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"Si on recule, on ne va jamais s'en sortir": les propos de Yaël Braun-Pivet sur la réforme des retraites provoquent l'embarras chez les députés de la majorité

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s'oppose publiquement à une réforme des retraites par amendement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Sa déclaration fait grincer des dents au sein de la majorité.

Article rédigé par franceinfo - Victoria Koussa
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'Assemblée nationale, le 2 août 2022. (PH LAVIEILLE / MAXPPP)

Après les réserves de François Bayrou contre le passage en force possible sur la réforme des retraites, au tour de la présidente de l'Assemblée nationale, une figure de la majorité, de s'opposer à cette idée : sur franceinfo jeudi 22 septembre au matin, Yaël Braun-Pivet assure qu'il "faut faire" la réforme des retraites, mais qu'il faudra "prendre le temps de la concertation" et "du travail approfondi." En clair, elle ne souhaite pas que la réforme des retraites passe par un amendement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Ces déclarations sont un véritable pavé dans la mare pour la majorité et font éclater au grand jour les divisions.

Certains députés tentent néanmoins de minimiser. C'est le cas par exemple du député de Paris, David Amiel : "Je crois que c'est une contribution au débat, il y en a eu plusieurs dans les derniers jours, il y en aura d'autres dans les jours qui viennent..." Comme l'ancien conseiller d'Emmanuel Macron à l'Elysée, Mathieu Lefèvre, député du Val-de-Marne veut montrer que le débat est ouvert, mais que les troupes sont solides : "Sur la méthode, la présidente a raison de s'exprimer, c'est son rôle institutionnel. Nous, au groupe Renaissance, quelle que soit la méthode retenue, nous serons prêts."

Le calendrier de la réforme au cœur des interrogations

Pourtant, hors micro, des parlementaires s'agacent. Un pilier de la majorité assure avoir reçu de nombreux textos de parlementaires remontés par l'interview de la présidente de l'Assemblée : "Si on recule, on ne va jamais s'en sortir", craint-il. Et pour le député de Paris Benjamin Haddad, il faut aller vite : "On a un débat qui est important sur ce calendrier de la réforme. Mais le plus important, c'est de faire cette réforme !"

"Les Français ne s'intéressent pas à savoir si on va en faire un amendement ou un texte plus tard... La question, c'est qui aura fait cette réforme pour les générations futures."

Benjamin Haddad, député de Paris

Cet avis est partagé par Sylvain Maillard, le vice-président du groupe "Chacun sur ses territoires, ou son histoire, peut se dire que peut-être, il faut faire cette réforme tout de suite ou plus tard : il n'y a pas de vérité absolue. A un moment, il faut faire cette réforme : est-ce que ce sera plus simple dans trois mois ou plus difficile maintenant ? Honnêtement, c'est au gouvernement de nous le dire. En tout cas, le groupe sera prêt."

Une décision d'ici la fin de semaine

Cette ligne est d'après certains majoritaire en interne. Pourtant, l'idée de passer par amendement a du plomb dans l'aile : "Ça commence à devenir compliqué", admet une cadre de la majorité. François Cormier-Bouligeon fait partie de ceux qui partagent la ligne de Yaël Braun-Pivet. D'après cet ex-socialiste, le débat prend aujourd'hui une autre tournure : "Il est en train d'évoluer et c'est vrai que le fait que la présidente de l'Assemblée ajoute sa voix à la nôtre finit par peser. Il faut qu'on prenne le temps de la concertation et qu'on ait un véhicule législatif plus construit."

L'heure de trancher va maintenant arriver vite. Mercredi 21 septembre, Elisabeth Borne a reçu les présidents de groupe à Matignon, elle leur a alors annoncé qu'elle prendrait sa décision en fin de semaine. Et le projet de budget de la sécurité sociale sera présenté lundi 26 en Conseil des ministres.

Les propos de Yaël Braun-Pivet sur la réforme des retraites provoquent l'embarras chez les députés de la majorité- le reportage de Victoria Koussa

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