Cet article date de plus de neuf ans.

Pétain, l'immigration et la République : Le Pen mis au ban du FN

L'entretien de Jean-Marie Le Pen à Rivarol n'est pas vraiment passé inaperçu... et lui coûte sa candidature à la région Paca, annonce sa fille. "Des décisions seront prises", assurait un peu plus tôt Florian Philippot, vice-président du FN, qui parlait de "rupture totale et définitive" avec lui.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (©)

Quand Jean-Marie Le Pen règle ses comptes avec son propre parti, ça donne un entretien à Rivarol , et une belle polémique quasi-immédiate. Le Front national, on le sait, est une histoire de famille - et dans toute famille, les mots fusent, parfois un peu vivement.

Il y a eu récemment l'affaire du "détail de l'Histoire" des chambres à gaz, qui est paraît-il restée en travers de la gorge de sa fille Marine : "Il a décidé de me faire chier jusqu'au bout !" , s'est-elle écriée, selon le Canard enchaîné . A l'époque, sa candidature à la région Paca était encore d'actualité.

Vers une exclusion du FN ?

C'en est fini, depui ce mercredi matin : Marine Le Pen a fait savoir, dans un communiqué, qu'elle s'opposait à la candidature de son père en Paca. "Jean-Marie Le Pen semble être entré dans une véritable spirale entre stratégie de la terre brûlée et suicide politique. Compte-tenu de cette situation, j'ai informé Jean-Marie Le Pen que je m'opposerai, lors du bureau politique du 17 avril prochain qui doit investir les têtes de listes pour les élections régionales, à sa candidature en Paca"

Et Marine Le Pen d'ajouter : "Son statut de président d'honneur ne l'autorise pas à prendre le Front national en otage, de provocations aussi grossières dont l'objectif semble être de me nuire mais qui, hélas, portent un coup très dur à tout le mouvement, à ses cadres, à ses candidats, à ses adhérents, à ses électeurs" .

Les choses ne devraient pas en rester là d'ailleurs. Selon le député Gilbert Collard, proche de la présidente :  "De lui-même, en s'attaquant, dans un journal hostile, à Marine, à nos idées, il a pris le parti de s'exclure".

Le Pen, "c'est un vieil acteur qui récite un vieux texte usé, anachronique, c'est pathétique", dénonce Gilbert Collard, député du Rassemblement Bleu marine.

C'est donc un entretien qui a mis le feu aux poudres. Quelques extraits ont été diffusés, dans lesquels Le Pen réhabilite le maréchal Pétain : "On a été très sévère avec lui à la Libération" . Il s'en prend aussi à Manuel Valls : "Nous sommes gouvernés par des immigrés (...) Je n'ai rien contre le fait que Valls ait les mêmes droits civiques que moi mais cela ne lui donne pas l'autorisation de me donner des conseils" . Il s'en prend aussi à la République : "Je comprends tout à fait qu'on mette en cause la démocratie, qu'on la combatte" .Et Jean-Marie Le Pen finit par une attaque en règle de son propre parti. Dans sa ligne de mire, Florian Philippot, vice-président du FN, transfuge des chevènementistes : "L'influence chevènementiste, si elle continue de s'exercer, est nuisible".

Rupture "définitive"

A partir de là, les chevaux étaient lancés. Plus moyen de les arrêter... Florian Philippot, directement mis en cause, parlait sur Twitter, de rupture "définitive " :

Un peu plus tôt, son camarade Louis Aliot, lui aussi vice-président - et compagnon de Marine Le Pen - avait vivement réagi. Sur le même ton : "l'entretien de JMLP dans ce torchon antisémite est parfaitement scandaleux et nos désaccords politiques désormais irréconciliables".

"Le Pen dit tout haut ce que beaucoup au FN pensent"

Désaccords, vraiment ? Jean-Christophe Cambadélis, le numéro un du Parti socialiste, a publiquement rappelé que "Jean-Marie Le Pen dit tout haut ce que nombre de responsables, de militants et même d'électeurs du FN pensent" . Et d'attaquer : "Derrière tout cela, il y a un débat qui est aussi politique: est-ce qu'il faut garder la spécificité de l'extrême droite ou la cacher pour gagner des élections? Marine Le Pen a choisi de le cacher, Jean-Marie Le Pen de l'affirmer, je leur laisse le débat" .   Débat pas tranché, donc. Louis Aliot, lui, préfère riposter à Cambadélis sur le terrain historique. 

 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.