délégation, dont le ministre des Armées Sébastien Lecornu, dont le nom circule comme d'autres pour entrer à Matignon. "Macron peut ressusciter" se persuade un ami qui l'incite à "accélérer, passer à la vitesse supérieure". En coulisses, certains proches craignent que l’échec de Michel Barnier soit aussi et surtout l’échec du président. "Il a tenté", se désole un membre de sa garde rapprochée. "Il a cassé son jouet, il faut qu’il le répare", admet un autre. "Ça peut lui permettre de reprendre la main, espère un ami. Sinon, il faudra qu’il démissionne".
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