ENTRETIEN. Comparé au collaborationniste Jacques Doriot, Fabien Roussel appelle "au respect et au dialogue" pour que "la gauche gagne et l'emporte"

Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) appelle les Insoumis Sophia Chikirou et Jean-Luc Mélenchon "au dialogue" et "au débat respectueux", après leurs attaques sur les réseaux sociaux. Il répond aux questions de franceinfo.
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Le secrétaire national du Parti communiste Français (PCF), Fabien Roussel, le 26 août 2023. (FREDERICK FLORIN / AFP)

"En aucune manière, dans notre pays, le débat politique doit être rabaissé à ce niveau-là, c'est extrêmement dangereux", affirme Fabien Roussel, jeudi 21 septembre. Très touché par les attaques de Sophia Chikirou et Jean-Luc Mélenchon sur leurs pages Facebook, le patron des communistes appelle malgré tout "au rassemblement" pour "que la gauche gagne et l'emporte".

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La députée insoumise de Paris a relayé mercredi sur sa page Facebook la publication d'un compte militant qui estime que Roussel vise à travers son discours "l'électorat de Marine Le Pen et d'Eric Zemmour". Sophia Chikirou y fait un parallèle entre le collaborationniste Jacques Doriot et Fabien Roussel, en écrivant : "Il y a du Doriot dans Roussel". Jacques Doriot, exclu du Parti communiste français en 1936, avait fondé le Parti populaire français, ouvertement fasciste et collaborationniste. Le leader de LFI, Jean-Luc Mélenchon, a lui-même repris cette comparaison en la partageant sur sa propre page Facebook. 

franceinfo : "Il y a du Doriot dans Roussel", comment réagissez-vous à ces propos ?

Fabien Roussel : C'est grave, c'est un appel à la haine. Je leur demande de mesurer la dangerosité de leurs propos. En aucune manière dans notre pays, le débat politique ne doit être rabaissé à ce niveau-là, c'est extrêmement dangereux. Ensuite, je voudrais tout simplement appeler au dialogue, au débat respectueux, serein, au débat que l'on devrait avoir entre tous les responsables politiques, mais aussi encore plus entre les forces de gauche. On doit avoir un minimum de respect entre nous. Et s'en prendre comme ça à un dirigeant du PCF, en connaissant l'engagement qui a été le nôtre pendant la guerre, dans la Résistance, contre le nazisme, c'est extrêmement grave, méprisant, et cela heurte énormément de monde chez les communistes et chez beaucoup de responsables de gauche.

Pourquoi est-ce dangereux ?

C'est dangereux parce que c'est un appel à la violence, c'est un appel à la haine. Me comparer à un nazi, c'est inciter à ce que des gens qui ont des problèmes psychiatriques m'agressent dans la rue. Le rassemblement, l'union ne peut pas se faire quand les insultes sont à ce niveau-là. On ne peut pas accepter cela.

Est-ce que l'on a atteint un point de non-retour après ces insultes ?

Au contraire, je pense que c'est l'occasion pour moi, pour nous, peut-être pour toutes les forces de gauche et de progrès, de rappeler quelles sont les règles de l'union et du rassemblement. Et ces règles, c'est d'abord se respecter, ne jamais s'insulter. C'est respecter nos différences. Et ces différences, elles doivent faire l'objet de débats, de débats avec les Français, de débats entre nous, mais ne jamais laisser place à l'invective et aux injures, aux insultes. J'ai une haute exigence de l'union et du rassemblement. Et si l'union est un combat, eh bien ! ce combat, on doit le mener sur les idées. C'est ce à quoi j'appelle aujourd'hui, que l'on bannisse les insultes, les injures, les calomnies et que, au contraire, ce rassemblement et cette union puissent se faire sur la base du respect et du dialogue entre nous, sur des sujets forts qui préoccupent nos concitoyens comme le pouvoir d'achat et la vie chère, sans pour autant porter atteinte à nos intégrités, sans pour autant appeler à la haine et à la violence. J'appelle l'ensemble des responsables politiques de gauche, des forces de progrès, à respecter ces règles et à demander à ce qu'elles soient respectées, à ne pas accepter ces insultes odieuses de la part de Jean-Luc Mélenchon, de Sophia Chikirou. Moi, je veux le rassemblement, je veux l'union pour que la gauche gagne et l'emporte.

Ils vous reprochent, avec vos propositions, d'aller frapper à la porte des électeurs du Rassemblement national. Que leur répondez-vous ?

Ils devraient, au contraire, se féliciter que nous nous fixions comme objectif de faire baisser le Front national. C'est ce que j'essaye de faire et je le fais sur la base des idées, du contenu. C'est là-dessus que l'on doit faire la différence. Et je leur rappellerai, que sur le fond des idées, sur le programme que nous portons, celui des "Jours heureux", nous n'avons jamais cédé et nous avons toujours défendu les valeurs des forces de gauche et de progrès. Et c'est ça qui doit primer avant tout.

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