Violences contre des Roms : "Il y a un complotisme local qui continue d’être alimenté sur les réseaux sociaux"
"Il n'y a aucun fait avéré", a assuré le maire de Sarcelles, Patrick Haddad, mardi sur franceinfo alors qu'une rumeur assurait sur les réseaux sociaux que des personnes de la communauté rom enlevaient des enfants.
"Il y a un complotisme local qui continue d'être alimenté sur les réseaux sociaux", a déploré mardi 26 mars sur franceinfo Patrick Haddad, maire de Sarcelles (Seine-Saint-Denis), après que des expéditions punitives ont été menées dans sa commune contre des squats habités par la communauté rom. Les attaques ont été commises dans la nuit de lundi à mardi, par des individus armés de bâtons.
Une vingtaine de personnes ont été interpellées dans plusieurs communes du département. Ces faits font suite à une rumeur qui circule dans le département depuis quelques jours et qui a été abondamment relayée sur les réseaux sociaux, selon laquelle des personnes de la communauté rom tenteraient d’enlever des enfants et des adolescents, à bord d'une camionnette. "Il n'y a aucun fait avéré", affirme le maire de Sarcelles.
franceinfo : Comment en est-on arrivé à des attaques contre la communauté rom ?
Patrick Haddad : Cela a commencé la semaine dernière. Tout est parti d’une main courante déposée au commissariat. Une jeune femme a été visiblement appelée depuis une voiture par des gens qui l’interpellaient, qui l'embêtaient, qui peut-être la harcelaient. Elle a déposé une main courante au commissariat mais sur des faits qui ne s'apparentaient pas du tout à une tentative d'enlèvement. A partir de là, la rumeur a enflé sur le fait qu’il y aurait des tentatives d’enlèvements à des fins de prostitution d'enfants et à des fins de trafic d’organes. Il y a eu des vidéos partagées des centaines de fois. Au début, j'ai regardé cela avec un peu de stupeur et quand j'ai vu que cela s’amplifiait, que les habitants m’interpellaient, j'ai fait un communiqué publié sur la page Facebook de la Ville. J’ai aussi demandé à ce qu'il soit affiché dans l’ensemble des écoles puisque l’inquiétude était au niveau des parents d’élèves et des jeunes.
Comment avez-vous fait pour déminer cette rumeur ?
J’ai vérifié grâce à des sources policières. J’ai eu la commissaire tous les jours, il n’y a aucun fait avéré, aucun dépôt de plainte et, plus encore, il n’y a aucun enfant manquant ! Quand on a un enlèvement, il faut qu’il y ait une personne disparue ! Il n’y a même pas un dépôt de plainte. Les seules plaintes sont arrivées après. Aujourd’hui, ça prend des proportions dramatiques.
Y a-t-il des habitants qui remettent en doute le fait que ce ne soit pas fondé ? Qui continuent à avoir des suspicions ?
Absolument. Sur notre page Facebook, il y a des commentaires dans ce sens. La majorité sont tout de même rassurés par le fait que le maire, la commissaire de police et une principale de collège aient le même discours. En revanche, des gens disent qu’ils se couvrent les uns les autres, que les institutions nous mentent... Il y a un complotisme local qui continue d’être alimenté sur les réseaux sociaux, avec des gens qui se cachent derrière des pseudos et qu’on n’arrive pas à identifier. C'est la première fois qu'on voit ça. (...) Si cela continue, nous irons à la rencontre des habitants en faisant des réunions publiques. Quand on voit des gens physiquement, avec des policiers, je pense que ça n’a pas le même effet que d’être derrière son écran à raconter n’importe quoi. (...) Je ne veux pas qu'on soit dans la psychose (...). Il faut que cela retombe maintenant.
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